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plus ainsi; suave apparition qui n'a rien de terrestre que la demeure que les archéologues lui infligent, nymphe chrétienne, sanctifiée par l'auréole, consacrée par le martyre, et dont le plus précieux mausolée est encore la reconnaissance des fidèles et leur affectueuse confiance, survivant durant tant de siècles aux monuments fragiles et matériels.

ALLIANCE NÉCESSAIRE

DE LA

Métaphysique avec les Sciences

(FRAGMENT)

PAR M. E. LABBÉ

Membre Résidant

Il fut un temps où il était de mode de combattre la philosophie comme un fléau dangereux. On ne se donne plus tant de peine aujourd'hui. On se contente d'en rire et l'on passe outre. Tout au plus l'accepte-t-on comme un honnête prétexte à déclamations; mais c'est à la condition de la nier comme science sérieuse et progressive. Une certaine école qui ne veut voir partout que des faits et les lois de ces faits, c'est-à-dire encore des faits généralisés, regarde les conceptions métaphysiques comme des illusions de l'esprit humain, condamné, sur ces questions transcendantes de l'âme et de Dieu, à tourner dans un cercle perpétuel, à piétiner sur place, sans avancer d'un pas.

Il faut avouer que ces dédaigneux n'auraient pas tort, si leur dédain ne tombait à faux sur une philosophie de conven

tion qu'ils imaginent pour les besoins de la cause, et que, dès lors, ils n'ont pas de peine à tuer, puisqu'elle n'est pas née viable. Mais il y a une autre philosophie immortelle, perennis quædam philosophia, née de la réflexion s'exerçant sur les données de l'expérience, contemporaine de tous les progrès de la science qu'elle accompagne, suit et précède même souvent dans chacune de ses évolutions. Cette philosophie vivante et perfectible, la seule qui ne meure point et qui rajeunisse à toutes les époques de la civilisation, cette philosophie ne se bâtit pas dans le vide des conceptions a priori, mais se fonde sur des données scientifiques, prend pour matière les découvertes même de la science, et, comme elle, consent à passer et passe en effet, victorieusement, par toutes les épreuves d'une méthode exigeante, pour aboutir à la lumière de l'évidence rationnelle et se reposer dans la sécurité d'une invincible certitude.

Il y a, en réalité, deux manières de philosopher, différentes par leurs principes, leur point de départ et leur méthode, différentes par conséquent dans la valeur de leurs résultats.

Si l'on se contente d'accepter des définitions toutes faites, de jurer sur la parole d'un maître et de reprendre de vieux arguments cent fois battus en brèche, ou si l'on donne pour base à ses spéculations des hypothèses imaginaires, des rêves creux et bizarres, ou même des formules dogmatiques qui séduisent par une apparence de fausse rigueur, en d'autres termes, si l'on s'enferme dans une scolastique 'impuissante et morte, ou si l'on veut innover en partant, à la façon de Spinosa, d'une définition a priori de la substance et de l'être, on ne peut aboutir à rien de clair, de net, de précis, on mérite les railleries et les dédains dont je parlais tout à l'heure.

Mais juger la philosophie sur une pareille idée, c'est la méconnaître et la calomnier, c'est condamner l'original sur une copie infidèle et informe.

La vraie philosophie n'a pas ce caractère d'inutilité, ni cet aspect systématique.

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Je voudrais montrer combien son alliance intime avec les autres sciences la rend intéressante et féconde, et comment un point de vue plus large et plus réel permet d'y faire entrer la vie et le progrès.

La première prérogative de l'homme, celle qui fait de lui un être à part dans la création et supérieur à tout ce qui l'entoure, c'est la faculté qu'il possède de rechercher, avant tout, dans les choses, la raison même des choses, la longue chaîne de rapports qui les unissent, l'ordre harmonieux qu'elles cachent sous leur apparente confusion.

Pénétrer le sens des phénomènes, rattacher les effets à leurs causes et ces causes à d'autres plus générales, chercher sous le flot mobile des évènements la loi constante du courant qui, tour à tour, les amène et les emporte; c'est là un besoin inhérent à notre nature, et c'est ce besoin qui, pour se satisfaire, a créé la science.

Les sciences mathématiques ou physiques, historiques ou morales, sont toutes des systèmes d'idées liées entr'elles par des rapports nécessaires de cause à effet, et ces systèmes résument, chacun sur un objet déterminé, la somme des découvertes et des réflexions de l'humanité tout entière.

Imaginéz maintenant tous ces systèmes, tous ces ensembles de connaissances, rattachés les uns autres et condensés dans une puissante synthèse, comme celle qu'à tentée M. de Humbold, et vous aurez l'image de la science universelle, dont la réalisation complète n'est sans doute qu'un rêve, mais un rêve grandiose et généreux qui stimule nos efforts par le splendide rayonnement du but entrevu, et console de toutes les fatigues par la promesse qu'elles ne seront pas perdues pour l'avenir.

Mais cette poursuite continuelle, acharnée de la science, c'est-à-dire de la loi, de l'ordre en toutes choses, suppose, pour n'être pas stérile, une condition indispensable: la con

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