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nous. Peut-on raisonnablement se plaindre d'être traité soi-même, comme on a traité les autres ? Et de plus, il me serait facile de prouver que Dieu n'agit pas à notre égard, comme nous agissons envers lui, et qu'il a beaucoup plus de douceur pour nous, que nous n'avons pour lui de déférence. Revenons-en toutefois à notre première supposition. Car voici ce que dit le Seigneur: J'ai crié vers vous, et vous ne m'avez point écouté; vous crierez vers moi, et je ne vous exaucerai point. Quoi de plus équitable et de plus juste! nous n'avons point écouté, et l'on ne nous écoute pas; nous n'avons point regardé, et l'on ne nous regarde pas. Quel est, je vous prie, le maître sur la terre qui se contenterait de mépriser ses serviteurs, parce qu'il en aurait été méprisé lui-même ? Et notre mépris envers Dieu ne renferme pas seulement cet outrage attaché au mépris des serviteurs de la terre envers leurs maîtres, car pour eux ce serait la plus grande insolence de ne point exécuter ce qu'on leur ordonne. Nous mettons toute notre étude, tous nos efforts, non-seulement à ne point accomplir les préceptes, mais encore à faire tout le contraire de ce qui nous est ordonné. Dieu nous commande de nous aimer mutuellement; nous nous déchirons par des haines réciproques. Dieu commande à chacun de donner du sien aux indigens; tous envahissent le bien d'autrui. Dieu commande à tout chrétien d'être chaste jusque dans ses regards; quel est celui qui ne se roule point dans la fange des impuretés? Et qu'ajouter de plus? Ce que je vais dire est triste, déplorable. L'Eglise elle-même, qui en tout devrait apaiser Dieu, que faitelle autre chose que l'irriter? Et, si vous exceptez un

et luctuosum est quod dicturus sum. Ipsa Ecclesia, quæ in omnibus esse debet placatrix Dei, quid est aliud quum exacerbatrix Dei? aut præter paucissimos quosdam, qui mala fugiunt, quid est aliud pene omnis cœtus Christianorum, quam sentina vitiorum? Quotum enim quemque invenies in Ecclesia non aut ebriosum, aut helluonem, aut adulterum, aut fornicatorem, aut raptorem, aut ganeonem, aut latronem, aut homicidam ? et quod his omnibus pejus est, prope hæc cuncta 45 sine fine Interrogo enim Christianorum omnium

conscientiam ex his vel flagitiis vel sceleribus quæ nunc diximus, quotus quisque hominum non aliquid est horum? aut quotus quisque non totum? Facilius quippe invenias qui totum sit quam qui nihil. Et quod diximus nihil, nimis forsitan gravis videatur esse censuræ. Plus multo dicam. Facilius invenias reos malorum omnium quam non omnium, facilius majorum criminum quam minorum; id est, facilius qui et majora crimina cum minoribus, quam qui minora tantum 4 sine majoribus perpetrarint. In hanc enim mo

rum probrositatem prope omnis ecclesiastica plebs redacta est, ut in cuncto populo Christiano genus quadammodo sanctitatis sit minus esse vitiosum. Itaque Ecclesias, vel potius templa atque altaria Dei, minoris reverentiæ quidam habent quam cujuslibet minimi ac municipalis judicis domum. Siquidem intra januas non modo inlustrium pote

très-petit nombre qui fuient le mal, qu'est-ce aujourd'hui que l'assemblée entière des chrétiens, sinon un réceptacle de vices? Car, que trouver aujourd'hui dans l'Eglise, sinon des hommes de vin et de bonne chère, des adultères et des fornicateurs, des ravisseurs et des débauchés, des larrons et des homicides? Ce qui est pis encore, presque tous ces vices ne laissent aucun intervalle à la piété. J'en appelle à la conscience des chrétiens; des grands crimes que je viens de signaler, quel est l'homme qui n'ait à s'en reprocher aucun, ou plutôt quel est celui qui ne soit pas coupable de tous? Il est plus facile de trouver, des personnes chez qui dominent tous ces vices, que de rencontrer des hommes qui en soient entièrement exempts. Quand je dis, entièrement exempts, je passerai peut-être pour un censeur trop sévère. Je dirai bien plus. Il est plus facile de trouver des chrétiens abandonnés à tous les désor

