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voient se marier (1); et dans l'ordre de Malthe, on n'est obligé de renoncer au lien conjugal, qu'en passant aux dignités de l'ordre, ou en entrant en jouissance de ses bénéfices.

D'après l'abbé Giustiniani, ou sur le témoignage plus certain, mais moins agréable du frère Heilyot, on trouve trente ordres religieux militaires neuf sous la règle de S. Basyle; quatorze sous celle de S. Augustin; et sept attachés à l'institut de S. Benoît. Nous ne parlerons que des principaux, à savoir: les hospitaliers, ou chevaliers de Malthe en Orient, les Teutoniques en Occident, et les chevaliers de Calatavre (en y comprenant ceux d'Alcantara et de S. Jacques-de-l'Epée) au midi de l'Europe.

Si les auteurs sont exacts, on peut compter encore plus de 28 autres ordres militaires, qui, n'étant point soumis à des règles particulières, ne sont considérés que comme d'illustres confrairies religieuses. Tels sont tous ces chevaliers du Lion, du Croissant, du Dragon, de l'AigleBlanche, du Lys, du Fer-d'Or, et ces chevalières de la Hache, dont les noms rappellent les Roland, les Roger, les Renaud, les Clorinde, les Bradamante, et tous les prodiges de la table ronde.

(1) Fleury, Hist. Ecclés. tom. XV, liv. LXXII, pag. 406, édit. 1719, in-4.o

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Quelques marchands d'Almafi, dans le royaume de Naples, obtiennent de Romensor, calife d'Egypte, la permission de bâtir une église latine à Jérusalem; ils y ajoutent un hôpital pour y recevoir les étrangers et les pélerins: Gérard de Provence le gouverne. Les croisades commencent. Godefroy de Bouillon arrive, il donne quelques terres aux nouveaux Hospitaliers. Boyant-Roger succède à Gérard, Raymond-Dupuy à Roger. Dupuy prend le titre de grand-maître, divise les hospitaliers en chevaliers, pour assurer les chemins aux pélerins et pour combattre les infidèles; en chapelains, consacrés au service des autels; et en frères servans, qui devoient aussi prendre les armes.

L'Italie, l'Espagne, la France, l'Angleterre, l'Allemagne et la Grèce, qui, tour-à-tour ou toutes ensemble, viennent aborder aux rivages de la Syrie, sont soutenues par les braves hospitaliers. Mais la fortune change sans changer la valeur Saladin reprend Jérusalem. Acre, ou Ptolémaïde est bientôt le seul port qui reste aux croisés en Palestine. On y voit réuni le roi de Jérusalem et de Chypre, le roi de Naples et de Sicile, le roi d'Arménie, le prince d'Antioche, le comte de Jaffa, le patriarche de Jérusalem, les chevaliers du Saint-Sépulcre, le légat du pape, le comte de Tripoli, le prince de Galilée, les Templiers, les Hospitaliers, les chevaliers Teutoniques, ceux de Saint-Lazare,

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les Vénitiens, les Génois, les Pisans, les Florentins, le prince de Tarente et le duc d'Athèmes. Tous ces princes, tous ces peuples, tous ces ordres ont leur quartier à part, où ils vivent indépendans les uns des autres « en sorte, » dit l'abbé Fleury, qu'il y avoit cinquante» huit tribunaux qui jugeoient à mort (1). » Le trouble ne tarda pas à se mettre parmi tant d'hommes de mœurs et d'intérêts divers. On en vient aux mains dans la ville. Charles d'Anjou et Hugues III, roi de Chypre, en prétendant tous deux au royaume de Jérusalem, augmentent encore la confusion. Le soudan Mélec-Messor, profitant de ces querelles intestines, s'avance avec une puissante armée, dans le dessein d'arracher aux croisés leur dernier refuge. Il est empoisonné par un de ses émirs en sortant d'Egypte; mais avant d'expirer, il fait jurer à son fils de ne point donner de sépulture aux cendres paternelles, qu'il n'ait fait tomber Ptolémaïde.

Mélec-Séraph exécute religieusement la dernière volonté de son père : Acre est assiégée et emportée d'assaut le 18 de mai 1291. Des religieuses donnèrent alors un exemple effrayant de la chasteté chrétienne: elles se mutilèrent le visage, et furent trouvées dans

(1) Hist. Eccl..

cet état par les infidèles qui en eurent horreur, et qui les massacrèrent.

Après la réduction de Ptolémaïde, les Hospitaliers se retirèrent dans l'île de Chypre où ils demeurèrent dix-huit ans. Rhodes s'étant révoltée contre Andronique, empereur d'Orient, appelle les Sarrazins dans ses murs. Villaret, grand-maître des hospitaliers, obtient d'Andronique l'investiture de l'île, en cas qu'il puisse la soustraire au joug des Mahometans. Ses chevaliers se couvrent de peau de brebis, et se traînant sur les mains au milieu d'un troupeau, ils se glissent dans la ville pendant un épais brouillard, se saisissent d'une des por→ tes, égorgent la garde, et introduisent dans les murs le reste de l'armée chrétienne.

Quatre fois les Turcs essaient de reprendre l'isle de Rhodes sur les chevaliers, et quatre fois ils sont repoussés. Au troisième effort, le siège de la ville dura cinq ans, et au quatrième, Mahomet battit les murs avec seize canons, d'un calibre tel qu'on n'en avoit point encore vu en Europe.

Ces mêmes chevaliers, à peine échappés à la puissance Ottomane, en devinrent tout-àcoup les protecteurs. Un prince Zizime, fils de ce Mahomet II, qui naguères foudroyoit les remparts de Rhodes, implore le secours des chevaliers, contre Bajazet, son frère, qui l'avoit dépouillé de son héritage. Bajazet, qui

craignoit une guerre civile, se hâte de faire la paix avec l'Ordre, et consent à lui payer une certaine somme tous les ans, pour la pension de Zizime. On vit alors, par un de ces jeux si communs de la fortune, un grand empereur des Turcs, tributaire de quelques hospitaliers chrétiens.

Enfin, sous le grand-maître Villiers-del'Isle-Adam, Soliman s'empare de Rhodes, après y avoir perdu cent mille hommes. Les chevaliers se retirent à Malthe, que leur abandonne Charles-Quint. Ils y sont attaqués de nouveau par les Turcs; mais leur courage les délivre, et ils restent paisibles possesseurs de l'île, sous le nom de laquelle ils sont encore connus aujourd'hui (1).

CHAPITRE II.

Ordre Teutonique.

A l'autre extrémité de l'Europe, la chevalerie religieuse jetoit les fondemens de ces états qui sont devenus de puissans royaumes.

L'ordre Teutonique avoit pris naissance pendant le premier siège d'Acre par les chrétiens,

(1) Vert. Hist. des chev. de Malthe; Fleury, Hist Eccl. Giustinian. Hist. deg li Ordin. milit. Heilyot, Hist. des Ordres Relig. tom. III.

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