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TROISIÈME PARTIE

DE LA RELIGION A L'ÉTAT PUR

L'amour éternel a aussi son mystère de douleur, sinon il ne serait pas l'amour.

(De PRESSENSE, Bull. théol., 1867.)

LIVRE I

LE MERVEILLEUX CHRÉTIEN

CHAPITRE I

LE PROBLÈME POÉTIQUE

Vierge comme une idée, mère comme une patrie, c'est un nouvel enfant que porte l'Espèce au ciel des fins. L'amour vivant dans le Christ préfigure l'amour au sein du Grand-Être.

La Réforme poétique s'est engagée chez nous sur de hautes espérances. Du but marqué par Chateaubriand, elle s'approchait vers 1824. La vieille France était aimée, chantée, ou, pour mieux dire, découverte. L'esprit épique s'essayait dans les voies de Ronsard et de SaintAmant. Éloa paraît donc, pour illustrer cette époque trop courte. Elle en marque même

l'apogée; en 1824, l'étoile de Soumet n'a plus

qu'à pâlir.

Mais bientôt cet essor s'arrête.

Un concours heureux avait rassemblé les fleurs précoces de la Muse française: quelques mois les dispersent. Chateaubriand, le maître des jeunes, est jeté dans l'opposition. Lamartine prête l'oreille à l'esprit nouveau. L'épopée cède la place au roman; le roman s'adjoint le théâtre, et l'incendie de 1830 dissipe en fumée les projets primitifs.

Et, pourtant, que de points à débattre dans le domaine de la poésie pure! Renouer avec la vieille France, - sans livrer l'avenir, — quelle tâche! L'événement seul en détourna les esprits; de nos jours, l'événement y ramène. Mais comment renouer avec la vieille France, si l'esprit et le cœur demeurent fermés à la vieille foi?

Aucune question n'est plus impliquée dans les Destinées. A vrai dire, c'est dans le Prologue surtout qu'elle éclate.

CHAPITRE II

LE MERVEILLEUX CHRÉTIEN DANS LE PROLOGUE

DES DESTINÉES

« Nous demandons sans cesse du merveil

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leux, »> disait Magnin, à propos d'Éloa; voilà certes du plus ravissant et du plus poétique. » Le prologue des Destinées suggère-t-il une pensée analogue?

Qu'on discute à loisir la donnée de ce singulier poème on peut critiquer, de même, celle d'Éloa. Un fait reste acquis: le problème poétique par excellence y reçoit une solution honorable.

Chateaubriand conférait à l'épopée le premier rang parmi les autres genres, parce que la vie de l'épopée ressortit d'une foi religieuse. Le

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