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dres, que d'en rencontrer qui ne le soient pas à tous; plus facile d'en voir plongés dans les grands crimes que d'en trouver qui le soient dans les moindres; c'està-dire qu'il est plus ordinaire de remarquer des chrétiens, alliant les plus grands crimes aux simples péchés, que d'en voir qui commettent de simples péchés sans y joindre les grands crimes. Presque tous les enfans de l'Eglise en sont venus à un tel débordement de mœurs, que parmi le peuple chrétien, c'est une sorte de sainteté d'être moins vicieux. Aussi les églises, ou plutôt les temples et les autels de Dieu sont traités par quelques personnes, avec moins de respect que la maison du moindre juge municipal. Tout le monde ne se permet pas indistinctement d'entrer dans les mai

statum, sed etiam præsidum aut præpositorum, non omnes passim intrare præsumunt, nisi quos aut judex vocaverit, aut negotium traxerit, aut ipsa honoris proprii dignitas introire permiserit; ita ut, si quispiam fuerit insolenter ingressus, aut cædatur, aut propellatur, aut aliqua verecundia 47 atque estimationis suæ labe multetur./ In templa autem, vel potius in altaria atque in sacraria Dei, passim omnes sordidi ac flagitiosi sine ulla penitus reverentia sacri honoris inrumpunt, non quia non omnes ad exorandum Deum currere debeant ; sed quia qui ingreditur ad placandum, non debet egredi ad exacerbandum. Neque enim ejusdem officii est, indulgentiam poscere, et iracundiam provocare. Novum siquidem monstri genus est; eadem pene omnes jugiter faciunt quæ fecisse se plangunt. Et qui intrant ecclesiasticam domum ut mala antiqua defleant, exeunt, et quid dico, exeunt ? in ipsis pene hoc orationibus suis ac supplicationibus moliuntur. Aliud quippe ora hominum, aliud corda agunt ; et, dum verbis præterita mala plangunt, sensu futura meditantur; ac sic oratio eorum auctrix est magis criminum quam exoratrix ; ut vere illa in his scripturæ maledictio compleatur, ut de oratione ipsa exeant condemnati, et oratio eorum fiat in peccatum (1), Denique si vult quispiam scire quid in templo hujusmodi

(1) Psal. CVIII. 6.

sons non-seulement des grands de la terre, mais encore des hommes revêtus d'une autorité quelconque. Il faut ou y être appelé par le juge, ou attiré par ses propres affaires, ou introduit à la faveur de son rang; autrement, une entrée si peu respectueuse vous exposerait à être maltraité, à être chassé ignominieusement, ou à ternir votre réputation d'une tache honteuse. Il n'en est pas ainsi des temples ou plutôt des autels et des sanctuaires de Dieu; des hommes tout souillés de crimes s'y précipitent sans aucun respect pour la divine majesté. Tous, il est vrai, doivent courir dans les temples pour fléchir le Seigneur ; mais celui qui y entre pour l'apaiser ne doit pas en sortir pour l'irriter. La même action ne doit pas solliciter l'indulgence et provoquer la colère. Car c'est une chose monstrueuse de faire encore ce qu'on gémit d'avoir fait. On entre dans l'église pour déplorer ses fautes anciennes ; et, au sortir de là, que dis-je? dans les prières même et les supplications, on en commet de nouvelles. Autre chose est sur les lèvres, autre chose est dans le cœur; et, tandis qu'en paroles on pleure les iniquités passées, on en médite de nouvelles dans son ame. La prière ainsi ne fait qu'ajouter au crime, bien loin d'en obtenir le pardon; et alors s'accomplit cette malédiction de l'Ecriture: Qu'ils sortent condamnés, que leur prière devienne un crime. En un mot, si vous voulez savoir à quoi ces hommes ont pensé dans le temple, voyez ce qu'ils font ensuite. Les saints mystères achevés, tous retournent aussitôt à leurs vieilles habitudes : les uns, au larcin; les autres, à l'ivresse; ceux-ci, à la fornication; ceux-là, au brigandage. Alors il devient manifeste qu'ils méditaient,

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