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tienne un spécimen des blés les plus hétéroclites. Les semailles une fois faites, les soins se borneront à écarter les oiseaux au moment de la maturité. Nous ne disons pas de la moisson, car la récolte sera abandonnée à elle-même. A partir de ce moment, on attendra, et si nos prévisions ne nous trompent pas, nous craignons bien que l'on ne soit pas obligé d'attendre 4 ans pour constater la disparition du dernier épi de Triticum sativum. Mais si le cultivateur a peu de chose à faire dans l'expérience que nous indiquons, l'observateur a, en revanche, bien des notes à recueillir. Il lui faudra s'assurer de la gradation dans la disparition; il lui faudra, de plus, constater quelles sont les espèces qui supportent le mieux cet abandon; quelles sont, au contraire, les espèces que cette négligence atteint le plus vite et affecte le plus profondément; il lui faudra enfin déterminer la nature et le nombre des végétaux envahisseurs du sol, ainsi que l'ordre dans lequel ils seront apparus. Il aura alors la clé de plus d'un problème botanique; il pourra, à coup sûr, déterminer quelle est, entre toutes ces variétés, la variété la plus perfectionnée, la variété civilisée par excellence, si nous pouvons nous exprimer ainsi, car ce sera inévitablement cette variété dernière obtenue qui partira ou dégénérera la première. Nous n'insistons pas, mais il nous semble qu'on peut voir d'ici l'importance pratique du mode de solution que nous proposons. Le jour n'est pas éloigné (espérons-le, du moins, et hâtons-en l'accomplissement de tous nos vœux et de tous nos efforts), le jour n'est pas éloigné où chaque école rurale sera obligatoirement pourvue d'un jardin d'études agricoles, où l'Instituteur sera heureux d'être obligatoirement tenu d'y enseigner, par l'exemple et l'expérimentation, l'amour des champs et des choses de l'agriculture. Ce jour là, l'expérience que nous proposons pourra être tentée avec fruit à tous les points cardinaux de la France, dans les sols les plus dissemblables, sous des conditions de température et de climatologie très-diverses, et les résultats obtenus seront comme autant de points lumineux qui éclaireront cette question.

NOTES INÉDITES

D'ARCHÉOLOGIE ET D'HISTOIRE

Sur quelques Localités de l'Arrondissement du Havre

PAR FEU M. FALLUE

Membre Correspondant

Depuis quarante ans que je m'occupe d'archéologie et d'histoire, j'ai réuni une foule de notes inédites susceptibles d'être utilisées pour des travaux que je ne me sens plus le courage d'entreprendre. Mais ne connaissant pas le sort que ces notes auront après moi, je prends le parti d'en publier quelques-unes qui pourront servir à qui voudra les utiliser. Je commencerai par celles qui ont trait à l'arrondissement du Havre et à quelques localités voisines. Je dois ce souvenir aux lieux qui ont été témoins de mes premiers travaux..

LA CHAPELLE DU PORT, OU PRIEURE DE SAINT-Dignefort.

Je placerai d'abord certaines notes qui concernent deux prieurés existant autrefois sur la terre seigneuriale d'Orcher :

l'un se nommait, dans l'origine, la chapelle du port, connue postérieurement sous la dénomination de Saint-Dignefort.

Harfleur, dans la plus haute antiquité, était la première station maritime de la rive droite de la Seine. La piété de nos pères y avait établi une chapelle correspondant à celle de Notre-Dame-de-Grâce située sur la côte de Honfleur, premier port de la rive gauche. Les marins franchissaient donc l'entrée du fleuve sous la protection de ces deux chapelles.

Celle du port était ainsi nommée parce qu'elle dominait la rade antique de Caracotinum où César réunit ses navires pour entreprendre son expédition dans l'île des Bretons.

La chapelle de Saint-Dignefort, maintenant dénudée et ne servant plus au culte, existe au milieu de quelques bâtiments de ferme utilisés pour l'exploitation des terres environnantes. Il ne faut pas faire de longues recherches pour la reconnaître et découvrir que les terres voisines ont possédé des habitations et des urnes funéraires remontant aux premiers siècles de l'occupation romaine. Cette remarque est commune à tout le territoire d'Harfleur où nous avons trouvé, sur la côte opposée à celle de Saint Dignefort, un temple dédié à Mercure, et dans la vallée, une infinité de débris antiques.

