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» sera plus la foi, mais la vision. Que faut-il >> faire en attendant, sinon croire et adorer ce >> qu'on n'entend pas, unir par la foi ce qu'on ne » peut unir par l'intelligence, et en un mot » comme dit saint Paul, réduire son esprit en » captivité sous l'obéissance de Jésus-Christ?....

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>> Que sert donc d'alléguer la grâce efficace et »les thomistes? Ces docteurs, comme les autres >> catholiques, sont d'accord à ne point mettre » dans le choix de l'homme une inévitable né» cessité, mais une liberté entière de faire et de » ne pas faire. S'ils ont de la peine à l'accorder » avec l'immutabilité de Dieu, ils ne succombent » pourtant pas à la difficulté. Ils rament de toute » leur force, pour s'empêcher d'être jetés contre » l'écueil. »

Jurieu avoit encore objecté à Bossuet le prétendu semi-pélagianisme des molinistes, dont le systême est abandonné à la liberté des écoles.

L'opinion personnelle de Bossuet différoit de celle des molinistes; mais il ne se croyoit pas en droit de condamner ce que l'Eglise n'a pas condamné.

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Quant à ce que M. Jurieu nous objecte, » que nos molinistes sont semi-pélagiens, s'il en » avoit seulement ouvert les livres, il auroit

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XIV.

Du 3.e aver

>> une préférence gratuite de la divine miséri» corde, une grâce toujours prévenante, tou» jours nécessaire pour toutes les œuvres de piété. » C'est ce qu'on ne trouvera jamais dans les semi-pélagiens. Que si on passe plus avant, ou » qu'on fasse précéder la grâce par quelque » acte purement humain, à quoi on l'attache,

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je ne craindrai point d'être contredit par au>> cun catholique, en assurant que ce seroit de » soi une erreur mortelle, qui ôteroit le fonde» ment de l'humilité, et que l'Eglise ne tolère» roit jamais, après avoir décidé tant de fois, » et encore en dernier lieu dans le concile de » Trente, que tout le bien, jusqu'aux premières

dispositions de la conversion du pécheur, vient » d'une grâce excitante et prévenante, qui n'est précédée par aucun mérite. »

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Le sujet du troisième avertissement aux protissementaux testans rentre en grande partie dans ce qui a protestans. fait la matière du second. C'est toujours sur la question de l'Eglise, question que les protes» tans évitent, autant qu'ils peuvent, d'agiter », dit Bossuet, «< comme l'écueil où ils viennent toujours » se briser ». Mais les variations et les contradictions continuelles de Jurieu lui donnent lieu d'y ajouter de nouveaux développemens et des réflexions qui sont d'un grand intérêt.

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Bossuet fait remarquer que dans l'origine, les luthériens eux-mêmes convenoient qu'on pouvoit se sauver dans l'Eglise romaine; « ils fai» soient même semblant de ne vouloir pas y re» noncer. Les deux partis de la réforme, tant les zuingliens, que ceux de la confession d'Ausbourg, se soumettoient au concile que le pape >> assembleroit; ils mettoient au nombre des plus » grands saints les plus zélés défenseurs de l'Eglise et de la croyance romaine, tels que saint Bernard, saint Bonaventure, saint François » d'Assise; et Luther reconnoissoit en termes magnifiques le salut et la sainteté dans cette église

>>

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Les calvinistes eux-mêmes persévérèrent longtemps dans la même opinion; et Bossuet rappelle ce qui se passa à l'occasion de l'abjuration d'Henri IV, à qui les théologiens protestans avouèrent pour la plupart, qu'avec eux l'état étoit plus parfait, mais qu'on pouvoit étre sauvé dans l'Eglise catholique; fait remarquable, confirmé par le témoignage du duc de Sully, sincèrement attaché à la religion protestante.

Cet aveu avoit donné lieu aux catholiques de demander aux protestans à quoi donc avoit servi d'allumer le feu des guerres civiles et religieuses dans toute l'Europe, et d'y avoir fait couler des

torrens de sang pendant cent cinquante ans, pour se séparer avec tant de violence d'une Eglise dans laquelle ils convenoient eux-mêmes qu'on pouvoit faire son salut. L'objection étoit pressante et pouvoit faire impression sur les esprits raisonnables. La conversion d'Henri IV, justifiée de leur propre aveu, et dont l'exemple avoit été suivi par les chefs de plusieurs maisons puissantes, porta tout-à-coup les ministres protestans à rétracter un aveu si préjudiciable aux intérêts politiques de leur parti. Ce fut alors qu'ils imaginèrent, pour fasciner l'esprit de la multitude, de déclarer, par un décret solennel d'un de leurs synodes (1), que le pape étoit l'antechrist, que Rome étoit Babylone, et que tout le culte de l'Eglise romaine n'étoit qu'un amas d'idolâtries. Ils se flattèrent d'avoir établi par ces déclamations extravagantes une barrière insurmontable entre Rome et Genève.

Cependant, lorsque vers le commencement du règne de Louis XIV, le gouvernement et le clergé de France eurent formé le projet de ramener

(1) Luther et quelques autres déclamateurs virulens, avoient à la vérité donné au pape et à Rome les noms d'Antechrist et de Babylone. Mais jamais aucune de leurs assemblées ecclésiastiques n'avoit osé en faire l'objet d'un décret formel. Mélanchton l'avoit même effacé de la confession d'Ausbourg, où Luther avoit voulu les faire insérer.

les protestans par des discussions raisonnées; lorsque Bossuet eut commencé à introduire dans ce genre de controverses une méthode qui mettoit toutes les classes de catholiques et de protestans à portée de réduire ces étranges accusations à leur juste valeur, et de demander des preuves et des faits au lieu de déclamations, les ministres les plus habiles se sentirent obligés à abjurer jusqu'à un certain point la rigueur de leurs principes. Ils sentirent en effet qu'il étoit un peu dur de damner impitoyablement tout ce qui avoit professé la religion romaine depuis douze cents ans ; car ils n'avoient jamais désavoué qu'on ne pût encore y obtenir le salut au cinquième siècle, quoiqu'on y fût déjà un peu idolâtre. Ils étoient d'autant plus embarrassés à justifier cette proscription générale, qu'ils convenoient eux-mêmes que, lorsque les premiers réformateurs firent entendre leur nouvelle doctrine, ils n'avoient pas trouvé un seul individu qui déclarât qu'il avoit toujours pensé comme eux. Ainsi l'idolatrie étoit universelle dans l'Eglise latine, comme dans l'Eglise grecque, dans tout l'Orient comme dans tout l'Occident.

Mais la grande difficulté étoit de concilier le salut avec cette profession publique de l'idolâ

trie.

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