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jetée dans la boue? Pour appliquer ces paroles à notre sujet, un nom saint sans vertus, qu'est-ce autre chose qu'une pierre précieuse jetée dans la boue? La parole sacrée l'atteste aussi dans les livres divins quand elle dit: La beauté d'une femme sans pudeur est comme un collier d'or au cou de l'animal immonde. Le titre de chrétien est pour nous comme un ornement précieux; si nous en faisons mauvais usage, nous ressemblons à des animaux immondes affublés d'une parure d'or. Enfin, si vous voulez vous convaincre encore plus que les titres ne sont rien sans les choses, considérez combien de peuples ont vu s'éteindre leurs noms, dès qu'ils ont dégénéré de leur ancienne vertu. Les douze tribus d'Israël ayant été choisies de Dieu reçurent deux noms saints, elles furent appelées le peuple de Dieu, et Israël.Nous lisons: Écoute, mon peuple, et je parlerai; Israël, je te rendrai témoignage. Les Juifs avaient donc autrefois ces deux titres; aujourd'hui ils n'ont ni l'un ni l'autre. Car, elle ne doit plus être appelée peuple de Dieu, la nation qui, depuis long-temps, a abandonné son culte; ni voyant Dieu, puisqu'elle a renié le fils de Dieu, selon qu'il est écrit: Israël m'a méconnu; mon peuple ne m'a pas compris. C'est aussi pour cela que le Seigneur parlant du peuple Juif au prophète, s'exprime en ces termes : Nomme-le non-aimé. Puis, aux Juifs eux-mêmes : Vous n'êtes plus mon peuple, et je ne serai plus votre Dieu. La raison qui lui fait dire cela, il l'indique ailleurs d'une manière évidente: Ils ont abandonné la source des eaux vives, le Seigneur. Et encore : Ils ont rejeté la parole du Seigneur, et ils n'ont plus aucune sagesse. Je crains bien que ce reproche ne nous convienne mieux à nous aujourd'hui,

non sum Deus vester (1). Cur autem hoc de eis diceret, ipse alibi evidenter ostendit. Sic quippe ait: Dereliquerunt venam aquarum viventium, Dominum (2). Et iterum : Verbum, inquit, Domini projecerunt, et sapientia nulla est in illis (3). Quod quidem timeo ne non magis tunc de eis dici potuerit quam de nobis nunc dici possit, quia nec verbis dominicis obtemperamus; et qui verbis Domini non obsequimur, sapientiam profecto in nobis penitus non habemus. Nisi fortasse credimus sapienter nos Deum spernere, et hoc ipsum quod Christi mandata contemnimus, summam prudentiam judicamus. Est quidem causa cur hoc ita existimare credamur. Nam tanto consensu omnes peccata sequimur, quasi summi consilii conspiratione peccemus, Quæ cum ita sint, quæ ratio est ut ipsi nos falsa opinione fallamus, existimantes scilicet, quia Christiani esse dicamur, quod opitulari nobis inter mala quæ agimus nomen bonum possit, cum Spiritus sanctus nec fidem quidem dicat hominibus Christianis sine operibus bonis posse prodesse? Et utique multo plus est fidem habere quam nomen. Quia nomen est vocabulum hominis, fides autem fructus est mentis. Et tamen hunc ipsum fidei fructum infructuosum Apostolus sine operibus bonis esse testatur, dicens: Fides sine operibus mortuaest.

(1) Os. I. 9.

(2) Jerem. XVII. 13. (3) Ibid. VIII. 9.

