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Jouet de son humeur bizarre,
Je dois compatir à tes maux;
Tiens, que ce faible don répare
Le prix qu'attendaient tes travaux.

:

La nuit vient vers le toit champêtre
D'un front gai reprends ton chemin,
Dors content: tes filets peut-être
Sous leur poids fléchiront demain.

Demain peut-être, en cet asile,
Au chant de l'oiseau matinal,
Mon vers coulera plus facile
Que les flots purs de ce canal.

Courbevoie.

SUR UN ARBUSTE MOURANT.

ODE.

1813.

J'ai donc en vain prié les Dryades voisines,
Leur faveur t'abandonne, ô mon cher Arbrisseau!
Tu languis desséché dans tes frêles racines,
En vain de tous mes soins j'entourai ton berceau.

Vers les champs du soleil, où tu laissas tes frères,
Un instinct douloureux te rappelle toujours;
Tel un enfant expire en des mains étrangères,
Quand du lait maternel il perdit le secours.

Cependant, des hivers je t'épargnai l'outrage,
Moi-même de tes bras je dirigeai l'essor :
Dans tes premières fleurs que j'aimais mon ouvrage !
Les filles d'Hespérus soignaient moins leur trésor.

Tu naissais, et déjà, sous ton ombre future,
En espérance assis, je rêvais enchanté;
Ma fille, comme moi chérissant ta verdure,
T'eût dit après ma mort : Mon père t'a planté.

Inutiles regrets! tes feuilles passagères,

Au bord du froid Léthé vont embellir ses eaux;
Un charme encor te suit, et les ombres légères
Aimeront à glisser sur tes pâles rameaux.

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SUR LA MORT

D'UN ENFANT ET D'UN VIEILLARD

Dont on faisait les funérailles le même jour.

Quel funèbre concours au saint lieu se rassemble?
La cloche en sons plaintifs attriste le hameau :
Un vieillard, un enfant, aujourd'hui vont ensemble
Se rejoindre au tombeau.

L'un finit à cinq mois sa courte destinée,
L'autre fut le Nestor des pâtres d'alentour:
De neuf fois dix hivers allongés d'une année
Il compta le retour.

De l'asile des morts tous deux prennent la route,
La bière aux flancs étroits suit le large cercueil;
Une femme est auprès, elle est mère sans doute,
On le voit à son deuil.

Son aïeul et son fils ont perdu la lumière,
Son vieux aïeul au moins a rempli son destin;

MORT D'UN ENFANT ET D'UN VIEILLARD. 143

C'est quand il eut vidé la coupe toute entière,
Qu'il sortit du festin.

Mais, ô douleur! son fils, sa première espérance,
N'ouvrit les yeux au jour que pour les refermer;
Rachel, détrompe-toi! ce qui fait ta souffrance
Doit plutôt la calmer.

Ton fils peut-être échappe à des peines amères;
Plus tard au sort commun il était réservé;
Peut-être les combats, détestés par les mères,
Te l'auraient enlevé.

Eût-il des passions évité le délire ?

Plus le voyage est long, plus il est dangereux;
Il était homme enfin, et quel homme a pu dire:
Mes jours furent heureux.

Vois-tu ce voile blanc, pur comme l'innocence ?
Du bonheur de ton fils il te donne la foi;
De cet ange nouveau l'invisible présence
Veille à jamais sur toi.

Qu'importe, sous la tombe, à des os en poussière,
D'avoir compté le cours d'un siècle ou d'un soleil ?
Des enfants, des vieillards, au bout de la carrière,
Ici l'âge est pareil.

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