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monde au jugement futur, en faisant tomber le feu du ciel sur un peuple impie. Ainsi l'apôtre dit que Dieu a puni les villes de Sodome et Gomorrhe, en les ruinant de fond en comble, pour les faire servir d'exemple à ceux qui vivraient dans l'impiété. Et cependant cette conduite indique plus de miséricorde que de sévérité. Car différer si long-temps leur châtiment, est un effet de sa miséricorde, et les punir enfin est un acte de sa justice. Ces anges envoyés à Sodome, ne sont-ils pas pour nous une preuve que Dieu ne châtie qu'à regret même les méchans? Quand nous lisons les outrages qu'ils essuyèrent de la part des Sodomites, quand nous voyons l'énormité de leurs crimes, l'excès de leurs débauches, l'infamie de leurs passions, n'est-il pas manifeste que Dieu n'a pas voulu les perdre, mais qu'ils ont eux-mêmes arraché de ses mains la sentence de condamnation?

Je pourrais accumuler les exemples, mais je crains qu'en m'efforçant de rendre assez évident ce que j'avance, je ne paraisse composer une histoire. Moïse dans le désert fait paître un troupeau, il aperçoit un buisson enflammé, il entend la voix de Dieu sortir du buisson, il reçoit des ordres, une haute puissance lui est communiquée, il est envoyé à Pharaon, il vient, il lui parle, il en est méprisé, il triomphe. L'Egypte est frappée, la désobéissance de Pharaon est punie, et cela de plusieurs manières, afin que ce prince sacrilége soit plus tourmenté par cette diversité de supplices. Mais

scilicet ut plus sacrilegus torqueatur diversitate supplicii. Et quid postremo? decies rebellat, decies verberatur. Quid ergo dicimus? Puto quod in his omnibus et curare pariter res humanas Deum et judicare cognoscas. In Egypto quippe tunc enim non simplex tantum sed multiplex constat Dei fuisse judicium. Quotiescumque enim rebellantes || Egyptios percussit, toties judicavit. Sed post ista quæ diximus, quid secutum est?

Israel dimittitur, Pascha celebrat, Egyptios spoliat, dives abscedit, Pharaonem pœnitet, exercitum contrahit, ad fugientes pervenit, castris jungitur, tenebris separatur, siccatur pelagus, Israel graditur, officiosa undarum patientia liberatur, Pharao sequitur, mare super eum volvitur, fluctu operiente deletur. Puto jam non obscurum, in his quæ acta sunt, Dei esse judicium, et quidem non judicium tantum, sed etiam moderationem atque patientiam. Patientiæ enim fuit, quod Ægyptii rebellantes sæpe percussi sunt; judicii, quod contumaciæ pertinaces morte damnati.

42 Igitur, post hunc rerum gestarum ordinem, ingreditur eremum victrix sine bello gens Hebræorum. Agit iter sine itinere, viatrix sine via, prævio Deo, divino commilitio honorabilis, ductu cœlesti potens; sequens mobilem columnam, nubilam die, igneam nocte, congruas colorum diversitates pro temporum diversitate sumentem; scilicet ut et

qu'arriva-t-il enfin? Dix fois il se révolte, dix fois il est frappé. Que dirons-nous donc ? Dieu ne semble-t-il pas en tout cela et surveiller et juger les choses humaines? car on remarque alors en Egypte, non pas un simple jugement, mais bien plusieurs jugemens divers. Autant de fois en effet il frappe les Egyptiens rebelles, autant de fois il juge. Mais qu'advient-il après ces événemens?

Israël est congédié, il célèbre la Pâque, il dépouille les Egyptiens, il emporte avec lui leurs richesses, Pharaon se repent, il rassemble une armée, il atteint les fugitifs, il campe sous leurs yeux, il n'en est séparé que par les ténèbres, la mer est desséchée, les Israélites s'avancent, les ondes officieuses favorisent leur retraite, Pharaon les poursuit, la mer roule sur ses troupes, il est abîmé dans les flots. La justice de Dieu ne brille-t-elle pas d'une manière visible dans cette suite d'événemens, et non-seulement sa justice, mais encore sa patience et sa modération? Sa patience, quand il frappe de plaies réitérées les Egyptiens rebelles; sa justice, quand il punit de mort l'opiniâtreté de leur révolte.