Il est probable que la chapelle du port dut son origine aux plus anciens seigneurs de la terre d'Orcher; qu'elle était depuis longtemps sans importance et délaissée, lorsque Guillaume d'Angerville, qui en était possesseur, résolut d'y introduire des chanoines réguliers de la communauté de Graville.

Il donna, à cet effet, aux prieur, chanoines et chapitre de ce dernier couvent, la chapelle et les biens qui y étaient attachés, ne se réservant que les prières et les bénéfices spirituels.

L'établissement devint donc un prieuré dépendant de celui de Graville qui en nomma le prieur avec l'assentiment du seigneur d'Orcher. La charte de fondation n'oblige pas le prieur à résidence, ni à célébrer la messe au château.

Cet état de choses marcha régulièrement jusqu'en 1661, époque à laquelle M. de Novion, premier président du Parlement de Paris et seigneur d'Orcher, ajouta dans son acte d'acceptation du frère Robert-le-Dents, en qualité de prieur de Saint-Dignefort, que ce religieux y ferait sa résidence, et serait tenu, quand ce magistrat serait à son château d'Orcher, d'y venir journellement dire et célébrer la messe ainsi que l'avaient fait Etienne Denis, Lucas Veillot et autres de leurs prédécesseurs.

La communauté ne fit pas d'objections par déférence pour M. de Novion qui résidait peu de temps à Orcher; elle lui aurait même envoyé un religieux de Graville en l'absence du prieur; mais cette déférence n'était pas un titre, et le dernier prieur n'avait pas le droit d'imposer cette charge à ses

successeurs.

La même communauté protesta en 1720, lorsque Law voulut contraindre le chapelain de Saint-Dignefort à venir dire la messe dans son château; elle en fit de même quand le sieur de Vitry voulut afficher de pareilles prétentions. Ces deux seigneurs, cédant aux remontrances du prieur de Graville, n'insistèrent pas.

Il n'en fut pas de même du temps de M. de Malassise; ses exigences occasionnèrent un procès. Il voulut que le chapelain résidât et vint tous les jours lui dire la messe. Les religieux soutinrent ce procès, disant qu'ils n'étaient pas tenus à la charge qu'on voulait leur imposer, car la charte de fondation ne les obligeait qu'à fournir un gardien pour la chapelle; que frère Magné, le titulaire actuel, avait été rappelé par ordre supérieur, dans l'abbaye de Saint-Amand, par suite de la réforme des communautés; car il faut avouer,

» dit le mémoire des religieux de Graville, que dans les » ordres réguliers, la résidence dans les bénéfices a été long» temps observée, mais qu'il a été besoin d'ôter les occa»sions de scandale en rappelant les religieux dans les n cloîtres, tout en laissant subsister les titres et bénéfices » sur leur tête, avec cette différence que le revenu du béné»fice passe à la maison mère. »

La révolution de 1789 a éteint ces petites disputes qui ont souvent existé entre le clergé et la noblesse pour des causes bien futiles. La bourgeoisie occupait moins les hautes cours de justice que le trône et l'autel.

La chapelle a cessé, à la même époque, d'être consacrée au culte, ses biens ont été confisqués. On voit encore à côté la modeste habitation du chapelain et quelques bâtiments qui servent à l'exploitation des terres voisines.

PRIEURE DE NOTRE DAME-DES-BOIS.

Vers l'an 1340, Pierre Le Marchand, clerc du tiers ordre de Saint-François, cheminant à la grâce de Dieu, arriva dans les bois d'Orcher, et découvrit dans un lieu solitaire un emplacement qui lui parut convenable pour y établir une chapelle en l'honneur de la vierge Marie, des Saints et Saintes du paradis. Cette idée lui venant d'en haut, il y donna suite avec l'aide de Nicolas Dubuchet, écuyer, et de plusieurs autres personnages pieux de ses amis.

Guillaume d'Auricher, maréchal de Normandie, approuva cette création, et assigna des rentes pour l'entretien de la chapelle, la nourriture d'un prieur, et de deux religieux qu'il demanderait au monastère de Valmont.

Dans sa charte de fondation, on remarque les clauses suivantes : « Le susdit monastère de Valmont élira trois de ses > moines, du nombre desquels, Guillaume d'Auricher ou ses

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