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sages du paganisme admis peut-être au nombre des élus. Nous allons donc prouver qu'ils n'ont jamais formé ces doutes injurieux à la Providence; eux cependant qui étrangers à la vraie religion, ne pouvaient connaître Dieu d'aucune manière, parce qu'ils ignoraient la loi qui en donne la connaissance. Pythagore, que la philosophie elle-même a toujours admiré comme son maître, s'exprime ainsi quand il parle de la nature et des bienfaits de Dieu : C'est une ame répandue dans tous les êtres de la nature et dont tous les animaux sont tirés (1).

Comment dire après cela que Dieu néglige le monde? N'est-ce pas l'aimer assez que de se répandre dans toutes les parties de ce vaste corps? Platon et ses disciples regardent Dieu comme le modérateur de toutes choses. Les Stoïciens le comparent à un sage pilote veillant sans cesse au vaisseau qu'il dirige. Quelle idée plus juste et plus religieuse pourraient-ils nous donner de l'amour et de la vigilance de Dieu que de l'assimiler à un pilote? Voulant sans doute nous faire entendre que, semblable au pilote qui sur mer n'abandonne jamais son gouvernail, Dieu de son côté prend un soin continuel des choses de la terre. Le pilote examine les vents, évite les écueils, considère les astres, et consacre à son emploi toutes les puissances de son corps et de son esprit. Tel est le Créateur jamais il ne détourne de l'univers ses regards paternels, jamais sa bienveillance ne cesse d'y répandre des bienfaits, jamais on ne voit sa bonté en interrompre le cours. Aussi Virgile, en rappelant à ce

(1) Cicéron, Nature des Dieux, I. XI. t. XXV, édit. in-8 de J. Le Clerc.

ticæ auctoritatis exemplum, quo se non minus philosophum Maro probare voluit quam poetam, dicens :

Deum namque ire per omnes

Terrasque tractusque maris cœlumque profundum (1). Tullius quoque: Nec vere Deus ipse, inquit, qui intelligitur a nobis, alio modo intelligit potest, quam mens soluta quædam et libera et segregata ab omni concretione mortali, omnia sentiens et movens (2). Alibi quoque: Nihil enim inquit, præstantius Deo. Ab eo igitur mundum regi necesse est. Nulli igitur naturæ obediens aut subjectus Deus. Omnem ergo regit ipse naturam. Nisi forte nos videlicet sapientissimi ita sentiamus, ut eum a quo omnia regi dicimus, et regere simul et negligere credamus. Cum ergo omnes, etiam religionis expertes, vi ipsa et quadam necessitate compulsi, et sentiri omnia a Deo et moveri et regi dixerint, quomodo nunc eum incuriosum quidam ac negligentem putant, qui et sentiat omnia per subtilitatem, et moveat per fortitudinem, et regat per potestatem, et custodiat per benignitatem?

Dixi quid de majestate ac moderamine summi Dei principes et philosophiæ simul et eloquentiæ judicarint. Ideo autem nobilissimos utriusque excellentissimæ artis magistros protuli, quo facilius vel omnes alios idem sensisse, vel certe sine auc

(1) Virgil. Georg. lib. IV.

(2) Cicero. lib. I, Quæst. Tuscul. cap. XXVII.

sujet les opinions mystérieuses des sages de l'antiquité, se montre non moins philosophe que poète.

Dieu remplit, disent-ils, le ciel, la terre et l'onde.

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(DELILLE.)

Cicéron dit aussi : Dieu lui-même ne se présente à nous que sous cette idée d'un esprit pur, sans mélange, dégagé de toute matière corruptible, qui connaît tout, qui meut tout. Et ailleurs: Rien n'est au dessus de Dieu. Il gouverne donc nécessairement le monde; il n'est donc ni dépendant de la nature, ni soumis à ses lois; il en est donc le souverain universel. A moins que nous n'allions croire dans notre orgueilleuse sagesse que celui qui régit toutes choses, les gouverne et les néglige à la fois. Si donc ces sages illustres, sans être éclairés des lumières de la vraie religion, entraînés par je ne sais quelle irrésistible nécessité, n'ont pu s'empêcher d'avouer que Dieu connaît, meut et régit toutes choses, se trouvera-t-il encore des hommes qui l'accusent de ne point se mêler des affaires humaines, lorsqu'il les connaît par sa prescience, les meut par sa force, les régit par sa puissance, et les conserve par sa bonté?

