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prêtres au bout des piques, on chantoit: Ah! il n'est point de fête, quand le cœur n'en est pas.

Enfin, après avoir souffert plusieurs autres tourmens, que nous n'oserions transcrire, le père de Brébeuf rendit l'esprit, et son ame s'envola au séjour de celui qui guérit toutes les plaies de ses serviteurs.

C'étoit en 1649 que ces choses se passoient en Canada; c'est-à-dire au moment de la plus grande prospérité de la France, et pendant les fêtes de Louis XIV: tout triomphoit alors, le missionnaire et le soldat.

Ceux pour qui un prêtre est un objet de haine et de risée, se réjouiront de ces tourmens des confesseurs de la foi. Les sages, avec un esprit de prudence et de modération, diront, qu'après tout, les missionnaires étoient victimes de leur fanatisme; ils demanderont, avec une pitié superbe, ce que ces moines alloient faire dans les déserts de l'Amérique? A la vérité, nous convenons qu'ils n'alloient pas sur un plan de savans, tenter de grandes découvertes philosophiques ; ils obéissoient seulement à ce maître, qui leur avoit dit «< Allez et enseignez. » Docete omnes gentes; et sur la foi de ce commandement, avec une simplicité extrême, ils quittoient les délices de la patrie, pour aller, au prix de leur

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sang, révéler à un Barbare qu'ils n'avoient jamais vu. Quoi?- Rien, selon le monde, presque rien: L'existence de Dieu et l'immortalité de l'ame: Docete omnes gentes!

CHAPITRE IX.

Fin des Missions.

AINSI nous avons indiqué les voies que sui voient les différentes missions; voies de simplicité, voies de science, voies de législation, voies d'héroïsme. Il nous semble que c'étoit un juste sujet d'orgueil pour l'Europe (et sur-tout pour la France, qui fournissoit le plus grand nombre de missionnaires) que de voir tous les ans sortir de son sein, des hommes qui alloient faire éclater les miracles des arts, des loix, de l'humanité et du courage, dans les quatre parties de la terre. Delà provenoit la haute idée que les étrangers se formoient de notre nation, et du Dieu qu'on y adoroit. Les peuples les plus éloignés vouloient entrer en liaison avec nous; l'ambassadeur du Sauvage de l'Occident, rencontroit à notre cour l'ambassadeur des nations de l'Aurore. Nous ne nous piquons pas du don de prophétie ; mais on se peut. tenir assuré (et l'expérience le prouvera) que jamais des savans, dépêchés aux pays lointains avec tous les instrumens et tous les

plans d'une académie, ne feront ce qu'un pauvre moine, parti à pied de son couvent, exécutoit seul avec son chapelet et son breviaire.

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Il n'y a pas un beau souvenir, pas une belle institution dans les siècles modernes, que le christianisme ne réclame. Les seuls temps poétiques de notre histoire, les temps chevaleresques lui appartiennent encore: la vraie religion

a le singulier mérite d'avoir créé parmi nous l'âge de la féerie et des enchantemens.

M. de Sainte-Palaye semble vouloir séparer la chevalerie militaire de la chevalerie religieuse, et tout invite, au contraire, à les confondre. Il ne croit pas qu'on puisse faire remonter l'institution de la première au-delà du onzième siècle (1), et c'est précisément l'époque des Croisades qui donnèrent naissance aux Hospitaliers, aux Templiers et à l'ordre Teutonique (2). La loi formelle par laquelle la chevalerie ordinaire s'engageoit à défendre la foi; la ressemblance de ses cérémonies avec celles des sacremens de l'église, ses jeûnes, ses ablutions, ses confessions, ses prières, ses engagemens monastiques, (3) montrent suffisamment que tous les chevaliers avoient la même origine religieuse. Enfin, le vœu de célibat qui paroît établir une grande différence entre des héros chastes et des guerriers qui ne parlent que d'amour, n'est pas une chose qui doivent arrêter ce vœu n'étoit pas général dans les ordres militaires chrétiens. Les chevaliers de S. Jacques-de-l'Epée, en Espagne, pou

me part. pag. 66.

(1) Mém. sur l'anc. Chev. tom. I, II.m (2) Hén. Hist. de Fr. tom. I, pag. 167; Fleury, Hist. Eccles. tom. XIV, pag. 387; tom. XV, pag. 604; Heilyot. Hist. des Ordres Relig. tom. III, pag. 74, 143, (3) Sainte-Palaye, loc. cit. et la note 11..

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