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nous enseignent que nous n'allons pas du meilleur au pire, et que l'âge d'or des poëtes ou l'Eden des théologies ne doivent pas être placées au point de départ dans le passé, mais au point d'arrivée dans l'avenir?

C'est ainsi que partout éclatent les rapports mutuels, les services réciproques et la dépendance réelle de la science universelle et des sciences particulières. De la philosophie viennent les méthodes, les principes, la certitude et l'unité.

Aux sciences appartiennent l'usage pratique, quotidien des méthodes, le développement et la vérification des principes par l'expérience et l'étude de leurs innombrables manifestations. La métaphysique restitue aux sciences fragmentaires leur unité formelle dans la conscience divine et humaine. Les sciences fournissent à la métaphysique la matière à laquelle s'applique cette forme nécessaire et universelle. Les unes ne sont donc plus indispensables que l'autre. Elles se complètent et s'appellent sans qu'il soit besoin de donner puérilement un rang de priorité à deux objets d'égale importance, mais qui n'ont toute leur importance que quand ils sont réunis. J'aime mieux conclure que le métaphysicien ne saurait être trop savant, car il trouve dans toutes les sciences les applications de ses conceptions rationnelles ; et que le savant, de son côté, s'il veut comprendre la nature et ne pas se borner à la décrire, s'il veut voir les choses sous un autre jour que la fausse lueur des sens et de l'imagination, doit ouvrir les yeux à la grande clarté de la raison. L'alliance entre la métaphysique et la science est aussi profitable à toutes deux que le divorce leur serait préjudiciable. Il faut qu'elles se prêtent réciproquement assistance, comme l'aveugle et le paralytique de la parabole orientale. Elles ne peuvent ni voir clair, ni marcher l'une sans l'autre.

La science, sans métaphysique, est un palais splendide, plein de dorures, de glaces et de marbres précieux, mais auquel l'architecte n'aurait oublié qu'un point essentiel : percer des fenêtres pour éclairer toutes ces magnificences.

De son côté, la métaphysique sans la science n'est qu'une idée sans substance, une capacité sans contenu, un vase d'or ciselé, mais vide. Elle est réduite à n'être qu'une virtualité puissante, sans efficace, une force sans point d'appui et, pour continuer ma comparaison, un temple peut-être bien ouvert et parfaitement éclairé, mais absolument nu.

ÉTUDE HISTORIQUE ET PHILOSOPHIQUE

SUR

ZOROASTRE

PAR M. L'ABBÉ HERVAL

Membre Résidant

A l'époque où parut Zoroastre, les peuplades de l'Asie flottaient entre l'état nomade des peuples pasteurs et l'état sédentaire des peuples agriculteurs. Leurs principaux établissements étaient dans les belles provinces de l'Oxus et de ses affluents; c'est là où se trouvaient les riches plaines de la Bactriane que Strabon appelle la plus belle province de l'Ariane. C'est par la formation de ces villages que la civilisation fit son apparition dans le monde. Les pasteurs continuèrent leur vie de pâtres et de chasseurs dans les vastes forêts du nord et dans les immenses steppes du midi. Ce fut ainsi que, dans ces contrées lointaines, ils posèrent les premiers éléments de l'organisation sociale. Ils groupèrent un certain nombre de familles à la tête desquelles ils placèrent un chef; de là l'idée du clan, qui précèda la cité, laquelle à son tour donna naissance à la royauté.

Le parsisme ou la religion des Perses existait depuis longtemps dans l'Orient. Hérodote, et après lui Xénophon, nous le montrent en vigueur dans toute l'Asie. Mais il pouvait s'altérer, bien qu'il se maintint de famille en famille. Heureusement l'invention de l'écriture en recueillit les documents précieux.

