Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

à quelques femmes, et de mettre un frein à sa débauche en s'arrêtant à un certain nombre d'épouses. J'ai dit d'épouses, car on en est venu à ce degré d'impudence, que la plupart donnent ce nom à de viles esclaves. Et plût à Dieu que les regardant comme des femmes légitimes, ils s'en tinssent à elles seules! Ce qu'il y a de plus hideux et de plus révoltant, c'est de voir des hommes, après un mariage honorable, aller chercher de nouvelles épouses dans une condition servile, flétrissant ainsi la gloire d'une sainte union par la bassesse d'une indigne alliance, ne rougissant point de devenir les époux de leurs servantes, avilissant la hauteur d'un illustre mariage dans la couche obscène d'une esclave, bien dignes assurément de la condition de celles dont ils ne dédaignent pas les embrassemens.

Je ne doute pas que la plupart de ces hommes qui sont nobles, ou qui veulent le paraître, ne reçoivent mes paroles avec un orgueilleux dédain, quand je retrace ces désordres, quand je peins certains esclaves moins criminels que les maîtres. Comme je ne parle pas de tous, mais seulement de ceux qui sont coupables, l'on ne doit pas s'irriter, si l'on se reconnaît innocent; car on donnerait lieu de croire par-là qu'on appartient à cette classe d'hommes vicieux. Au contraire, les nobles qui ont ces désordres en horreur, doivent s'élever contre ceux qui déshonorent la noblesse par des actions infâmantes; car, bien des hommes de ce genre

que

simis nobilitatis nomen infament; quia licet hi qui tales sunt, omnem gravent populum Christianorum, specialiter tamen illos sordibus suis 2 polluunt, quorum pars esse dicuntur. Diximus 8 itaque nobiles quosdam esse servis deteriores. Diximus utique, et improbabiliter diximus, nisi quod diximus, comprobamus. Ecce enim ab hoc scelere vel maximo prope omnis servorum numerus immunis est. Numquid enim aliquis ex servis turbas concubinarum habet ? numquid multarum uxorum labe polluitur, et canum vel suum more tantas putat conjuges suas 296 esse, quantas potuerit libidini subjugare? Sed responderi videlicet ad hæc potest quod facere servis ista non liceat. Nam profecto facerent si liceret. Credo. Sed quæ fieri non video, quasi facta habere non possum. Quamlibet enim in eis improba mentes, quamlibet malæ cupiditates sint, nullus pro eo quod non admittit scelere punitur. Malos esse servos, ac detestabiles, satis certum est. Sed hoc utique ingenui ac nobiles magis execrandi, si in statu honestiore pejores sunt. Quo fit ut ad illum perveniri exitum rei hujus necesse sit, non ut servi sint a reatu nequitiæ suæ absolvendi, sed ut plurimi divites magis sint servorum comparatione Jo damnandi. Nam illud latrocinium ac scelus quis digne eloqui possit, quod, cum Romana Respublica vel jam mortua, vel certe extremum spiritum agens, in ea parte qua adhuc vivere videtur, tributorum vinculis quasi prædonum manibus stran

pèsent déjà par leur vie sur tout le peuple chrétien, leurs turpitudes néanmoins deviennent plus spécialement l'opprobre de ceux qui les comptent dans leurs rangs. J'ai donc avancé que certains nobles sont pires que leurs esclaves. Je l'ai avancé, mais on ne me croira point, si

je n'en apporte des preuves. Voilà que presque tous les ?

esclaves sont exempts de ce vice honteux. Et en effet, quel est celui d'entre eux qui entretient une foule de concubines, qui se dégrade et s'avilit au milieu de nombreuses courtisanes, et qui, dans ses cyniques et immondes passions, regarde comme ses femmes toutes celles qu'il peut soumettre à sa brutalité? Mais on va répondre à cela que les esclaves n'ont pas la facilité de tomber dans ces déréglemens, qu'ils le feraient sans doute, s'ils le pouvaient. Je le crois, Mais ce que je ne vois pas arriver, je ne puis le prendre comme un fait. Quelque mauvais que soient leurs esprits, quelque vicieux que soient leurs penchans, toujours est-il qu'on ne punit personne pour un crime qu'il n'a pas commis. Que les esclaves soient vicieux et détestables, on le sait trop bien. Mais les grands et les nobles sont plus détestables encore, si, dans une condition élevée, ils se montrent pires que leurs serviteurs. Aussi faut-il nécessairement en venir à cette conclusion, que les esclaves ne doivent point, sans doute, être absous de leurs fautes, mais que la plupart des riches, comparés à eux, sont bien plus condamnables. Et qui pourrait dignement raconter les forfaits et les brigandages de nos jours? Lorsque la République Romaine, déjà morte, ou du moins exhalant un dernier souffle, expire dans ces restes maļheureux en qui elle semble vivre encore, étranglée par

