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SERMON

POUR

LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS.

SUR LA RÉCOMPENSE DES SAINTS.

Gaudete, et exultate: ecce enim merces vestra copiosa est in cœlis.

Réjouissez-vous, et faites éclater votre joie : car une grande récompense vous est réservée dans le cicl. En saint Matthieu, chap. 5.

SIRE,

C'EST le Fils de Dieu qui parle, et qui dans l'évangile de ce jour nous propose la gloire céleste , non pas comme un simple héritage qui nous est acquis, mais comme une récompense qui nous doit coûter. Il savoit, dit saint Jean-Chrysostôme ; combien nous sommes intéressés; et voilà pourquoi, usant avec nous d'une condescendance digne de lui pour nous attirer à son service il nous prend par notre intérêt. Sans rien relâcher de ses droits, ni rien rabattre du commandement qu'il nous fait de l'ainier comme notre

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Dieu pour lui-même et plus que nous-mêmes, il veut bien que notre amour pour lui ait encore un retour sur nous; et pourvu que notre intérêt ne soit point un intérêt servile, il consent que nous J'aimions par intérêt, , ou plutôt que nous nous fassions un intérêt de l'aimer. Car c'est pour cela qu'il nous promet une récompense dont la vue est infiniment capable de nous élever à ce pur et parfait amour qui, comme ajoute saint Chrysostôme, réunit saintement et divinement notre intérêt à l'intérêt de Dieu.

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Entrons donc, mes chers auditeurs, dans la pensée de Jésus-Christ; et sans nous piquer aujourd'hui d'une spiritualité plus sublime que celle qui nous est enseignée par ce maître adorable attachons-nous à la récompense où il nous appelle, et qu'il veut que nous envisagions, quand il nous dit: une grande récompense vous est réservée dans le ciel : Ecce merces vestra copiosa est in cœlis. Il est de la foi que nous la pouvons, et que nous la devons mériter, cette récompense; et c'est ce que je suppose ici comme un principe dont il ne nous est pas permis de douter: mais ce principe supposé, je veux vous montrer combien cette récompense est digne de nos désirs et de nos soins. Pour vous engager à la mériter, je veux vous en découvrir l'excellence et les avantages. Par la comparaison que j'en ferai avec les récompenses du monde, je veux vous la faire goûter, et par là même, si je puis, exciter en vous un saint zèle de l'acquérir.

Or, pour vous en donner une idée juste, je m'arrête aux paroles de moa texte, dont l'exposition littérale va développer d'abord tout mon dessein. Concevez-en bien l'ordre et le partage: Ecce merces vestra copiosa est in cœlis. Cette récompense que Dieu prépare à ses élus, est une récompense sûre: Ecce, la voilà : c'est un Dieu qui vous la promet ; et si vous la voulez de bonne foi, elle est à vous: Ecce merces vestra. C'est une récompense abondante, qui n'aura point d'autre mesure que la magnificence d'un Dieu, et qui mettra seule le comble à tous vos désirs : Ecce merces vestra copiosa. Enfin, c'est une récompense éternelle que vous ne perdrez jamais, parce qu'elle vous est réservée dans le ciel, où il n'y aura plus de changement, ni de révolution: Ecce merces vestra copiosa est in cœlis. Qualités bien propres, chrétiens, à faire, et sur vos esprits, et sur vos cœurs, les plus fortes impressions, surtout si vous en jugez par opposition aux récompenses du monde ; c'est-à-dire 9 par trois essentielles différences que je vous prie de remarquer entre les récompenses du monde et cette récompense des élus de Dieu : car c'est là ce qui m'a paru devoir plus vous intéresser, et réveiller votre foi. La récompense des élus de Dieu est une récompense sûre; au lieu que les récompenses du monde sont douteuses et incertaines : ce sera le premier point. La récompense des élus de Dieu est une récompense abondante; au lieu que les récompenses du monde sont vides et dé

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fectueuses ce sera le second point. La récompense des élus de Dieu est une récompense éternelle; au lieu que les récompenses du monde sout caduques et périssables : ce sera le dernier point. Trois sujets de consolation et de joie que l'Eglise nous propose en nous mettant devant les yeux la gloire des saints, et en nous animant par ce motif à être les imitateurs de leur sainteté : Gaudete, et exultate. Si vous vous conformez à leurs exemples, réjouissez-vous: et de quoi ? de ce que vous serez sûrement, de ce que vous serez pleinement de ce que vous serez éternellement récompensés. Au contraire, pleurez et affligez-vous, si, malgré tous ces avantages, possédés de l'amour du monde Vous vous sentez peu de goût et peu d'attrait pour cette récompense des justes. Non-seulement pleurez, mais tremblez, si la dureté de vos cœurs vous rend insensibles à des vérités si touchantes. Donnez-moi grâce, Seigneur, pour traiter dignement et utilement un si grand sujet ; et faites que ceux qui m'écoutent, pénétrés de la vertu de votre divine parole, conçoivent un désir ardent, une espérance vive, un saint avant-goût des biens que vous leur préparez qu'en vue de ces biens ineffables, ils se détachent de la terre: ils n'aient plus de pensées que pour le ciel, ils renoncent à la vanité, ils cherchent solidement la vérité, ils soient aussi bien que vos saints, et comme devant être un jour les compagnons de leur gloire, déterminés à combattre le monde et à le vaincre.

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C'est ce que je vous demande pour eux et pour moi , par l'intercession de la plus sainte des vierges. Ave, Maria.

PREMIÈRE PARTIE.

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SE fatiguer, s'épuiser, souvent s'immoler pour des récompenses incertaines, auxquelles on parvient difficilement, et dont tous les jours, après de vaines espérances, on a le chagrin de se voir, ou malheureusement frustré ou même injustement exclus, c'est la triste et fatale destinée de ceux qui s'attachent au monde. Au contraire, travailler pour une récompense sûre, et servir un maître auprès duquel on peut compter qu'il n'y eut, et qu'il n'y aura jamais de mérites perdus, c'est ce qui a fait sur la terre le bonheur des élus de Dieu, et de ces saints prédestinés dont nous honorons aujourd'hui la glorieuse mémoire. Ils servoient un Dieu fidèle dans ses promesses, et ils avoient en vue une récompense qui ne leur pouvoit manquer. Voilà, dit saint Chrysostôme, ce qui les a rendus capables de tout entreprendre et de tout souffrir. Patior, disoit un d'entre eux, plein de cette force héroïque que la foi d'une vérité si consolante lui inspiroit ; c'étoit saint Paul : Patior, sed non confundor; (2. Timoth. 1.) je souffre; mais bien loin de m'en affliger, je m'en glorifie et pourquoi? Scio enim cui credidi, et certus sum quia potens est depositum meum servare in illum diem; (Ibidem.) parce que je sais

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