qu'il ne convenait alors aux Juifs, parce que nous n'obtempérons pas aux paroles du Seigneur; notre désobéissance prouve assez que nous sommes sans sagesse. A moins, par hasard, que nous ne prétendions qu'il y a de la sagesse à mépriser Dieu, et que c'est le comble de la prudence, de dédaigner les commandemens du Christ. On pourrait croire, sans doute, que nous sommes dans cette opinion. Nous poursuivons tous le mal avec tant d'accord, que nous semblons pêcher par une sorte de conspiration publique. Qu'elle est donc la raison pour laquelle nous nous trompons nous-mêmes, follement persuadés que notre titre de Chrétien peut nous être de quelque secours au milieu de nos désordres, puisque l'esprit saint assure que la foi sans les bonnes œuvres est inutile au chrétien? Et certes, avoir la foi, c'est quelque chose de plus que de porter le nom seulement. Le nom est une dénomination extérieure; mais la foi est un acte de l'esprit. Et l'Apôtre cependant nous certifie que cette même foi sans les bonnes œuvres, est une foi stérile: La foi qui n'a pas les œuvres, c'est une foi morte. Et encore Comme le corps est mort lorsqu'il est sans ame, ainsi la foi est morte lorsqu'elle est sans œuvres. Il ajoute à cela des paroles bien plus fortes pour confondre ceux qui se flattent d'une vaine présomption de foi. Quelqu'un pourra donc dire: Vous avez la foi, et moi, j'ai les œuvres ; montrez-moi votre foi sans les œuvres, et moi je vous montrerai ma foi par mes œuvres. Il indique par-là que les actions vertueuses servent, pour ainsi dire, de témoignage à la foi chrétienne; un chrétien, s'il ne fait de bonnes œuvres, ne saurait prouver qu'il a la foi; et dès lors qu'il ne peut en donner aucune

Et iterum : Sicut enim corpus sine spiritu, sic fides sine operibus mortua est (1). Addit quoque asperiora quædam ad confundendos eos qui sibi præ7 sumptione Christianæ fidei blandiuntur: sed dicet aliquis: tu fidem habes, et ego opera habeo. Ostende mihi sine operibus fidem tuam, et ego ostendam tibi ex operibus fidem meam (2). Quo utique hoc indicat, actus bonos, Christianæ fidei quasi testes esse, quia Christianus nisi opera bona fecerit, fidem suam penitus adprobare non possit; ac per hoc quod probare non valeat quia sit, sic omnino habendum esse quasi non sit. Nam quam pro nullo hoc habendum existimaret, in subditis statim ipse demonstrat, dicens ad Christianum : Tu credis quia unus est Deus, beng facis; et dæmones credunt, et contremiscunt(3) Consideremus quid voluerit hoc loco Apostolus dicere, nec irascamur divinis testimoniis, sed adquiescamus; nec contradicamus, sed proficiamus. Tu credis, inquit ad Christianum sermo divinus, quod Deus unus est, bene facis; et dæmones credunt, et contremiscunt. Numquid erravit Apostolus, ut hominis Christiani fidem dæmoni compararet? Non utique. Sed ostendere illud volens quod supradictum est, quia sine operibus bonis nihil sibi per fidei supercilium usurpare deberet, idcirco ait et a dæmonibus

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preuve, on doit la regarder comme n'existant pas. Car il montre aussitôt par les paroles suivantes combien cette foi lui semble nulle, quand il dit au chrétien: Vous croyez qu'il y a un Dieu, vous faites bien; mais les démons croient et ils tremblent. Examinons ce que l'apôtre a voulu dire en cet endroit, ne nous irritons point contre les divins témoignages, mais moritrons-nous-y dociles; ne les affaiblissons pas par nos contradictions; mais cherchons à en tirer profit. Vous croyez, dit au chrétien la parole sacrée, qu'il y aun Dieu, vous faites bien, mais les démons croient et ils tremblent. Est-ce que l'Apôtre s'est trompé en comparant la foi d'un chrétien à celle d'un démon? Non certes. Mais voulant prouver ce que nous avons dit plus haut, que le chrétien ne doit rien attendre d'une foi orgueilleuse, séparée des bonnes œuvres, il nous assure que les démons croient å Dieu; et comme ils n'en demeurent pas moins dans leur perversité, il nous fait entendre par-là que certains hommes croient, en quelque sorte, à la manière des démons, puisque en se flattant de croire à Dieu, ils ne s'éloignent pas du vice. Il ajoute pour confondre et condamner le pécheur, que les démons non-seulement croient à Dieu, mais encore qu'ils craignent et tremblent. C'est comme s'il disait : Pourquoi vous flatter, ô hommes qui que vous soyez, d'une foi qui est nulle sans la crainte et l'obéissance? Les démons ont quelque chose de plus. Vous n'avez qu'une chose, ils en ont deux. Vous avez la foi sans avoir la crainte; ils ont, eux, et la foi et la crainte. Pourquoi donc vous étonner si nous sommes frappés? Pourquoi vous étonner si nous sommes châtiés, si nous devenons la proie de nos ennemis, si nous

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