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Mais dans le corps humain comme dans le corps social, il y a des puissances autres que celles que je viens de désigner; il y a des fonctionnaires de premier, deuxième et troisième ordre, placés à la tête des départements, des arrondissements et des communes, fonctionnaires qui communiquent hiérarchiquement entre eux, avec les centres quelquefois, et cela à l'aide souvent de fils électriques.

Et voyez l'analogie de ces opérations avec celles du système nerveux que je vous rappelais précédemment, en prenant pour exemple la ligne télégraphique entre le Havre, Yvetot, Rouen et Paris.

Mais il y a encore d'autres rouages gouvernementaux dont l'analogie est non moins remarquable.

Ce sont des puissances secondaires qui préparent, discutent, désapprouvent ou approuvent les lois qui doivent être soumises au veto du libre arbitre, c'est-à-dire de l'exécutif. L'un de ces pouvoirs représente les besoins et les intérêts du corps social, c'est le corps humain avec ses besoins, ses instincts et ses passions, dont la véhémence troublerait souvent le jeu de la machine, si un pouvoir modérateur supérieur,en refrenant son langage perturbateur, ne le ramenait dans la voie du juste et du vrai. Ce pouvoir modérateur, c'est la morale chez l'homme, c'est la chambre haute des pairs, des lords ou le sénat chez le gouvernement.

Je pourrais citer encore bien des points de contact, mais je conclus et je dis qu'entre le jeu du corps social et le fonctionnement de la machine humaine, l'analogie est celle du microcosme ou macrocosme, et que cette analogie vient appuyer d'une manière irréfragable cette thèse : la machine industrielle la plus perfectionnée, conséquemment la plus productive, sera celle qui dans l'agencement et le jeu de ses organes se rapprochera le plus de la machine humaine en exercice. J'en pourrais déduire cette autre conséquence, quelque peu politique, c'est que la forme gouvernementale

la plus logique et la meilleure devra se composer de trois pouvoirs celui qui propose, celui qui contrôle la proposition et celui qui décide en dernier ressort. C'est la reproduction de l'instinct ou de la passion, de l'intelligence et de la morale et du libre arbitre.

Mais sans le savoir, l'industrie a fait d'autres emprunts à la machine organisée. Quoiqu'ils soient moins importants, je tiens cependant à vous en signaler quelques uns.

Ainsi l'œil a servi de calque aux meilleurs instruments d'optique, l'iris a servi de modèle au diaphragme des lunettes destiné comme lui à corriger l'aberration de sphéricité; les humeurs de l'œil ont été imitées par des verres refringents; l'aberration de refrangibilité a été corrigée par l'achromatisme; il n'est pas jusqu'à l'enduit noir de la choroïde qui n'ait été emprunté par l'opticien, pour absorber les rayons lumineux égarés dans son instrument.

Ici c'est la respiration qui a servi de modèle à l'industrie. Voyez ce qui se passe en effet dans un foyer il faut trois conditions pour le fonctionnement d'un foyer artificiel, d'une cheminée appel de l'air atmosphérique, combustion d'oxigène, d'où production de calorique et déjection d'acide carbonique. C'est exactement ce qui se passe dans la fonction de la respiration, et pour que rien ne manque à l'analogie, comme accessoire au foyer et pour l'alimenter d'air, on a inventé le soufflet.

Il serait superflu de vous rappeler que le vide qui se fait dans la poitrine lors de l'écartement des côtes y appelle l'air qui s'y précipite ainsi qu'il le fait, lorsque l'on écarte les deux valves d'un soufflet, pour en ressortir peu après alors que les valves ou les côtes se rapprochent.

Ici encore, c'est le larynx qui a été copié pour la fabrication des instruments à vent.

Un tube conducteur dans lequel est chassé l'air atmo

sphérique et une anche vibrant sous l'influence de cette impulsion - la disposition anatomique et artistique est identique.

Là, c'est la circulation, c'est le cœur, auquel on a emprunté le modèle des pompes aspirantes et foulantes; ce sont les valvules dont l'industrie s'est emparée pour s'opposer au mouvement rétrograde des liquides.... mais j'en ai dit assez, il me semble, pour justifier la proposition que j'ai placée en tête de cette courte étude, et je terminerai par une réflexion morale.

Les machines vont sans cesse non seulement se perfectionnant, mais aussi augmentant en volume et en puissance dans une telle proportion, qu'on est heureux de penser qu'une barrière protectionniste infranchissable sépare à jamais dans les convoitises de l'industrie, la matière de l'esprit et la puissance de la volonté. S'il en était autrement, en effet, nous serions bientôt écrasés par ces géants métalliques, sorte de mastodontes bardés de fer, dont l'instinct de destruction ne se réveille encore que trop souvent et nous répète chaque jour combien nous sommes loin de l'âge d'or. Mais puisque l'intelligence et la volonté ne sauraient nous être ravies et resteront à jamais propriété incessible de l'humanité, pourquoi les utilisons-nous si peu pour nous améliorer, nous perfectionner et acquérir, à notre tour, cette force et cette puissance morale qui, sous l'influence d'une volonté énergique, enfanteraient des prodiges humanitaires bien supérieurs aux prodiges industriels?

NOTICE

SUR MIRABEAU

Traducteur de Tibulle

PAR M. A. BÉZIERS

Membre Résidant

Tout le monde sait qu'il y a eu, au commencement de la révolution française, un puissant orateur du nom de Mirabeau, qui a ébranlé l'ancienne monarchie par les foudres de son éloquence. L'éclat de sa vie publique a porté quelques érudits à rechercher et à publier aussi les détails de sa vie privée. On s'est arrêté surtout avec complaisance sur ses amours avec Madame de Monnier, autrement dite Sophie ; et ceux qui seraient curieux de les connaître, n'auraient qu'à lire le troisième volume des Mémoires de Mirabeau, publiés par son fils adoptif, M. Lucas-Montigny, ou bien encore les intéressantes causeries de M. Sainte-Beuve sur les dialogues inédits de Mirabeau et sur ses lettres écrites du Donjon de Vincennes. Il avait été enfermé dans cette prison, par l'ordre de son père, en l'année 1777, pour n'en sortir que le 13 Décembre 1780, après quarante-deux mois de captivité. Le temps qu'il y passa, au reste, ne fut pas perdu pour son génie, s'il le fut pour sa liberté ; il travaillait nuit et jour, ne dormant que trois heures; il écrivait sans cesse, ne lisait

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