Ainsi délivrés, les Hébreux entrent dans le désert, victorieux sans combats. Ils s'avancent sans route frayée, voyageurs sans voie certaine; Dieu marche à leur tête; honorés de la divine alliance, invincibles sous la conduite du ciel, ils suivent la colonne mobile, enveloppée d'un nuage pendant le jour, reluisante de feu pendant la nuit, accommodant ainsi la variété de ses couleurs à

diei lucem lutea obscuritate distingueret, et caliginem noctis flammeo splendore claritatis radiaret. Adde huc fontes repente natos, adde medicatas aquas vel datas vel immutatas, speciem servantes, 43 naturam relinquentes Adde aperta erumpentibus rivis montium capita, adde scaturientia novis pulverulenta arva torrentibus, adde inlatos itinerantium castris alitum greges, Dei pietate indulgentissima non usibus tantum hominum, sed etiam illecebris servientes; datum per quadraginta annos, astris quotidie famulantibus, cibum; rorantes jugiter escis dulcibus polos, non ad victum tantum, sed etiam ad delicias profluentes. Adde homines in nullis membrorum suorum partibus accessus et decessus humanorum corporum nescientes, ungues non auctos, dentes non imminutos, capillos semper æquales, non attritos pedes, non scissas vestes, calceamenta non rupta, redundantem hominum honorem usque ad induviarum vilium dignitatem. Adde huc erudiendæ gentis officio descendentem ad terras Deum, accommodantem se terrenis visibus Deum Filium, innumeræ multitudinis plebem in consortium divinæ familiaritatis admissam sacræ amicitiæ honore pollentem. Adde huc tonitrua, adde fulgura, terribiles buccinarum cœlestium sonos, tremendum undique totius aeris fragorem, polos sacris clangoribus mugientes, ignes, caligines, nebulas Deo plenas, loquentem cominus Dominum, legem divino ore

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la diversité des temps, pour tempérer la lumière du jour par une sorte d'obscurité, et éclairer les ténèbres de la nuit de ses flammes resplendissantes. Ajoutez à cela la rencontre inopinée de sources limpides, des eaux médicinales ou données ou changées par miracle, qui conservent leur apparence extérieure en se dépouillant de leur nature. Ajoutez des rochers qui s'entrouvrent pour faire jaillir de leur sein des ruisseaux rafraîchissans, de nouveaux torrens qui s'échappent à travers les champs poudreux. Ajoutez des nuées d'oiseaux qui tombent dans le camp de ces voyageurs, et qui, par une bonté compatissante de Dieu, ne servent pas moins à apaiser la faim qu'à flatter le goût, une nourriture qui, pendant quarante années, leur est fournie chaque jour par les cieux obéissans, la rosée qui se convertit en alimens délicieux, également propres à nourrir et à plaire par leur délicatesse. Ajoutez que les corps de ces hommes ne connurent ni les accroissemens ni les décroissemens naturels ; leurs ongles ne grandissent point, leurs dents ne diminuent point en nombre, leurs cheveux se conservent dans le même état, leurs pieds ne se brisent point de fatigue, leurs vêtemens ne s'usent point, leurs chaussures ne se rompent point; la munificence du Seigneur se manifestant à leur égard jusqu'à donner de la dignité aux choses les plus viles qui sont à leur usage. Ajoutez à cela Dieu descendant sur la terre, pour instruire son peuple, Dieu le fils, s'accommodant aux faibles regards des mortels, une multitude sans nombre admise à l'intime familiarité du Seigneur et honorée de cette amitié sublime. Ajoutez les tonnerres, ajoutez les éclairs, les terribles retentissemens

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