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place au premier rang, et que non-seulement il nous recommande dans toutes les saintes Ecritures, mais qu'il nous enseigne encore lui-même, lorsqu'il dit : On connaîtra que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. Presque tous les Barbares, ceux du moins qui appartiennent à une même nation et à un même prince, s'aiment réciproquement, presque tous les Romains se font une guerre mutuelle. Où est le citoyen qui ne porte pas envie au citoyen? Où est celui qui témoigne à son voisin une charité sans réserve? Rapproché par les lieux, on est éloigné par l'affection; uni par la demeure, on est désuni par le cœur. Et plût au ciel, quoique ce soit un mal affreux, que la haine régnât seulement parmi les citoyens et les voisins! Ce qu'il y a de plus grave encore, c'est que les proches ne gardent pas même entre eux les droits de la parenté. Car, où est celui qui agit en parent à l'égard de ses parens? Où est celui qui paie à la charité ce qu'il reconnaît devoir au titre? Où est celui qui est sincèrement ce dont il porte le nom? Où est celui qui joint la parenté du cœur à celle du sang, qui ne brûle point d'un zèle sombre et malveillant, dont l'esprit n'est point agité par la jalousie, pour qui la prospérité d'autrui n'est point un supplice? Où est celui qui ne regarde point comme un malheur le bonheur des autres ? Où est celui qui est assez content de sa félicité, pour vouloir aussi que son voisin soit heureux? Au milieu de tant de crimes, voilà quelque chose d'inoui et d'inexprimable. C'est peu pour un homme d'être heureux lui-même, si les autres ne sont malheureux.

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17 Jam vero illud quale, quam sævum, quam ex hac ipsa impietate descendens, quam alienum a Barbaris, quam familiare Romanis, quod se invicem exactione proscribunt, imo non invicem; nam hoc tolerabilius ferme esset, si pateretur quisque quod fecerat. Illud gravius est, quod plurimi proscribuntur a paucis, quibus exactio publica peculiaris est præda, qui fiscalis debiti titulos faciunt quæstus esse privatos; et hoc, non summi tantum, sed pene infimi, non judices solum, sed 18 etiam judicibus obsequentes. Quæ enim sunt non modo urbes, sed etiam municipia atque vici, ubi non quot Curiales fuerint, tot tyranni sint? Quamquam forte hoc nomine sibi gratulentur, quia potens et honoratum esse videatur. Nam et latrones ferme omnes gaudent et gloriantur, si atrociores admodum quam sunt esse dicantur. Quis ergo, ut dixi, locus est, ubi non a principalibus civitatum, viduarum et pupillorum viscera devorentur, et cum his ferme sanctorum omnium ? Nam et hos quasi viduas ac pupillos habent; quia tueri se, aut pro studio professionis suæ nolunt, aut pro innocentia atque humilitate non possunt. Nemo itaque horum tutus est; neque ulli admodum præter summos a vastatione latrocinii populantis immunes, nisi qui fuerint ipsis latronibus pares in hac conditione; imo, in hoc scelus res devoluta est, ut, nisi quis malus fuerit, salvus esse non possit.

Et maintenant ce vice dont nous allons parler, comme il est atroce, comme il dérive de ce désordre impie que nous avons signalé, comme il est étranger aux Barbares, comme il est familier aux Romains! On se proscrit les uns les autres par d'accablantes exactions. Que dis-je? les uns les autres; la chose deviendrait supportable si chacun souffrait ce qu'il aurait fait souffrir. Ce qu'il y a de plus criant, c'est que le plus grand nombre se voit proscrit par quelques hommes qui regardent l'exaction publique comme une proie particulière à eux, qui font un commerce privé sous le titre de la dette fiscale. Et ce ne sont pas les grands seulement, mais encore de vils subalternes; ce ne sont pas les juges seulement, mais encore leurs délégués. Car où sont, je ne dis pas les villes, mais les municipes et les bourgs, qui n'aient pas autant de tyrans que de receveurs publics? Au reste, ils s'applaudissent peut-être de ce nom de tyran, parce qu'il paraît puissant et honoré. C'est le propre de presque tous les voleurs, de se féliciter, de s'enorgueillir, s'ils passent pour être plus inhumains qu'ils ne le sont en effet. Quel est donc le lieu, comme je le disais, où les principaux citoyens ne dévorent pas les entrailles des veuves et des pupilles, et même de presque tous les saints? Car ces derniers sont traités comme les veuves et les pupilles, ou parce qu'ils ne veulent pas se défendre, fidèles à l'esprit de leur profession, ou parce qu'ils ne le peuvent pas, à cause de leur faiblesse et de leur innocence. Personne donc n'est en sûreté; excepté les grands, nul n'est à l'abri de ces dévastations et de ce brigandage universel, si ce n'est peut-être ceux qui ressemblent aux voleurs

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19 Sed videlicet, cum tot sint qui bonos vastant, sunt fortasse aliqui qui in hac vastatione succurant; qui, ut scriptum est, eripiant egenum et pauperem de manu peccatoris (1). Non est qui faciat bonum, non est pene usque ad unum (2). Ideo dixit, pene usque ad unum, quia tanta est raritas bonorum ut 9 pene unus esse videatur. Quis enim vexatis atque laborantibus opem tribuat, cum improborum hominum violentiæ etiam Sacerdotes Domini non resistant? Nam aut tacent plurimi eorum, aut similes sunt tacentibus etiamsi loquantur; et hoc, multi non inconstantia, sed consilio, ut putant, atque ratione. Exertam enim veritatem proferre nolunt, quia eam aures improborum hominum sustinere non possunt, nec solum refugiunt, sed etiam oderunt, et exsecrantur; et non modo auditam non reverentur aut metuunt, sed majore etiam superbientes pervicaciæ perduellione contemnunt. Et ideo tacent etiam qui loqui possunt, dum ipsis interdum malis parcunt, nec volunt eis vim apertæ promere veritatis, ne faciant eos ingesta acrius

(1) Psal. LXXXI. 4.

(2) Psal. XIII. 4.

eux-mêmes; bien plus, la chose en est venue à cet excès de désordre, qu'à moins d'être méchant, on ne peut espérer de sécurité.

Mais sans doute, au milieu de tant d'injustes persécuteurs, il est peut-être des hommes qui défendent les gens de bien contre cette déprédation, qui, suivant l'Ecriture, arrachent l'indigent et le pauvre de la main du pécheur. - Il n'en est pas un qui fusse le bien, presque pas un seul. Le prophète dit presque pas un seul, parce que les bons sont si rares, que le nombre en semblerait presque réduit à un seul. Car, où est celui qui prête secours aux opprimés et aux souffrans, lorsque les prêtres même du Seigneur n'osent pas résister à la violence des persécuteurs? Plusieurs d'entre eux gardent le silence, ou semblent le garder même quand ils parlent, et la plupart, non par manque de fermeté, mais, comme ils le croient, par sagesse et par raison. Ils ne veulent pas publier la vérité, parce que les oreilles des méchans ne peuvent la supporter; parce que les hommes, non contens de la fuir, ont encore pour elle de la haine et de l'exécration; parce que nonseulement ils ne la respectent et ne la craignent pas après l'avoir entendue, mais qu'ils la dédaignent dans leur opiniâtreté rebelle et orgueilleuse. Et voilà pour quoi se taisent ceux qui peuvent parler, tandis qu'ils usent parfois de niénagement envers les méchans euxmêmes, et n'osent mettre au grand jour la force et l'évidence de la vérité, de crainte de les rendre pires, encore par trop de zèle et de chaleur. Cependant les pauvres sont dépouillés, les veuves gémissent, les or

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