Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

toute la profondeur, tout le pathétique d'un père de l'Eglise, appelé à si juste titre, le Jérémie du Ve siècle. Avons-nous atteint notre but? Sub judice lis est.

Les quelques pages d'introduction qui précèdent la vie de Salvien n'auraient pas été écrites, si elles n'étaient le manifeste et l'exposé d'une pensée qui nous préoccupe. Nous avons le dessein ferme et arrêté de traduire plus tard, et de livrer à l'impression les Pères de l'Église les plus remarquables comme apologistes, comme orateurs, comme moralistes, comme savans, comme poètes. C'est ainsi que nous donnerons successivement, Vincent de Lerins, Sidoine Apollinaire (1), les Lettres de Saint Jérôme, celles de Saint Cyprien, la Cité de Dieu, les Stromates, les beaux Traités de Tertullien, etc., toujours en suivant la ligne que nous avons adoptée pour un premier travail.

(1) Je me trouvais dernièrement chez M. Charles Nodier: Je vous engage beaucoup à traduire Sidoine, me disait-il avec ce ton de douce bienveillance qui le caractérise. Puis, il formulait un jugement exquis sur le talent et la manière de cet écrivain. Sidoine sera traduit, nous l'espérons, et dédié au savant littérateur.

(F.-Z. C.)

LYON, 18 Septembre 1833.

I.

ÉDITIONS DE SALVIEN.

[ocr errors]

Ce Traité fut publié,

Adversus Avaritiam libri quatuor. pour la première fois, par Jean Sichard, dans l'Antidotum; Bâle, 1528. Il en existe une édition, Trèves, 1609, in-4°, avec des notes de Jean Macherentini.

Le recueil des œuvres de Salvien a été publié, pour la première fois, par J.-Alex. Brassicanus; Bâle, Froben, 1530, in-fol. Le véritable nom de cet éditeur est Kolbulger; il naquit à Wirtemberg, en 1500, mourut à Vienne, 1539;Quoiqu'il ait composé ou publié un assez grand nombre d'ouvrages, il n'a point d'article dans la Biographie universelle, mais Niceron lui a consacré quelques pages dans le tome XXXII de ses Mémoires. Il y avait justice, car Brassicanus a découvert plusieurs manuscrits enfouis dans diverses bibliothèques, et il en a été le premier éditeur (1). Dans la Préface de son Salvien, il rend compte à l'évêque Stadion d'un voyage qu'il fit en Hongrie ; il y donne des détails fort curieux sur la bibliothèque fondée à Bude par le roi Matthias Corvinus. La description qu'il en fait peut nous donner une idée de la joie ou plutôt de l'enthousiasme qu'éprouvaient les savans de ce temps-là, quand ils se trouvaient au milieu de pareils trésors. Inspexi libros omnes, s'écrie-t-il; sed quid libros dico, quot libros, tot etiam thesauros istic inspexi, Dii immortales, quamque jucundum hoc spectaculum fuisse quis credat! Tunc certe non in

(1) Voy. G. Peignot, Choix de testamens anciens et modernes, t. II. p. 248.

bibliotheca, sed in Jovis gremio, quod aiunt, mihi esse videbar. La Préface et les Scholies de Brassicanus ont été reproduites dans plusieurs autres éditions de Salvien.

Celle de Rome, Paul Manuce, 1564, in-fol., est rare et recherchée. On fait encore quelque cas des éditions publiées par Pithou, Paris, 1580, in-8, et par Conrad Ritterhus, Aldtorf, 1611, même format; mais la plus belle et la meilleure de toutes (1) est celle qu'a donnée Baluze, et dans laquelle il a réuni les opuscules de saint Vincent de Lerins, Paris 1684, in-8. Il ne faut pas croire néanmoins qu'elle soit irréprochable; nous l'avons presque toujours suivie pour notre traduction, et nous y avons trouvé bien des fautes de tout genre.

II.

TRADUCTIONS DE SALVIEN.

Du vray Jugement et Providence divine, à S. Salonie euesque de Vienne. Livres VIII. traduicts du Latin de S. Salvian euesque de Marseille, par Nicolas de Baufremont Baron de Senescey. A Lyon, par Guillaume Rouille, 1575, in-8.

Nous empruntons à Du Verdier ce titre que M. Barbier donne ainsi dans ses Anonymes, no 18070:

Traité de la Providence, traduit du Latin de Salvien, par B. B. D. S. (Beaufremont de Senescey). Lyon, Rouillé, 1575, in-8.

