Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

les douceurs succèdent aussitôt ? Que fait à un phrénétique le silence de ceux qui l'entourent, s'il se tue lui-même à force de cris ? A quoi bon l'antidote, si l'on prend ensuite du poison ? La loi est pour nous comme un antidote, mais nos vices sont un poison ; l'antidote de la loi ne peut nous sauver, lorsque le poison de nos désordres vient nous donner la mort.

Mais c'en est assez sur un sujet que nous avons déjà traité plus haut; si l'occasion le demande, nous pourrons plus tard, avec l'aide de Dieu, ajouter quelque chose. En attendant, comme nous avons distingué deux genres ou deux sectes de barbares, les païens et les hérétiques, et que nous avons, je pense, assez parlé des premiers, venons-en maintenant à ce qui concerne les hérétiques, suivant que le sujet l'exige. En effet, quelqu'un pourra me dire: bien que la loi divine n'ordonne pas aux païens de pratiquer des commandemens qu'ils ignorent, elle l'ordonne du moins aux hérétiques qui en ont la connaissance. Ils lisent les mêmes livres que nous, ils ont les mêmes prophètes de Dieu, les mêmes Apôtres, les mêmes Évangélistes; et ainsi, en négligeant la loi, ils sont aussi coupables et même plus coupables que nous, puisque avec les mêmes écrits que les orthodoxes, ils commettent des fautes bien plus grandes que les nôtres.

Voyons donc ces deux points. Ils lisent, dites-vous, les choses que nous lisons. Comment les mêmes choses, lorsque autrefois des auteurs im pies les ont dénaturées

interpolata, et male tradita? ac per hoc, jam non eadem, quia non possunt penitus dici ipsa quæ sunt in aliqua sui patre vitiata. Incolumitatem enim non habent quæ plenitudinem perdiderunt, nec statum suum omnino servant quæ sacramentorum virtute privata sunt. Nos ergo tantum Scripturas sacras plenas, inviolatas, integras habemus, qui eas vel in fonte suo bibimus, vel certe de purissimo fonte haustas per ministerium puræ translationis haurimus. Nos tantummodo 7 bene legimus. Atque utinam quam bene legimus, tam bene adimpleremus! Sed vereor quod qui non bene observamus, nec bene lectitemus ; quia minor reatus est sancta non legere, quam lecta violare. Cœteræ quippe nationes aut non habent legem Dei, aut debilem et convulneratam habent; ac per hoc, ut dixinus, non babent quæ sic habent. Nam etsi qui gentium barbararum sunt qui in libris suis minus videantur Scripturam sacram interpolatam habere vel laceratam, habent famen veterum magistrorum traditione corruptam; ac per hoc, traditionem potius quam Scripturam habent, quia hoc non retinent quod veritas legis suadet, sed quod pravitas malæ traditionis inser-vit. Barbari quippe homines, Romanæ imo potius humanæ eruditionis expertes, qui nihil omnino sciunt nisi quod a doctoribus suis audiunt, quod audiunt, hoc sequuntur; ac sic necesse est eos, qui totius litteraturæ ac scientiæ ignari, sacra

[ocr errors]

par des interpolations sacriléges, lorsqu'elles ont été altérées par une tradition mensongère? Ce ne sont donc plus les mêmes principes, car on ne peut qualifier ainsi des choses viciées dans quelqu'une de leurs parties. Ce qui a perdu sa plénitude n'a plus son intégrité, et ce qui est privé de la vertu des sacremens ne conserve plus son état primitif. Seuls, nous avons donc les saintes écritures pleines, intactes, entières, nous qui les puisons à leur source, ou qui, du moins, par le ministère d'une transmission fidèle, les recueillons puisées à la source la plus pure. Nous seuls, nous lisons bien. Et plût à Dieu que la sainteté de notre vie répondît à la vérité de notre doctrine! Mais je crains fort que nous ne lisions mal, ce que nous ne pratiquons pas bien; c'est un moindre crime de ne pas lire des choses saintes, que de violer ce qu'on a lu. Car, pour les autres peuples, ou ils n'ont pas la loi de Dieu, ou ils l'ont débile et mutilée; or, comme nous l'avons dit, ce qu'ils ont de cette manière, ils ne l'ont pas. Quoique parmi les nations barbares il y ait des peuples qui semblent posséder l'Ecriture-Sainte, moins interpolée, moins tronquée, elle est cependant corrompue par la tradition de leurs anciens maîtres. Et dès-lors, ils ont plutôt une tradition que l'Ecriture; car ils ne conservent pas ce qu'enseigne la vérité de la loi, mais ce que leur inculqua la perversité d'une coupable tradition. En effet, des hommes barbares, étrangers à la science romaine, je dis encore aux connaissances les plus ordinaires, qui ne savent autre chose que ce qu'ils apprennent de leurs docteurs, ces hommes pratiquent ce qu'ils entendent; et, comme dans leur ignorance de toute littérature, de

