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pèce humaine. Comparer seulement cette Force à quelque sève fatalement répandue, au sang qui bat, à quelque substance énergique, c'est renier le plus clair des symboles.

<«<L'Esprit intercède pour notre faiblesse, » écrit l'Apôtre, «< car ce que nous devons demander dans nos prières pour prier comme il faut, nous ne le savons pas; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous avec des gémissements ineffables1. » L'Esprit-Saint est donc une Personne. Si leMystère est nommé le Père, si le Fils est venu dans nos voies, le Saint-Esprit rappelle aux poètes qu'en Dieu la tendresse est unie à la grâce. Entre le Fils et le Père, la logique du dogme trouve une Mère en Dieu. Le divin ne naît point dans l'humain, sans que le Mystère cache une joie douloureuse.

L'image d'une Mère se glisse entre le monde et le cœur égoïste, et cette Mère, Amour au ciel, apparaît en l'Humanité sous ses traits positifs. 1 Ép. aux Romains, vIII, 26.

Le Maître la montre en nos voies, et les apôtres l'ont bien connue 1. Elle ne nous est pas refusée. << Ne savez-vous pas, dit saint Paul 2, que vous êtes le temple de Dieu et que l'esprit de Dieu habite en vous?... Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, lequel vous tenez de Dieu, et que vous n'êtes plus à vousmêmes? »

Jérusalem donc, cité philadelphe, se personnifie, et virtuellement le Grand Ètre est cette Mère sacrifiée. Ainsi que l'Homme Nouveau subit jadis la Passion dans le vieil homme, une Mère divine attend en nous la volonté de l'adoption 3. » Elle y aspire dans nos soupirs, elle l'espère encore jusque dans les souillures de notre dispersion. Elle a faim avec le pauvre et soif avec l'altéré. Elle a voulu, déchue volontaire de la paix éternelle, offrir son sein au fer des discordes; elle endurera dans le gémisse

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ment, afin qu'en son nom l'enfant nouveau se manifeste. Elle nous convie, elle nous presse et gonfle nos cœurs du ferment de sa Grâce.

Ainsi l'Église, ainsi la Terre déchirée du soc des hommes, sont une même figure avec elle. L'Église est cette Force, latente aujourd'hui, visible demain qui, nous laissant la liberté, nous rappelle au normal équilibre.

La vision de la paix demeure toujours douloureuse. La loi du monde est d'enfanter dans la souffrance jusqu'au jour où se rétablira le bien de l'ordre. Comme la société positive, l'Humanité en travail ne pousse qu'un long cri de douleur. Elle voudrait n'enfanter que des fils divins: chaque naissance est un de ses espoirs, et toute perte d'âmes une de ses larmes.

Un

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Il a pu n'être sage qu'en apparence d'écrire, comme l'a fait Vigny : « L'homme moderne ne croit pas toujours et n'affirme plus. »

Ses études premières n'avaient pas muni notre poète d'une connaissance, même sommaire, de la critique de Kant. Lorsque Barni soumit sa traduction à l'Académie, Vigny présent se contenta de dire: « Comme Allemand, je me récuse; comme Français, je m'affirme, » et il vota contre une récompense.

Il restait donc privé d'une arme forte. Il ne fondait pas sa pensée sur la doctrine positive par excellence, celle dont la base est empruntée à l'esprit même, et non point au monde exté

rieur. Il manquait de réponse aux arguments des littréens; il subissait leur influence. Asservi par suite au monde sensible, il n'entrait qu'avec peine dans sa voie véritable, cherchant à travers les espaces un centre de tout qui ne peut que nous fuir.

Si l'Amour n'est pas une duperie, la Beauté subjective contient pour l'homme tout l'utile secret du monde.

Sur ce principe s'est formée de nos jours une foi de philosophes. Ses premiers titres sont dans Aristote; Leibniz les y retrouve, et Schelling après lui. Sa force gît dans l'unité qu'elle confère aux sciences.

La philosophie de nos jours atteint par elle son âge adulte. Le centre de gravité des choses a passé du monde extérieur à celui des âmes et de la marionnette passagère au Mystère constant qui fait la raison d'être de tout ce qui est. Combien veulent se fier à la seule sensation, toucher au lieu de comprendre, comprendre au

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