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Tous les hommes qui ont cru remplir un devoir envers le public en composant quelques écrits, ont mis un soin tout spécial, quelque sujets qu'ils traitassent, soit utiles et honnêtes, soit inutiles et immoraux, à enrichir d'expressions brillantes leurs matières disposées avec ordre, et à donner par la propriété des termes un nouveau jour aux questions qu'ils voulaient agiter. Ainsi en ont usé la plupart des poètes et des orateurs profanes, se mettant peu en peine de la vraisemblance et de l'utilité des sujets qu'ils traitaient, pourvu que leur poésie offrît des vers élégans et harmonieux, et leur prose un langage

penderent, dummodo ea quæcumque dicerent, aut compto et blando carmine canerent, aut 2 luculenta oratione narrarent/ Omnes enim in scriptis suis causas tantum egerunt suas; et propriis magis laudibus aliorum utiliquam tatibus consulentes, non id facere adnisi sunt ut salubres ac salutiferi, sed ut scholastici ac diserti haberentur.

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Itaque scripta eorum aut vanitate sunt tumida, aut falsitate infamia, aut verborum foeditatibus sordida, aut rerum obscoenitate vitiosa; ut vere cum ingeniorum tantum laudem aucupantes, tam indignis rebus curam impenderent, non tam illustrasse mihi ipsa ingenia quam damnasse videantur.

Nos autem, qui rerum magis quam verborum amatores utilia potius quam plausibilia sectamur, neque id quærimus ut in nobis inania seculorum ornamenta, sed ut salubria rerum emolumenta laudentur, in scriptiunculis nostris non lenocinia esse volumus, sed remedia; quæ scilicet non tam otiosorum auribus placeant, quam ægrotorum mentibus prosint; magnum ex utraque re cœlestibus 4 donis fructum reportaturi. Si enim hæc salus nostra sanaverit quorumdam non bonam de Deo nostro opinionem, fructus non parvus

riche et éclatant. Car tous dans leurs écrits n'ont songé qu'à eux, et consultant plutôt leur propre renommée que l'intérêt d'autrui, ils se sont moins efforcés d'être utiles et salutaires que de paraître habiles et diserts.

Voilà pourquoi leurs ouvrages ou ne présentent qu'une vaine enflure, ou ne respirent que la fausseté et l'infamie, ou souillent le cœur d'expressions dégoûtantes, ou sâlissent l'imagination par l'obscénité des faits. Ainsi, ces auteurs n'ambitionnant que le titre de beaux génies, et tout occupés de blåmables études, ont moins travaillé, ce semble, à polir qu'à dépraver les esprits.

Pour moi, attachant plus de prix aux choses qu'aux paroles, préférant le bien public aux applaudissemens, je ne ne cherche pas à faire louer en moi les vains ornemens du siècle, mais des avantages solides et réels. Je ne veux point offrir dans mes faibles écrits de frivoles agrémens, mais des remèdes qui aient pour but moins de plaire à des oreilles oisives, que de guérir des cœurs malades. J'espère par là, avec l'aide du ciel, recueillir des fruits abondans. Si mes efforts peuvent détromper quelques personnes des fausses opinions qu'elles se forment de la Providence, ce ne sera pas un petit avantage de leur avoir été utile; mais si je

erit quod multis profui. Sin autem id non provenerit, et hoc ipsum înfructuosum saltem non erit, quod prodesse tentavi. Mens enim boni studii, ac pii voti, etiamsi effectum non invenerit cœpti operis, habet tamen præmium voluntatis. Hinc exordiar.

ergo

n'y réussis pas, j'aurai du moins la consolation de l'avoir essayé. Car des intentions droites et de pieux désirs, quand ils n'obtiendraient pas leur but, auraient toujours leur récompense. D'après cela, je vais donc commencer.

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