mentum divinæ legis doctrina magis quam lectione cognoscunt, doctrinam potius retinere quàm legem. Itaque eis traditio magistrorum suorum, et doctrina inveterata, quasi lex est; quia hoc sciunt tantummodo quod docentur. Hæretici ergo sunt, q sed non scientes, Denique apud nos sunt hæretici, apud se non sunt. Nam in tantum se catholicos esse judicant ut nos ipsos titulo hæreticæ appellationis infament. Quod ergo illi nobis sunt, hoc nos illis. Nos eos injuriam divinæ generationi facere certi sumus, quod minorem Patre Filium dicant; illi nos injuriosos Patri existimant, quia æquales esse credamus. Veritas apud nos est, sed illi apud se esse præsumunt. Honor Dei apud nos est, sed illi hoc arbitrantur honorem divinitatis esse quod credunt. Inofficiosi sunt, sed illis hoc est summum religionis officium. Impii sunt, sed hoc putant veram esse pietatem. Errant ergo, sed bono animo errant, non odio, sed affectu Dei, honorare se Dominum atque amare credentes. Quamvis non habeant rectam fidem, illi tamen hoc perfectam Dei æstimant caritatem. Qualiter pro hoc ipso falsæ opinionis errore in die judicii puniendi sint, // nullus potest scire nisi judex. Interim idcirco eis, ut reor, patientiam Deus commodat, quia videt eos, etsi non recte credere, affectu tamen piæ opinionis errare, maxime cum sciat eos ea facere quæ nesciunt, nostros autem negligere quod credunt; ac per hoc, illos magistrorum peccare vitio,

tout savoir, ils connaissent les mystères de la loi divine par les enseignemens bien plus que par la lecture, il est nécessaire qu'ils possèdent la doctrine de leurs maîtres plutôt que la loi véritable. Aussi, la tradition de ces faux interprètes et des doctrines invétérées sont pour eux comme la loi, parce qu'ils ne savent que ce qu'on leur enseigne. Ils sont donc hérétiques, mais ils ne le savent pas. Enfin, chez nous ils sont hérétiques, chez eux ils ne le sont pas. Car ils sont tellement convaincus de leur orthodoxie, qu'ils nous flétrissent nous-mêmes du titre infamant d'hérétique. Ce qu'ils sont pour nous, nous le sommes donc pour eux. Nous sommes persuadés qu'ils font injure à la génération divine, en supposant le Fils inférieur au Père ; ils pensent que nous outrageons le Père, en les croyant tous deux égaux en toutes choses. La vérité est parmi mais ils croient l'avoir aussi chez eux. Le vrai culte est chez nous, mais ils regardent leur croyance comme le culte légitime de la divinité. Ils ignorent les devoirs de la vie chrétienne, mais c'est en cela qu'ils font consister le premier devoir de la religion. Ils sont impies, mais ils pensent pratiquer ainsi la piété véritable. Ils se trompent donc, mais c'est de bonne foi, non par haine, mais par amour pour Dieu, certains qu'ils sont d'honorer et d'admirer le Seigneur. Bien qu'ils n'aient pas la foi pure, ils s'imaginent pourtant posséder en cela le parfait amour de Dieu. Quelle punition ils doivent subir au jour du jugement pour ces opinions fausses et erronnées, nul ne peut le savoir que le juge. En attendant, Dieu, je crois, les prend en patience, parce qu'il voit que si leur croyance n'est pas

nous,

« ZurückWeiter »