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» d'autant plus délicates, qu'il falloit concilier à » la fois l'autorité de Rome et les droits des évê» ques, les maximes et les libertés de l'Eglise gal»licane avec la jalousie du parlement; on doit

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ajouter que l'assemblée de Paris devoit servir » de modèle aux autres assemblées du royaume. » Lorsque toutes les assemblées métropolitaines de l'Eglise gallicane eurent unanimement adhéré au jugement qui condamnoit le livre des Maximes des saints, le roi fit expédier des lettres-patentes pour faire enregistrer au parlement le bref d'INNOCENT XII. Ce fut M. d'Aguesseau, alors avocat-général, et depuis chancelier de France, qui porta la parole en cette occasion.

Lorsqu'on a lu le discours qu'il prononça pour requérir l'enregistrement du bref du pape, on ne sait ce qu'on doit le plus admirer dans ce monu

ment immortel de la solidité des maximes de l'E

* Paroles glise de France *, ou de la sagesse et de l'éloHénaut. quence avec laquelle il concilia les véritables

du président

principes de l'Eglise et de l'Etat; ou, ce qui étoit peut-être plus difficile encore dans la circonstance où il parloit, de sa juste admiration pour le génie et les talens de Bossuet, à laquelle il sut mêler l'expression touchante de l'intérêt que la vertueuse soumission de Fénélon venoit d'exciter dans tous les cœurs; on ne peut que répéter avec le pré

sident Hénaut, que ce discours est fait pour honorer à jamais la mémoire de ce grand magistrat.

>>

Bossuet en avoit porté le même jugement que la postérité (1). « M. de Meaux, écrit l'abbé Ledieu, » ne cessoit de le louer. Il en a long-temps vanté >> la saine et exacte doctrine sur le centre d'unité qui est le pape; la supériorité des conciles gé» néraux, l'autorité des évêques de droit divin, >> et le saint concours de toutes les églises pour >> faire une décision infaillible. Il disoit que c'é>> toit précisément la doctrine de l'assemblée de » Paris; il louoit l'éloquence, les tours, l'insi» nuation, la douceur du réquisitoire, qu'il di» soit être un ouvrage digne du zèle d'un évêque » et d'un théologien, plutôt que d'un magistrat, » parce que messieurs du parlement n'ont pas >> coutume d'être si favorables à l'Eglise. Aussi at» tribuoit-il le succès de cette pièce à la bonne » éducation de M. d'Aguesseau, à sa piété, à son » zèle pour l'Eglise. Une seule chose qu'il n'ap» prouvoit pas, étoit que l'auteur parlât comme >> de deux puissances, en parlant de celle du pape » et de celle des évêques qui ne sont qu'une seule » et même puissance, sans compter quelques af

(1) Il paroît par les manuscrits de l'abbé Ledieu, que M. d'Aguesseau s'étoit concerté avec Bossuet sur le plan de son dis

cours.

* Mts. de Ledieu.

» fectations dans le style qui ne méritent pas d'ê » tre relevées.

>>

Quand dans la suite, on a dit que Rome se · » trouvoit choquée de ce réquisitoire, et qu'elle pensoit à en faire justice, il ne faut pas le crain» dre, dit M. de Meaux, après la satisfaction » que Rome a marquée du procès-verbal de l'as» semblée de Paris, puisque c'est la même doc» trine ; et c'est ce qu'on verra bien, quand on le » lira avec attention. C'est la commune doctrine » de France, et les Romains savent bien qu'ils ne » nous la feront pas abandonner ».

Toutes les assemblées métropolitaines, en adhérant par voie de jugement et d'acceptation au bref du pape INNOCENT XII, étoient convenues que chaque évêque publieroit pour son diocèse un mandement particulier conforme aux décisior: prises dans les assemblées. C'est ce qui fut exécuté dans toute la France aussitôt que la déclaration du roi, pour autoriser la publication da bref du pape, eut été enregistrée au parlement. Le cardinal de Noailles donna le premier l'exemple; et Bossuet, en une heure de temps, dit l'abbé Ledieu, composa son mandement dans la matinée du 16 août (1699): et il le publia dans le synode de son diocèse le 3 septembre suivant. << * Ce mandement, qui est très-court, explique

» avec netteté et précision deux points essentiels
» de la puissance ecclésiastique; mais avec tant
» de
sagesse, les Romains eux-mêmes en ont
, que
>> fait l'éloge, sans que leurs oreilles délicates en
» aient même été légèrement offensées. Ces deux
» points sont la force invariable des jugemens
ecclésiastiques dans l'union du corps de l'épis-
» copat avec le chef de l'Eglise qui prononce, et
>> cette même autorité regardée dans ses effets
>> contre les erreurs et les hérétiques qu'elle pros-
» crit également. >>

>>

Bossuet sut y amener l'éloge de Fénélon, en rappelant son édifiante soumission au jugement qui l'avoit condamné. Mais les expressions mêmes du mandement nous feront encore mieux connoître l'exactitude des principes qu'il s'attachoit toujours à établir et à confirmer.

J

XXII.

de Bossuet

du

bref d'Inno

cent XII.

<< Dans l'obligation où nous sommes, disoit Mandement » Bossuet, de condamner les fausses doctrines, pour l'accep » même dans les livres où elles paroissent avec tation » leurs plus belles couleurs, quoique toujours » sans l'autorité de l'Ecriture et sans le témoi» gnage de la tradition, nous parlerons avec d'au>> tant plus de confiance, que cette condamnation » est précédée d'une constitution apostolique, » où la foi de saint Pierre et de l'Eglise romaine, >> mère et maîtresse des églises, s'est expliquée.....

» Une censure si claire et si solennelle a eu >> tout l'effet qu'on en pouvoit espérer. Le même » esprit de la tradition qui a fait parler le chef » visible de l'Eglise, lui a uni les membres. Toutes » les provinces ecclésiastiques de ce royaume ont » reçu et accepté la constitution avec le res» pect et la soumission ordinaires; et nous avons >> eu la consolation, tant désirée et tant espérée, » de voir M. l'archevêque de Cambrai s'y sou» mettre le premier simplement, absolument et » sans aucune restriction, en ajoutant même de» puis, quelque pensée qu'il ait pu avoir de son » livre, qu'il renonçoit à son jugement pour se » conformer à celui du souverain pontife....... Les » ennemis de l'Eglise, si attentifs aux divisions >> qui sembloient s'y élever, peuvent voir par cet exemple, qu'elle se glorifie en notre Seigneur » du remède qu'il a opposé aux dissensions, en » donnant un chef aux évêques et à l'Eglise vi>>sible avec lequel tout le corps garde l'unité. »

C'est dans ce mandement de Bossuet qu'il faut chercher le véritable jugement de ce grand homme sur la soumission de Fénélon; et on doit oublier que dans sa correspondance avec son neveu, il n'avoit pas d'abord rendu toute la justice qui étoit due à cet exemple éclatant et peut-être unique de docilité. Le mandement par lequel Fé

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