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le Laudate, pueri, Dominum, qui finit par cette strophe: Qui facit habitare sterilem in domo: matrem filiorum laetantem. « Le Sei»gneur qui rend féconde une maison stérile, » et qui fait que la mère se réjouit dans ses → fils. Quel cantique pour des parens affligés! L'église leur montre l'enfant qu'ils viennent de perdre, vivant au bienheureux séjour, et leur promet d'autres enfans sur la terre!

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Enfin, non satisfaite d'avoir donné cette attention si morale à chaque cercueil, la religion a couronné toutes les choses de l'autre vie par une cérémonie générale, où elle réunit la mémoire des innombrables habitans du sépulcre; vaste communauté de morts, où le grand est couché auprès du petit; république de parfaite égalité, où l'on n'entre point sans ôter son casque ou sa couronne, pour passer par la porte abaissée du tombeau. Quelle conception religieuse que celle-là où l'on a imaginé de célébrer les funérailles de la famille entière d'Adam, et de recevoir dans une urne univer selle toutes les larmes qui ont coulé pour les trépassés, depuis le commencement du monde! C'est avec de merveilleuses angoisses que l'ame mêle ses tribulations pour les anciens morts, aux peines qu'elle ressent pour ses amis nouvellement perdus. Le chagrin prend, par cette union, quelque chose de souverainement beau, comme une moderne douleur acquiert le grand

caractère antique, quand celui qui l'exprime a nourri son génie des vieilles tragédies d'Homère. La religion seule étoit capable d'élargir assez le cœur de l'homme, pour qu'il pût contenir des soupirs et des amours, égaux en nom*bre à la multitude des morts, qu'il avoit à honorer.

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DU CHRISTIANISME,

O U

BEAUTÉS

POÉTIQUES ET MORALES

DE

LA RELIGION CHRÉTIENNE.

QUATRIÈME PARTIE.

SUITE DU CULTE.

LIVRE SECOND.

TOMBEA U X.

CHAPITRE PREMIER.

TOMBEAUX ANTIQUES.

L'Egypte, les Grecs et les Romains.

ES

Les derniers devoirs qu'on rend aux hommes seroient bien tristes, s'ils étoient dépouillés des signes de la religion. La religion a pris

naissance aux tombeaux, et les tombeaux ne peuvent se passer d'elle: il est beau que le cri de l'espérance s'élève du fond du cercueil, et que le prêtre du Dieu vivant escorte au monument la cendre de l'homme ; c'est en quelque sorte l'immortalité qui marche à la tête de la

mort.

Les funérailles nous ont conduit à nous entretenir des tombeaux, qui tiennent une si grande place dans notre histoire. Afin de mieux apprécier le culte dont on les honore chez les chrétiens , voyons dans quel état ils ont subsisté chez les peuples idolâtres.

Il existe un pays sur la terre, qui doit une partie de sa célébrité à ses tombeaux, et de toutes les nations de l'Europe, la nation Françoise semble y prendre le plus d'intérêt. Ce peuple de S. Louis est travaillé intérieurement d'une certaine grandeur, qui le force à se mêler, dans tous les coins du globe, aux choses grandes comme lui-même. Cependant est-il certain que des momies soient des objets fort dignes de curiosité? On diroit que l'ancienne Egypte ait craint que la postérité ignorât un jour ce que c'étoit que la mort, et qu'elle ait voulu, à travers les temps, lui faire parvenir des échantillons de cadavres.

Vous ne pouvez faire un pas dans cette terre sans rencontrer un monument. Voyez-vous un obélisque? c'est un tombeau; les débris d'une

'colonne ? c'est un tombeau; une cave souterraine? c'est encore un tombeau. Et lorsque la lune, se levant derrière la grande pyramide, vient à apparoître sur le sommet de ce sépulcre immense, vous croyez appercevoir le phare même de la mort, et errer véritablement sur le rivage où jadis le nautonnier des enfers pas

soit toutes les ombres.

Chez les Grecs et les Romains, les morts ordinaires reposoient à l'entrée des villes. Les tombeaux sont bien placés sur les routes publiques; ce sont les vrais monumens du voya

geur.

Outre ces communs lieux de sépulture, on exposoit les cénotaphes des hommes fameux, aux bords de la mer. Le navigateur découvroit, ou le petit tombeau de sable de Pompée près de la ville d'Alexandre, ou la statue de Caton sur un écueil non loin des ruines. de Carthage. Platon et Pythagore, en voguant à la terre d'Egypte, où ils alloient s'instruire touchant les dieux, passoient devant l'île d'Io, à la vue du tombeau d'Homère : le chantre d'Achille reposoit sous la protection de Thétis, et son Ombre, dans les douces nuits de l'Ionie, pouvoit disputer aux syrènes le prix des concerts.

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