Voilà ce que les princes de la philosophie et de l'éloquence humaine ont pensé de la grandeur et de la providence de Dieu. J'ai cité à dessein ceux qui ont excellé dans ces deux arts sublimes, afin de montrer plus facilement que tous les autres ont été du même sentiment, ou du moins que des opinions contraires ne portent sur aucune aucune autorité. Et certes, il serait difficile de rencontrer des philosophes qui pensent autrement de

toritate aliqua dissensisse monstrarem. Et sane invenire aliquos, qui ab istorum judicio discrepaverint, præter Epicureorum vel quorumdam Epicurizantium deliramenta, non possum ; qui sicut voluptatem cum virtute, sic Deum cum incuria ac torpore junxerunt, ut appareat eos qui ita sentiunt, sicut sensum Epicureorum atque sententiam, ita etiam vitia sectari.

Non puto quod ad probandum nunc rem tam perspicuam etiam divinis uti hoc loco testimoniis debeamus; maxime quia sermones sacri ita abunde et evidenter cunctis impiorum propositionibus contradicunt, ut dum sequentibus eorum calumniis satisfacimus, etiam ea quæ supra dicta sunt plenius refutare possimus. Aiunt igitur a Deo omnia prætermitti, quia nec coerceat malos, nec tueatur bonos, et ideo in hoc seculo deteriorem admodum statum esse meliorum, bonos quippe esse in paupertate, malos in abundantia; bonos in infirmitate, malos in fortitudine; bonos semper in luctu, malos semper in gaudio; bonos in miseria et abjectione, malos in prosperitate et digni7tate./Primum igitur ab iis qui hoc ita esse vel dolent vel accusant, illud requiro, de sanctis hoc, id est, de veris ac fidelibus Christianis, an de falsis et impostoribus doleant. Si de falsis, superfluus dolor, qui malos doleat non beatos esse; cum utique quicumque mali sunt, successu rerum deteriores fiant, gaudentes sibi nequitiæ studium

Dieu, excepté les Épicuriens et leurs sectateurs qui, dans leurs folles rêveries, alliant la volupté avec la vertu, croient pouvoir allier aussi l'incurie et l'indolence avec la Divinité. Il faut, pour penser de la sorte, partager non-seulement les idées des Épicuriens, mais encore

leurs excès et leurs vices.

Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'employer ici les divins témoignages de l'Écriture pour prouver une vérité si incontestable; alors surtout que les pages saintes contredisent manifestement les sacriléges prétentions des impies; de sorte qu'en répondant aux calomnies qu'ils avanceront plus tard, nous pouvons réfuter abondamment les erreurs dont il a été parlé déjà. Dieu, disentils, laisse aller toutes choses à l'aventure, parce qu'il ne réprime pas les méchans et ne protége pas les bons, et ainsi dans ce monde la condition des gens de bien est la plus déplorable; car, les bons vivent dans la pauvreté, les méchans dans l'abondance; les bons, dans la faiblesse, les méchans, dans la force; les bons, toujours dans le deuil, les méchans, toujours dans la joie; les bons, dans la misère et l'abjection, les méchans, dans la prospérité et les honneurs. Et d'abord, je demande à ceux qui de là prennent occasion ou de plaindre le sort des gens de bien, ou d'accuser la Providence, si ces plaintes ont pour objet les saints, c'est-à-dire, les vrais et fidèles chrétiens, ou bien les faux chrétiens et les imposteurs. Sont-ce les faux chrétiens? Vaine compatissance que celle qui déplore l'infortune des méchans! La prospérité ne fait que les endurcir, ravis qu'ils sont de voir leur

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