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Ethiopie, au Paraguay, ou dans quelque autre partie de la terre.

- L'Europe savante a fait une perte irréparable dans les Jésuites. L'éducation ne s'est jamais bien relevée depuis leur chûte. Ils étoient singulièrement agréables à la jeunesse ; leurs manières polies ôtoient à leurs leçons ce ton pédantesque qui rebute l'enfance. Comme la · plupart de leurs professeurs étoient des hommes de lettres recherchés dans le monde, les jeunes gens ne se croyoient avec eux que dans une illustre académie. Ils avoient su établir entre leurs écoliers de différentes fortunes, une sorte de patronage qui tournoit au profit des sciences. Ces liens formés dans l'âge où le cœur s'ouvre aux sentimens généreux, ne se brisoient plus dans la suite, et établissoient entre le prince et l'homme de lettres, ces antiques et nobles amitiés, qui vivoient entre les Scipion et les Lellius.

Ils ménageoient encore ces vénérables relations de disciples et de maître, si chères aux écoles de Platon et de Pythagore. Ils s'enorgueillissoient du grand homme dont ils avoient préparé le génie, et réclamoient une partie de sa gloire. Un Voltaire, dédiant sa Mérope à un père Porée, et l'appelant son cher maître, est une de ces choses aimables que l'éducation moderne ne présente plus. Naturalistes, chimistes, botanistes, mathématiciens, mécaniciens, astronomes, poëtes, historiens,

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traducteurs, antiquaires, journalistes, il n'y a pas une branche des sciences que les Jésuites n'aient cultivée avec éclat. Bourdaloue rappeloit l'éloquence romaine, Brumoy introduisoit la France au théâtre des Grecs, Gresset marchoit sur les traces de Molière : les Lecomte, les Parrennin, les Charlevoix, les Ducerceau, les Sanadon, les Duhald, les Noël, les Bouhours, les Daniel, les Tournemine, les Meimbourg, les Larue, les Jouvency, les Rapin, les Vanière, les Commire, les Syrinond, les Bougeant, les Petau, ont laissé des noms qui ne sont pas sans honneur. Que peut-on reprocher aux Jésuites? Un peu d'ambition si naturelle au génie. « Il sera toujours beau, dit M. de « Montesquieu, en parlant de ces pères, de » gouverner les hommes, en les rendant heu» reux. » Pesez la masse du bien que les Jésuites ont fait; rappelez vous les écrivains célèbres qu'ils ont donnés à la France, ou qui se sont formés dans leurs écoles, les royaumes entiers conquis à notre commerce par leur habileté, leurs sueurs et leur sang; les miracles de leurs missions au Canada, au Paraguay, à la Chine et vous verrez que le peu de mal dont on les accuse, ne balance pas un moment les services qu'ils ont rendus à la société.

1.

CHAPITRE VÍ.

Papes et Cour de Rome. Découvertes modernes, ėtė.

AVANT

VANT de passer aux services que l'église a rendus à l'agriculture, rappelons ce que les papes ont fait pour les sciences et les beaux-arts. Tandis que les ordres religieux travailloient dans toute l'Europe à l'éducation de la jeunesse, à la découverte des manuscrits, à l'explication de l'antiquité, les pontifes romains, prodiguant aux savans les récompenses et jusqu'aux honneurs du sacerdoce étoient le principe de ce mouvement général vers les lumières. Certes, c'est une grande gloire pour l'église qu'un pape ait donné son nom au siècle, qui commence l'ère de l'Europe civilisée, et qui, s'élevant du milieu des ruines d'Athènes et de Rome, emprunta ses clartés du siècle d'Alexandre, pour les réfléchir sur le siècle de Louis.

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Ceux qui représentent le christianisme comme arrêtant le progrès des lumières, contredisent manifestement tous les témoignages historiques. Par-tout la civilisation a marché sur les pas de l'évangile; au contraire des religions de Mahomet, de Brhama et de Confucius, qui ont borné les progrès de la société, et forcé l'homme à vieillir dans son enfance. <<<

Rome chrétienne étoit comme un grand port, qui recueilloit tous les débris des naufrages des arts. Constantinople tombe sous le joug des Turcs; aussitôt l'église ouvre mille retraites honorables aux illustres fugitifs de Byzance et d'Athènes. L'imprimerie, proscrite en France, trouve une retraite en Italie. Des cardinaux épuisent leurs fortunes à fouiller les ruines de la Grèce, et à acquérir des manuscrits. Le siècle de Léon X avoit paru si beau au savantabbé Barthélemi, qu'il l'avoit d'abord préféré à celui de Périclès, pour sujet de son grand ouvrage : c'étoit dans l'Italie chrétienne qu'il prétendoit conduire un moderne Anacharsis. << A Rome, dit-il, mon voyageur voit Michel Ange, élevant la coupole de saint Pierre; Raphaël, peignant les galeries du Vatican; » Sadolet et Bembe, depuis cardinaux, rem

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plissant alors, auprès de Léon X, la place » de secrétaires ; le Trissin, donnant la pre» mière représentation de Sophronisbe, pre» mière tragédie, composée par un moderne; » Beroald, bibliothécaire du Vatican, s'occu» pant à publier les annales de Tacite, qu'on » venoit de découvrir en Westphalie, et que » Léon X avait acquises pour la somme de cinq » cents ducats d'or; le mêine pape, propòsant » des places aux savans de toutes les nations » qui viendraient résider dans ses états » des récompenses distinguées à ceux qui lui

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» apporteroient des manuscrits inconnus....... >> Par-tout s'organisoient des universités, des » colleges, des imprimeries pour toutes sortes » de langues et de sciences, des bibliothèques >> sans cesse enrichies des ouvrages qu'on y publioit, et des manuscrits nouvellement apportés des pays où l'ignorance avoit con»servé son empire. Les académies se multi» plioient tellement, qu'à Ferrare on en comp » toit dix à douze ; à Bologne, environ quatorzes » à Sienne, seize. Elles avoient pour objet les » sciences, les belles-lettres, les langues, l'his »toire, les arts: Dans deux de ces académies >> dont l'une étoit simplement dévouée à Platon, » et l'autre à son disciple Aristote, etoient » discutées les opinions de l'ancienne philo»sophie, et pressenties celles de la philoso»phie moderne. A Bologne, ainsi qu'à Venise » une de ces sociétés veilloit sur l'imprimerie » sur la beauté du papier, la fonte des carac»tères, la correction des épreuves, et sur » tout ce qui pouvoit contribuer à la perfec » tion des éditions nouvelles.

» Dans chaque état, les capitales, et même » des villes moins considérables, étoient ex» trêmement avides d'instruction et de gloire : » elles offroient presque toutes aux astrono◄ » mes des observations, aux anatomistes des » amphithéâtres, aux naturalistes des jardins » de plantes, à tous les gens de lettres des

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