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reurs n'avaient pas de sujets plus fidèles, la patrie pas de plus fermes soutiens, les lois pas d'observateurs plus exacts; ils faisaient des vœux pour la prospérité de l'empire qui les eût voulu rejeter de son sein, pour le salut des maîtres qui les proscrivaient chaque jour, pour l'agrandissement de Rome qui les repoussait comme de coupables agitateurs. · Voilà pour le peuple chrétien.

Et les apologistes se présentaient en foule, désireux d'accepter le défi proposé; ils faisaient servir à la défense de l'Evangile tout ce que la philosophie avait de plus grave, tout ce que l'antiquité présentait de plus respectable, tout ce que l'histoire offrait de plus riche, tout ce que les mythes cachaient de plus profond; avec le flambeau d'une érudition imposante, ils remontaient les âges passés pour y chercher, par de longues et pénibles investigations, les dogmes catholiques altérés par le mensonge; ils mettaient à nu toutes les turpitudes des dieux païens, et puis ils se prenaient à rire de ces divinités prétendues; sous leur plume savante, on voyait le catholicisme dérouler ses titres d'ancienneté, et traverser les siècles, là, défiguré par l'orgueil, ici, jetant comme en témoignage de vie des lueurs bril

lantes, dans la personne des sages en qui il s'était incarné pour arriver à son entier développement. Leur éloquence avait quelque chose d'entraînant et delpersuasif qu'on ne retrouvait pas dans leurs

antagonistes superbes ; avec eux s'étaient révélées au monde une nouvelle littérature et une philosophie nouvelle. les orateurs chré

tiens.

Voilà

pour

Et le christianisme poursuivait sa marche gigantesque, balayant les vieilles institutions, entraînant dans sa course les idées et les mœurs, plantant son étendard sur les temples écroulés, et promenant par toute la terre son lumineux flambeau. Les oracles devinrent muets, les sanctuaires furent abandonnés, les dieux tombaient en discrédit, la philosophie ne compta plus qu'un petit nombre de sectateurs, et l'univers s'étonna de se trouver chrétien.

Dès lors une marche nouvelle est imprimée au christianisme; libre d'ennemis extérieurs, il va, comme la vieille Rome, en rencontrer de nouveaux pullulant dans ses entrailles; mais, impérissable qu'il est, on le verra triompher encore de ces attaques; il trouvera dans ses Hilaire, dans ses Augustin, dans ses Jérôme, des guerriers plus invincibles, certes, que les Pompée, les Marius et les Sylla; les hérésies n'apparaîtront que pour ajouter à sa gloire; des combats sans fin, mais aussi des victoires éclatantes s'apprêtent pour la tribune catholique.

Des hauteurs de l'histoire, tâchons d'embrasser d'un rapide coup-d'œil cette foule immense d'adversaires armés contre l'Eglise.

Au premier rang se trouvent les Gnostiques ; ils marchent le front haut et le regard superbe; il y a dans leur tournure d'esprit et dans les maximes qu'ils débitent quelque chose de prestigieux qui pourrait imposer; ils respirent je ne sais quoi. d'antique et d'oriental comme ces sages qui peuplent les rives du Gange, qui méditent sous le ciel de la Chaldée, ou qui rêvent dans les sanctuaires de la mystérieuse Egypte. Ils tentent d'allier avec la grave austérité du christianisme les hautes et larges doctrines de la sagesse asiatique. Ce qui les préoccupe, c'est l'origine des choses humaines, c'est l'essence de cet être impénétrable aux regards, mais accessible en quelque sorte à la sée de l'homme, c'est le règne d'un principe de mal perpétuellement en opposition avec un principe de bien; ils s'agitent autour de cette énigme insoluble, ils vous bâtissent là-dessus mille systèmes plus ou moins ingénieux, plus ou moins concluans; ils vous jettent des paroles ambitieuses; ils vous parlent d'émanations successives, de générations incréées, de plérômes infinis. A force de sonder ces mystères, leurs pensées se sont égarées cans un vague ténébreux, ils sont descendus dins la profondeur de l'abîme, et déjà leur audace ne connaît plus de bornes.

pen

Les Evangiles sont mutilés, les Ecritures tronquées, les aits de l'histoire judaïque attribués à de mauvais génies, les miracles du Christ expliqués.

conséquemment à ces dogmes subversifs de toute saine critique. La superstition vient se glisser, elle aussi, parmi ces orgueilleux philosophes: ici, ce sont des talismans qui ont une vertu secrète; là, des nombres qui ont une influence mystérieuse; ailleurs, des paroles qui possèdent un pouvoir merveilleux. De ce libertinage d'esprit à la licence des mœurs, la distance est étroite. Bientôt d'infâmes désordres font rougir la nature, l'inceste et l'adultère se propagent, des principes inouis jusqu'alors sont audacieusement proclamés, la folie et le dévergondage vont toujours croissant ; c'en est fait de toute raison, de toute morale parmi ces impudens novateurs.

Flétris à la face du jour, par l'éloquence chrétienne d'abord et puis ensuite par la voix publique, ils ne laisseront pas de propager encore leurs mystères de honte; on les verra se raniner au sein de la société catholique, ils enfanteront plus tard les Pauliciens d'Espagne, les Marichéens d'Orient, les Albigeois de France, les Vaudois Lyonnais; à presque toutes les sectes ils prêteront quelques-unes de leurs étranges rêveries, mais ils finiront, comme tout ce qui tient de l'honme, par être effacés de la terre pour faire place à d'autres erreurs qui, disparaissant à leur tour, céderont le terrain au catholicisme envahisseur du monde et des intelligences.

Tel est le caractère des premières hárésies. A la

naissance de l'Eglise, la philosophie païenne s'était agitée pour remuer l'empire; elle avait imprimé son caractère à l'époque: aussi, dans ces siècles de transition, tout porte un cachet philosophique. Les novateurs apparaissent sous une livrée philosophique, les apologistes donnent à leurs écrits une teinte philosophique, et voilà ce qui les justifie du reproche de Platonisme qui leur a été jeté par les ennemis de l'Eglise. Les sectes postérieures se présentent aussi toutes plus ou moins empreintes des idées en vogue dans les siècles où elles apparurent, toutes plus ou moins liées avec les opinions de l'âge qui les enfanta.

Ainsi, quand la pensée catholique est abandonnée à elle seule, lorsque Constantin vient imposer aux croyances son religieux despotisme, on voit s'élever Arius, dont les sectateurs troublent pendant bien des années l'empire et le monde catholique, les Nestoriens, qui divisent l'Orient et se propagent dans toute l'étendue de l'Asie,les Monothélites, qui ne cherchent à éviter un écueil que pour aller se briser contre un écueil non moins redoutable, - les Pélagiens, qui se partagent en une foule de sectes plus ou moins fanatiques, les Iconoclastes, qui remplissent Constantinople de leurs sacriléges profanations. Depuis que la société chrétienne est proclamée, les sectaires se renferment dans ce qui est du ressort de l'Eglise, les excursions philosophiques

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