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ploutocratie; il confie à la classe industrielle

la primauté et le gouvernement.

Une seconde époque succède à celle-ci : les idées de Fourier, celles d'Owen échauffent les têtes; l'utopie est à l'honneur, mais la spéculation n'entreprend point sur les partis politiques. L'école socialiste, l'école démocratique avec Lamennais ou Armand Carrel, creusaient jusqu'alors un sillon séparé. Le parti de la révolution politique ne fuyait ni ne cherchait la révolution dans l'ordre social.

Le jour vint cependant où s'opéra la rencontre efficace 1.

Le même esprit, qui conférait le règne au capital, lui déclare désormais la guerre. L'utopie devient action, et la tempête fait entendre qu'elle est proche. Depuis 1840, les idées de L. Blanc, Proudhon, Cabet, circulent furieusement dans la population industrielle. Les fac

1 M. Paul Janet, dans les Problèmes du XIXe siècle, a mis en relief l'importance de cette rencontre.

tions naissent des sectes. Le sentiment social

devient perturbateur.

Alors seulement on en vint à comprendre une vieille leçon qui put sembler nouvelle. L'office public de l'éducation n'est pas de stimuler seulement, mais de régler et de rallier. L'éducation repose sur une foi sociale, interprète de l'expérience. Elle n'établit pas la hiérarchie; elle la retrouve. Elle en guide et protège l'évolution spontanée. Elle gouverne l'individu par la force de l'opinion publique. Elle replace au point de vue général la divergence des intérêts. Elle tient. en arrêt l'anarchie violente. Elle dégage dans l'enfant, et représente à l'homme mûr, les principes dont ils sont pénétrés. Elle met en relief la doctrine commune qui préside avec méthode aux progrès nécessaires.

CHAPITRE III

LE PLATONISME DANS LES POÈMES DE 1843-44

LE VERBE DE MALEBRANCHE

De nouveau donc la Religion convoquait à l'aider les premiers-nés du siècle! Hélas! en quel état ses fils!

Elle leur disait: « Je suis le baume. Ne cherchez pas d'autres remèdes. Je fermerai vos plaies. Je consolerai vos affligés. » Eux écoutaient sa parole oubliée. Ils trouvaient bon de rapprendre. Ils voulaient croire. Toute leur sagesse n'allait qu'à se taire.

Lorsque Cousin, vainqueur du condillacisme, appelait ses auditeurs du demi-jour de la foi à la pleine lumière de la pensée pure, comptait-il bien gagner le peuple?

La vérité, selon son dire, se découvrait par deux chemins.

Dans sa démarche naturelle, l'intelligence atteint d'abord, et sans le savoir, aux principes nécessaires. Car ces principes demeurent en elle, comme dans le corps muscles et tendons. Ils font leur œuvre sans qu'on les remarque. Le cœur en reçoit la lumière. Il les transforme en images colorées. Il dédaigne, pour les célébrer, toute langue ordinaire. Il se répand en hymnes naïfs. Comme ces tiges feuillues qu'un ouvrier suspend au cours d'une eau saline, et qu'il retrouve, après quelques jours, chargées de cristaux scintillants, la Raison éternelle repose dans les âmes des saints et des justes. Elle habite dans leur richesse, elle s'y métamorphose, et puis paraît au reste des hommes sous des symboles pleins de majesté. Elle s'appelle alors l'inspiration. Elle tient d'En-Haut sa mission, et son autorité paraît absolue. C'est le principe de toute religion: on l'appelle l'intuition spontanée.

Mais qu'après avoir vu, l'homme regarde enfin : qu'à la pure conception la réflexion succède: elle abstrait, analyse, raisonne et classe; elle décompose les rayons du prisme; et comme, à l'âge de sa majorité, le jeune homme secoue les chaînes de son enfance, la raison déchire alors les bandelettes sacrées: elle ne veut plus qu'être libre.

Le christianisme, disait Cousin, c'est la philosophie des masses. Mais la vraie Philosophie est patiente. Heureuse de voir le peuple aux bras de la Religion, elle se contente de lui tendre doucement la main, et l'invite à s'élever encore.

Qu'allait tenter à son tour l'auteur de Paris?. Ce n'est pas de raison, mais d'amour; qu'avait besoin le cœur des poètes. Et ce désir n'était pas assouvi. Ni la tradition n'était connue, sinon par l'écorce, et cette écorce paraissait craquelée comme celle du platane après la saison; ni la liberté n'était religieuse, dédaigneuse

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