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TERZA RIMA (

PAR M. VICTOR FLEURY

Membre Résidant

Dès qu'Avril nous revient, je m'en vais par les plaines
Songer, rêver, jouir, de tout ce que je vois

Et respirer la brise et ses tièdes haleines!

Je m'en vais, recueilli, par les chemins étroits
Où le gazon se mêle aux velours de la mousse,
Où règnent la fraîcheur et le calme des bois,

Et je cueille en passant sous la ronce qui pousse
La paquerette blanche, étoile au disque d'or,
Et, plus rare déjà, la violette douce,

(1) La terza rima est d'origine Italienne. C'est une poésie d'un rhythme facile et entraînant en même temps qu'harmonieux. Elle se divise en tercets en nombre illimité, lesquels se trouvent enchaînés entre eux par les rimes.

Ces rimes doivent être en nombre égal au masculin et au féminin et l'enchaînement a lieu par cette raison que deux vers du deuxième tercet doivent rimer avec un vers du premier, et ainsi de suite jusqu'à la dernière strophe qui est un quatrain destiné à dénouer le nœud de la pièce. Ce quatrain contient deux rimes correspondant au tercet précédent, et deux rimes qui lui sont propres.

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Et j'écoute les bruits dans l'air, ou bien encor
La chasse qui revient d'une forêt voisine
Et qu'annonce au lointain la fanfare du cor.

Si quelque frais ruisseau descendant la colline
Se déroule et serpente en disant sa chanson
Je m'arrête à voir fuir son onde cristalline.

Tout m'est enseignement, tout me devient leçon;
Si l'homme est malheureux c'est parce qu'il se forge
Mille peines; sa vie, il en fait un buisson,

Un hallier de soucis! Moi comme un rouge-gorge
Je suis joyeux si l'air est pur, si le soleil

Se joue avec le vent pour moirer un champ d'orge;

Joyeux lorsque je vois un bel enfant vermeil
M'indiquer mon chemin de façon si bizarre,
Mais si naïve aussi que malgré son conseil

Ou par lui, bien plutôt, bien vite je m'égare.
Joyeux de voir passer le pâtre dont le chien
Court après la brebis qui, folle, se sépare

Du troupeau dont il est le vigilant gardien !

Joyeux de voir venir au loin sous les grands saules,

Quelque fille aux yeux bleus charmants, et qui sait bien

Laisser ses cheveux d'or flotter sur ses épaules!...

Que d'autres, recherchant ou science ou péril
Brûlent sous le tropique ou gèlent près des pôles,

Qu'ils s'imposent un dur et volontaire exil,
Qu'ils rêvent la richesse ou poursuivent la gloire,
Que m'importe ? la gloire est hochet puéril

Et la fortune fuit, oh! funeste déboire !

Dès qu'on la croit saisir, bien souvent ne laissant, Qu'envie et que regrets profonds dans la mémoire !....

Le bonheur est partout et mon âme le sent,
Elle sait le trouver dans les plus frêles choses,
Dans l'air qui se mutine et m'effleure en passant,

Dans le parfum des fleurs, dans les métamorphoses, Que je vois sous mes yeux s'opérer chaque jour Quand se rouvrent du Ciel les portes longtemps closes, Et que Dieu fait renaître et l'espoir et l'amour !

NÉCROLOGIE

NOTICE

SUR

Georges-Edouard Paravey

Négociant, ancien membre de la Société Ilavraise d'Etudes Diverses

PAR LE D' AD. LECADRE

Membre Résidant

Aux hommes qui, comprenant l'honorable mission de notre Société d'études, ont toujours cherché à l'élever dans leur esprit, ainsi que dans celui des autres, et l'ont honorée de travaux d'une grande utilité et d'un puissant intérêt, à ceux là, dis-je, la Société Impériale Havraise d'Études Diverses doit une marque d'un souvenir bien mérité.

Georges Edouard Paravey naquit le 16 Juin 1808 à Mayence, lorsque cette ville, faisant partie de l'Empire Français, était le chef-lieu du département du Mont-Tonnerre. Les premières années de Paravey se passèrent dans cette ville qu'il ne quitta qu'en 1816, pour venir à Paris et pour y commencer son éducation au collège de Sainte-Barbe. Ce fut dans cet établissement si légitimement réputé, qui a produit un grand nombre d'excellents élèves et même des célébrités, qu'il fit toutes ses études. On a souvent dit que toute notre vie dépend de la tournure plus ou moins favorable que prend l'aurore

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