Nicolas de Beaufremont, ou de Bauffremont, grand prévôt

(1) Ch. Nodier, Bibliothèque sacrée, p. 250. Notre savant bibliographe était distrait, sans doute, lorsqu'il a qualifié de seconde édition celle de 1684; c'est la troisième. Les deux autres datent de 1663 et 1669.

Henri III, mourut en 1582,
Le baron de Senescey est

--

de France sous Charles IX et dans son château de Senescey. le premier traducteur connu de Salvien; François de Belleforest qui florissait vers le même temps, a traduit aussi le Traité de la Providence, mais il ne paraît pas que sa version dont on conserve le manuscrit à la Bibliothèque royale ait été jamais imprimée. Voy. Bern. de Montfaucon, Bibl. bibl. Mss, p. 794.

Les Livres de la Providence de Dieu, traduits du Latin de Salvien, évêque de Marseille, par Pierre Du Ryer. Paris, Sommaville, 1634, in-8.

[ocr errors]
[ocr errors]

« La traduction de Du Ryer est précédée d'une épître à « M. l'abbé de Tillières qui, suivant l'usage de MM. les faiseurs d'épîtres, est le plus grand homme que l'on ait jamais vu. Lorsque je vous regarde, lui dit Du Ryer, sans tache parmi «< la corruption du siècle, je pense voir un rayon de soleil qui ne se souille pas davantage en s'étendant dessus la fange, qu'en reluisant dessus les fleurs. Du Ryer juge lui-même << sa traduction en peu de mots, et assez bien, suivant « moi. C'est un Français que je táche à faire parler français, et que je veux rendre profitable à tout son pays; je sais bien que l'on pourrait le faire mieux parler que je n'ai fait, mais je me suis efforcé, suivant son des« sein, de faire plutôt voir ses bons préceptes que de faire « entendre de belles paroles. Un discours est, ce me semble, « assez beau lorsqu'il est bon. Ces deux citations doivent « vous suffire pour apprécier le travail de Du Ryer, dont « vous avez d'ailleurs sous les mains une foule d'autres traductions (1). »

[ocr errors]
[ocr errors]

- Les OEuvres de Salvian evesque de Marseille contenant les huit livres de la Providence, les quatre livres contre

(1) Ce jugement est extrait d'une lettre de M. Weiss, Bibliothécaire de la ville de Besançon.

l'Avarice avec plusieurs epistres traduites avec des notes, par Pierre Gorse; Paris, Gaspar Meturas: 1655; in-4.

Nouvelle traduction des OEuvres de Salvien, et du Traité de Vincent de Lerins contre les Hérésies par le P. B... (Bonnet) prêtre de l'Oratoire; Paris, Valleyre, 1700, 2 vol. in-12. Avec un titre rafraîchi. Paris, chez Simon Bernard, 1702. Les auteurs du Journal des Sçavans (1) s'expriment ainsi en rendant compte de cette traduction : « Tous ceux qui ont « quelque connaissance des bons auteurs savent combien << celui-ci (Salvien) est estimable. Il serait difficile d'en trouver « un plus élégant, plus poli, plus utile, plus agréable, et dont les ouvrages soient plus du goût du siècle où nous « vivons. Les portraits, les descriptions et les satires dont il « est plein, sont fort à la mode. La traduction de ses livres << est d'autant plus difficile que le plus grand agrément qu'il a y ait, consistant dans l'arrangement et dans le choix des « termes, dans le tour et dans la délicatesse des expressions, « et dans la manière vive et noble de s'énoncer, il arrive « rarement qu'un traducteur puisse atteindre dans ces sortes d'ouvrages à la beauté de l'original, etc. » Les Sçavans critiques portent ensuite un jugement sur la traduction du P. Bonnet et sur celle de Drouet de Maupertuis. « Ce dernier, • disent-ils, ne s'est pas si fort attaché à la lettre (que le premier), mais il écrit avec beaucoup de délicatesse. Il a

«

[ocr errors]

« si bien pris le caractère de Salvien, et imité si parfaitement « son style, que sa version ne se fait pas lire moins agréa«blement que le latin de Salvien. »

C'est une décision singulière que celle-là !... Dans un âge de fortes études, dans un siècle où l'on étudiait, où l'on entendait très-bien les auteurs latins, je suis étonné de voir des Savans formuler un jugement faux en tout point. Le P. Bonnet s'attache si peu à la lettre, qu'il prend la liberté d'a

(1) Année 1702, p. 172 - 3.

TOM. I.

E

« ZurückWeiter »