Ces documents sont les livres sacrés des Perses. Anquetil Duperron, guidé par son courage et son amour pour la science, fit tout exprès le voyage de Surate; il consulta les Guèbres, il se fit expliquer par les plus savants lettrés leurs livres sacrés et les rapporta en Europe, il désigna ces livres sous le titre de Zend Avesta, c'est-à-dire Commentaire d'Avesta.

Jean Reynaud, dans son remarquable ouvrage sur Zoroastre, a répandu de précieuses lumières sur la période anté-historique de la Perse. D'après la grave autorité d'Albufeda et d'Anquetil Duperron, Zoroastre naquit dans la petite ville d'Urmi. Les écrivains de l'antiquité qui ont parlé de Zoroastre ont eu soin de le désigner par le surnom de Zoroastre-le-Parse ou Perso-Mèdes. Il naquit de parens pauvres, sous le règne de Darius, fils d'Hystapes, 600 ans avant J.-C. Zoroastre, par suite de l'état précaire de sa famille et plus encore par l'activité de son génie, se détermina à voyager. La providence permit qu'il se mit au service d'un prophète Israélite; on ne saurait dire si ce prophète était Daniel ou Ézéchiel; il sut tirer de cette circonstance fortuite les plus précieux avantages; il avait reçu d'ailleurs de la nature une mémoire prodigieuse. La rare perspicacité de son esprit, le désir insatiable de connaître, le portèrent avec une ardeur infatigable à l'étude des sciences dont il n'avait jamais entendu parler, il y fit les progrès les plus merveilleux; les livres sacrés des lois de Moïse éveillèrent en lui une surprise et une admiration qui donnèrent à son esprit la plus grande activité et à ses études une direction qui fut pour lui un trait de lumière; ses idées en recurent un développement merveilleux; elles l'ont placé au premier rang des législateurs de l'antiquité. Tout en faisant la part de l'ignorance et du fanatisme de sa nation, il intro

duisit, sans en faire connaître la source, la doctrine, les rites et les coutumes des israélites: le sacerdoce renfermé dans une seule famille, la dîme accordée aux ministres des autels, la distinction des animaux en purs et impurs, les ablutions fréquentes, les moyens de se purifier de toutes sortes de souillures et de quelle manière on les contractait; ces sages précautions, ces rites sacrés, maintenaient la santé du corps et portaient l'âme à la pratique de la vertu. Il semblait que ces réglements étaient le fruit de ses méditations intimes. L'impulsion une fois donnée, ses partisans répandirent sa doctrine, il ne fallut que peu de temps pour l'implanter dans les esprits, mais la curiosité une fois satisfaite, les objections se produisirent. Zoroastre eut la prudence de se tenir caché. Les récits les plus contradictoires circulèrent de toutes parts; de tous côtés on entendait répéter sans cesse : le prophète a fait tel et tel prodige; le prophète a découvert les pensées les plus intimes du cœur ; d'autres, au contraire, poussés par la jalousie, cette passion est toujours aveugle, s'élevaient contre lui; ils l'accusaient ouvertement d'avoir trompé son maître. En présence d'une aussi odieuse calomnie, il crut prudent de prendre le parti de la fuite, il s'éloigna donc des rives du Jourdain, lesquelles retentissaient d'imprécations que la foule ameutée faisait entendre de toutes parts; il vint demander à sa patrie la sécurité et la paix.

Il garda le silence sur le projet qu'il méditait depuis longtemps; car il n'ignorait pas que nul n'est prophète dans son pays. Il reste donc comme enseveli dans la retraite ; il avait choisi la contrée d'Aberbedjan, après avoir traversé une partie de l'Iran; là, il coordonne et féconde par la méditation les connaissances qu'il avait acquises, et prépare en silence le systême hardi qui changera la face de sa patrie.

Zoroastre comprenait combien il lui était avantageux de suivre les inspirations de la prudence, et de même que le conducteur des Hébreux avait gravi seul le Sinaï, pour y recevoir les dix commandements que Dieu lui-même avait pro

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