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» Au tableau déchirant qui frappa notre vue,
» Quand auprès de son fils une mère éperdue
» Le couvrait de baisers, le serrait dans ses bras,
» Et reprochait aux dieux son barbare trépas!

Ainsi que les bergers, troublés des mêmes peines, » Les troupeaux, chaque jour, négligeant les fontaines, » Retournaient au bercail sans regretter les champs. » Les coursiers, loin des eaux, l'oeil éteint, languissants, » Refusaient d'effleurer la pointe de l'herbage! » Nos douleurs s'étendaient de rivage en rivage, » Et des lions d'Afrique, et les monts, et les bois » Prolongeaient en soupirs la formidable voix, » Daphnis est le premier dont l'intrépide adresse » Des monstres d'Arménie employant la vitesse,. » Montra soumis au frein des tigres inconnus, » Et, le thyrse à la main, nous fit chanter Bacchus. » Oui, comme des moissons la soigneuse culture » Du champ qu'elle enrichit fait encor la parure; » De même qu'en nos prés, un superbe taureau » Est à la fois la force et l'orgueil du troupeau, » Que l'ormeau s'embellit de sa vigne fidèle, » Que de raisins chargée une vigne est plus belle; » Ainsi de tous les siens Daphnis, heureux pasteur, » Est lui seul et l'amour et l'éternel honneur.

» Mais depuis qu'il n'est plus le deuil nous environne, » Apollon nous a fui, Palès nous abandonne!

Et tumulum facite, et tumulo superaddite carmen :

DAPHNIS EGO IN SILVIS HINC VSQUE AD SIDERA NOTVS,

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Tale tuum carmen nobis, divine poëta,
Quale sopor fessis in gramine, quale per æstum
Dulcis aquæ saliente sitim restinguere rivo :

Nec calamis solùm æquiparas, sed voce, magistrum;
Fortunate puer, tu nunc eris alter ab illo.

Nos tamen hæc quocumque modo tibi nostra vicissim
Dicemus, Daphninque tuum tollemus ad astra ;
Daphnin ad astra feremus: amavit nos quoque Daphuis.

MOPSUS.

An quidquam nobis tali sit munere majus?
Et puer ipse fuit cantari dignus, et ista

» Ces monts, jadis parés d'une riche moisson, » N'offrent que la maigreur d'un aride gazon,

» Et partout sur nos pas, au lieu du beau Narcisse, »De ses dards acérés le chardon se hérisse!

» Mais Daphnis le commande: ah! de fleurs, de berceaux, » Pasteurs, couvrez la terre et le cristal des eaux! » Que sa tombe, du moins, soit ici notre ouvrage, » Et qu'alentour, ces vers attestent notre hommage: C'EST MOI QUI FUS DAPHNIS: QUE CE GAZON Léger, DANS CES BOIS QUE J'AIMAIS, PROTÈGE ENCOR MA CENDRE; DE CES BOIS JUSQU'AUX CIEUX MA GLOIRE DOIT s'étendre, BERGER D'UN BEAU TROUPEAU MOINS BEAU QUE SON BERger.

MENALQUE.

O de nos cœurs émus comme ta voix dispose!
Moins doux est le sommeil aux membres qu'il repose,
Et, pour la soif ardente, une eau vive en été.
Par ses doubles talents également cité,

Mopsus au premier rang suivra de près son maître;
Dans la lice, après lui, j'ose à peine paraître.
Mais, que l'olympe s'ouvre à nos chants réunis,
Plaçons Daphnis aux cieux ; je fus cher à Daphnis.

MOPSU S.

Quelle offre en cet instant me plairait davantage!
Tes vers à l'amitié seront un juste hommage;

Jam pridem Stimicon laudavit carmina nobis.

MENALCAS.

Candidus insuetum miratur limen olympi, (5. Sub pedibusque videt nubes et sidera Daphnis. Ergo alacris silvas et cetera rura voluptas (6. Panaque pastoresque tenet, Dryadasque puellas; Nec lupus insidias pecori,,nec-retia cervis Ulla dolum meditantur : amat bonus otia Daphnis. Ipsi lætitiâ voces ad sidera jactant

Intonsi montes; ipsæ jam carmina rupes,

Ipsa sonant arbusta: DEUS, DEUS ILLE, MENALCA!
Sis bonus o felixque tuis en quatuor aras;
Ecce duas tibi, Daphni; duoque altaria Phoebo..
Pocula bina novo spumantia lacte quot annis,
Craterasque duo statuam tibi pinguis olivi;
Et multo in primis hilarans convivia baccho, (7
Ante focum, si frigus erit, si messis, in umbrâ,
Vina novum fundam calathis Ariusia nectar:
Cantabunt mihi Damoetas et Lyctius Ægon;
Saltantes Satyros imitabitur Alphesiboeus.
Hæc tibi semper erunt, et cùm solemnia vota

Tes vers sont dès long-temps admirés dans ces lieux.

MÉNALQUE.

« Daphnis, brillant de gloire, est admis dans les cieux; » Déjà roule à ses pieds le torrent des nuages:

» Le dieu Pan, les forêts, leurs driades sauvages, » Applaudissent ensemble à ses destins nouveaux. » Daphnis aime la paix, et la donne aux troupeaux: » Loin des loups dévorans, loin d'un piège perfide, » Le cerf est rassuré, la brebis moins timide: » Des jours de l'âge d'or il nous rend la candeur! » Oui, les bois et les monts proclament son bonheur! » Il semble, de ces mots, que l'écho retentisse:

» c'est un dieu ! C'EST UN DIEU !.. que ce dieu soit propice! » Tu vois ces quatre autels; deux te sont réservés, » Daphnis, et pour Phébus deux autres élevés. » Là, d'une huile onctueuse et d'un nouveau laitage »Tu recevras l'offrande; et, devant ton image, » L'été sous un berceau, l'hiver près d'un foyer, » L'ivresse des festins viendra se déployer. » Là, d'un vin précieux coulera l'ambrosie; » Et, des enfans du Pinde appelant l'harmonie, » La jeune Alphésibée, à la fin du repas, » Des faunes en cadence imitera les pas.

» Ils renaîtront pour toi ces concerts et ces fêtes,

» Lorsqu'alentour des champs conjurant les tempêtes,

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