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rant l'autorité de l'Eglise. Dans le plan qu'avoit conçu Bossuet, à peine daigne-t-il faire remarquer ces contradictions personnelles, qui ne servent qu'à attester l'instabilité de caractère et d'esprit de ces hommes si vantés dans leur parti.

Mais le véritable objet de Bossuet étoit de montrer par des actes authentiques, que les Eglises protestantes tantôt amies et tantôt ennemies, embarrassées de s'expliquer elles-mêmes sur ce qu' 'elles croyoient, ou sur ce qu'elles ne croyoient pas, avoient abrogé dans le court espace de quelques années leurs premiers symboles de doctrine, et avoient successivement adopté les professions de foi les plus opposées, en produisant les unes et les autres comme la pure et fidèle interprétation de la parole de Dieu.

III.

Confession d'Ausbourg,

des luthé

A la tête de ces symboles, Bossuet place la célèbre confession de foi présentée à Charles-Quint en 1530. à la diète d'Ausbourg, en 1530, la première de Variations toutes dans l'ordre des temps, celle qui sert en- riens. core de règle de foi à une grande partie de l'Allemagne et aux royaumes du nord, et qu'affectent de respecter ceux même qui la rejettent. «<* Elle » fut rédigée par Mélanchton, le plus éloquent » et le plus poli, aussi bien que le plus modéré » de tous les disciples de Luther. »

Bossuet fait remarquer comme une singularité
BOSSUET. Tome 111.

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* Ibid.

vraiment extraordinaire, qu'il existe quatre éditions de la Confession d'Ausbourg, toutes les quatre imprimées du vivant de Luther et de Mélanchton, toutes les quatre déclarées authentiques, et qui toutes les quatre se contredisent sur des articles essentiels, sans qu'on ait jamais pu savoir, sans qu'on sache encore quelle est celle qui fut véritablement présentée à Charles-Quint.

Tandis que Luther et Mélanchton présentoient une profession de foi à la diete d'Ausbourg, Zuingle en adressoit une autre à la même diète, où il établissoit une doctrine absolument opposée à celle des luthériens et Bucer de son côté en présentoit une troisième au nom de la ville de Strasbourg, et des trois autres villes d'Allemagne, qui ne s'accordoit ni avec la doctrine de Luther, ni avec celle de Zuingle.

:

On conçoit facilement qu'indépendamment de toute autre considération, tant de contradictions entre des hommes qui établissoient en principe que l'Ecriture sainte suffisoit seule pour régler la foi commune, devoient peu disposer CharlesQuint à favoriser un parti dont les chefs n'entendoient pas plus ce qu'ils devoient croire,et ce qu'on devoit croire, qu'ils ne s'entendoient entr'eux.

La confession d'Ausbourg s'accordoit en plusieurs points avec la doctrine de l'Eglise romaine;

et Mélanchton, qui l'avoit rédigée, toujours fidèle à son caractère de modération, sembloit s'être attaché à employer des expressions assez ménagées, pour laisser entrevoir la possibilité d'une réunion à l'Eglise romaine. Il avoue luimême dans ses lettres confidentielles « qu'il en au» roit fait encore davantage, si ses compagnons »le lui eussent permis. Mais, ajoute-t-il, 'ils ne » se mettent en peine de rien ». Il lui avoit même fallu beaucoup d'art et de patience, pour amener Luther à un langage aussi modéré.

Les intentions estimables de Mélanchton se manifestent d'une manière encore plus sensible dans l'Apologie de la confession d'Ausbourg, qu'il publià peu de temps après la séparation de la diète. Il semble n'y attribuer à l'Eglise romaine une doctrine ridicule et extravagante, que pour en obtenir un désaveu d'autant plus facile à lui accorder, qu'il n'en avoit pas même besoin, et qu'il est peu vraisemblable qu'un homme aussi instruit et d'autant d'esprit que Mélanchton, nè connût pas les véritables sentimens de l'Eglise romaine sur les étranges opinions qu'il se plaisoit à lui attribuer dans cette apologie.

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) (

Mais le doux et timide Mélanchton passa toute sa vie à gémir sous la tyrannie de Luther, et ne put jamais voir ces jours de paix et de concorde

qu'il invoquoit dans toute la sincérité de son

cœur.

La division qui avoit éclaté à la diète d'Ausbourg entre les disciples de Luther et ceux de Zuingle, allarma le subtil Bucer. Il voulut former un seul corps de ces deux grands partis si irrités l'un contre l'autre ; car Luther ne cessoit de prodiguer les injures et les anathèmes à tous ceux qui ne pensoient pas comme lui.

Bucer, toujours habile en équivoques, ne désespéra pas de tromper Luther et Zuingle par une profession de foi si adroitement conçue, que les deux partis croiroient y voir ce qui n'y étoit pas; et il faut convenir qu'il fut assez adroit pour endormir un moment la méfiance de Luther; c'est ce qui produisit l'accord de Wittemberg en 1536.

Mais le triomphe de Bucer ne fut pas de longue durée, il finit par mécontenter les deux partis, et il ne lui resta de tant de négociations frauduleuses que la réputation de ne pouvoir inspirer au*Histoire des cune confiance à ses amis mêmes. «*Lorsque Calvin, ami de Bucer, et en quelque sorte son disciple, vouloit exprimer une obscurité blâmable » dans une profession de foi, il disoit qu'il n'y » avoit rien de si embarrassé, de si obscur, de si » ambigu, de si tortueux dans Bucer méme.

variations,

liv. IV.

>>

>>

» Au reste, ajoute Bossuet, ces artificieuses

>> ambiguités étoient tellement l'esprit de la nou» velle réforme, que Mélanchton même, c'est» à-dire, le plus sincère de tous les hommes par » son naturel, et celui qui avoit le plus condamné >> les équivoques dans les matières de foi, s'y laissa >> entraîner contre son inclination. A l'époque où >> l'on tint la première assemblée de Ratisbonne, » pour concilier la religion catholique avec la » protestante, Mélanchton et Bucer (c'est Cal» vin lui-même, ami intime de Mélanchton et de » Bucer, qui l'a écrit ) composoient sur la tran>> substantiation des formules de foi équivoques et >> trompeuses, pour voir s'ils pourroient conten>> ter leurs adversaires en ne leur donnant rien. » Tant de professions de foi ne suffisoient pas. Un an seulement après l'accord de Wittemberg, en 1537, Luther rédigea à Smalcalde de nouveaux articles, où il s'exprimoit plus fortement que jamais en faveur de la présence réelle contre la doctrine de Zuingle. Mais dans ces articles: destinés à être présentés au concile de Trente, il commençoit par déclarer que le pape étoit le vrai Antechrist. On sent qu'un pareil début dans une négociation n'annonçoit pas des dispositions bien conciliantes.

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Quelque doux et quelque timide que fût Mé

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