gulata moriatur, inveniuntur tamen plurimi divitum quorum tributa pauperes ferunt, hoc est, inveniuntur plurimi divitum quorum tributa pauperes necant? Et quod inveniri dicimus plurimos, timeo ne verius diceremus, omnes. Tam pauci enim mali hujus expertes sunt, si tamen ulli sunt, ut in ea parte qua multos diximus, omnes pene divites 31 reperire possimus/ Ecce enim remedia pridem nonnullis urbibus data, quid aliud egerunt quam ut divites cunctos immunes redderent, miserorum tributa cumularent; illis ut demerentur vectigalia vetera, istis ut adderentur nova; illos ut decessio etiam minimarum functionum locupletaret, istos ut accessio maximarum adfligeret; illi ut eorum quæ leviter ferebant imminutione ditescerent, isti ut eorum quæ jam ferre non potuerant multiplicatione morerentur; ac sic remedium illud alios injustissime erigeret, alios injustissime necaret; aliis esset sceleratissimum præmium, aliis sceleratissimum venenum? Unde advertimus quod nihil esse et divitibus sceleratius potest, qui remediis suis pauperes perimunt, et nihil pauperibus infelicius, quos etiam illa quæ pro remedio cunctis dantur, occidunt.

32 Jam vero illud quale, quam sanctum, quod si quis ex nobilibus converti ad Deum cœperit, statim honorem nobilitatis amittit? Aut quantus in Christiano populo honor Christi est, ubi religio ignobilem facit? Statim enim ut quis melior esse tentaverit, deterioris abjectione calcatur, ac per

des impôts oppressifs comme sous un bras assassin, il se rencontre cependant des riches qui font peser leurs tributs sur les pauvres; c'est-à-dire, qu'il se rencontre des riches dont les tributs écrasent les pauvres. Et ce que je dis d'un certain nombre, je crains bien qu'on ne puisse le dire de tous, avec plus de vérité. Car il en est si peu, si toutefois il en est, qui soient à l'abri de cette accusation, qu'au lieu de la restreindre à la plupart des riches, comme nous l'avons fait, on devrait l'étendre à tous. Ces remèdes apportés naguère aux maux de quelques villes, qu'ont-ils produit autre chose, sinon d'exemp ter tous les riches, et d'accumuler les impôts sur les pauvres ; d'ôter à ceux-là les anciens tributs, d'en ajouter de nouveaux à ceux-ci; d'enrichir les premiers par la diminution des moindres charges, d'écraser les seconds par l'augmentation des plus fortes; d'engraisser les uns, en adoucissant ce qu'ils supportaient sans peine, d'épuiser les autres, en aggravant ce qu'ils ne pouvaient plus supporter. Et ainsi, ce remède inutile n'a fait que grandir les riches, et tuer les pauvres; devenant pour les uns le plus coupable soulagement, pour les autres le poison le plus funeste. Par là nous voyons la scélératesse des riches qui font périr les pauvres avec leurs remèdes, et le malheur des pauvres qui trouvent la mort dans ce qui devrait être un remède pour tous.

Et puis, quelle piété ! quelle sainteté! Si quelque grand veut se convertir à Dieu, le voilà tout aussitôt déchu de sa noblesse. Et, parmi le peuple chrétien, quel honneur pour le Christ, puisque sa réligion engendre l'opprobre! Car si quelqu'un s'efforce de devenir meilleur, les hommes pervers le méprisent, le foulent aux

« ZurückWeiter »