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Je chante ce guerrier qui, devant Salamine, Des remparts de Minerve a vengé la ruine, Qui rallia les Grecs, et d'un joug odieux

Sauva leurs saintes lois, leurs tombeaux et leurs Dieux.

Muses, dont la mémoire embrasse tous les âges,
Vous que Delphe autrefois cachait dans ses ombrages,
Dites comment Xerxès outragea vos autels,
Et ces bois consacrés par vos chants immortels;
Racontez son orgueil, sa défaite et sa fuite.
Et toi, qui fis marcher tous les arts à ta suite,

'On n'a retrouvé de la Grèce sauvée que trois chants, le premier presque entier, le second et le huitième; et, de plus, une quantité de fragments dont on donnera quelques-uns à la suite des trois chants, ou même entre le second et le huitième,

O vieillard renommé, qui depuis trois mille ans
Vois d'éternelles fleurs orner tes cheveux blancs,
Puissé-je, en ces climats où brillait ton génie,
Vers les rives d'Égée ou les mers d'Ionie,
Recueillir, à l'aspect des lieux qui t'ont charmé,
Quelques rayons du feu dont tu fus animé!

L'impatient Xerxès avait franchi la Thrace,
Et partout la terreur qui marchait sur sa trace,
La vengeance et l'orgueil dictant ses volontés,
Abaissaient devant lui les remparts des cités.
Tout cède, et déjà fier des succès qu'il présage,
Des monts Thessaliens il tentait le passage.
Cent nations marchaient sous ce monarque altier :
En esclave à sa suite il traîne un monde entier.
L'Europe au loin frémit : des campagnes fécondes
Il épuise en passant les moissons et les ondes,
Tandis que ses vaisseaux oppriment de leur poids
L'Hellespont indigné de fléchir sous ses lois.
Il s'avance: on eut dit que l'Asie ébranlée
Tombait de tout son poids sur la Grèce accablée.
Ces Dieux qu'on avait vus dans les champs Phrygiens
Jadis contre les Grecs exciter les Troyens,

Et que de Jupiter la loi toute-puissante
Força d'abandonner les bords chéris du Xanthe,
Tous ces Dieux irrités, avides de combats,
Ont du Persan superbe accompagné les pas,
Et sur l'Europe enfin leur vicille jalousie
Croit venger avec lui les affronts de l'Asie.
Ils fondent dans son camp: là, semblable à la nuit,

D'un nuage entouré, Mars descend à grand bruit.
Des hordes au combat par Xerxès entraînées
Il aime et la licence et les mœurs forcenées,
La sanguinaire ivresse, et l'aveugle fureur.
De leur farouche aspect il redouble l'horreur,
De leurs barbares cris augmente encor la rage,
Les guide et les remplit de l'espoir du carnage.
Il rugit à leur tête, et d'un air furieux

Semble encor reprocher au monarque des cieux
Ce flanc que Diomède a percé de sa lance.
Sur son front teint de sang s'agite et se balance
Ce casque aux crins hideux, aux immenses contours,
Qui dix ans de Pergame a protégé les tours,
Et des sombres replis de sa cime mouvante
Peut, même aux Immortels, inspirer l'épouvante.
Vénus marche à sa suite, et, sous des traits plus doux,
Dans le fond de son cœur cache autant de courroux,
Prend comme lui souvent ses sujets pour victimes,
Enfante aussi la guerre, et produit tous les crimes.
Vénus aime l'Asie et voit sur ses autels
L'esclavage y brûler des parfums éternels.
Tout l'Olympe est armé : le signal de la guerre
Ensemble a réuni, des trois parts de la terre,
Mille Dieux dont les noms et les traits abhorrés
Furent jusqu'à ce jour dans la Grèce ignorés.
Ceux-là sont accourus des sommets du Caucase,
Ceux-ci des bords du Gange, ou du Tigre, ou du Phase;
Quelques-uns de l'Afrique ont quitté les déserts.

Chacun d'eux honoré par des cultes divers

S'attache à l'étendard du peuple qui l'adore.

Au milieu d'eux s'élève et les domine encore
Arimane, l'auteur du désordre et du mal,
Qui de l'auteur du bien est l'éternel rival,
Et dont l'affreux pouvoir invoqué chez les Mages
A partout de la crainte obtenu les hommages.
Tels sont les protecteurs, les appuis des Persans.

Des Dieux plus doux, qu'honore un légitime encens, Viennent aussi des Grecs soutenir la querelle ; Jupiter les protége, et sa fille immortelle, Cette sage Pallas qui hait également

La perfide Vénus et son barbare amant,

Et qui donne aux guerriers couverts de son égide
Une valeur plus calme et non moins intrépide.
L'ingénieuse Athène est son plus cher séjour.
Ce peuple aussi te plaît, Dieu des arts et du jour !
Tu le défends, ton bras tient l'arc inévitable
Dont les traits ont frappé ce serpent redoutable
Qu'au pied du mont fameux, par les Muses chéri,
Les fanges du déluge autrefois ont nourri:
Les Muses t'entouraient jusqu'au sein de la guerre.
L'une porte en sa main le compas et l'équerre,
Médite, et trace un camp d'un front calme et serein;
D'autres en sons guerriers font résonner l'airain;
La valeur s'en accroît. Ces héros de la Grèce,
Que mit au rang des Dieux leur gloire et leur sagesse,
Y reviennent combattre, et mêlés aux humains,
Veillent sur les cités que bâtirent leurs mains.
Là, se place Thésée; ici, dans une nue

Hercule auprès de lui balance la massue

Qui, dans ces mêmes lieux, abattait autrefois
Les tyrans de la terre et les monstres des bois.
De plus grands ennemis la Grèce est assiégée.
Cependant, des rochers dont elle est protégée,
A l'innombrable essaim des soldats de Xerxès
Sparte et Léonidas ferment encor l'accès.
Quand Sparte la défend, la Grèce est rassurée :
Mais d'abord elle veut sur sa cause sacrée
Appeler les regards et les faveurs des Cieux.
Le vrai courage habite au cœur religieux :
Toujours un grand revers menace un peuple impie.

Déjà se préparaient, dans les champs d'Olympie,
Ces jeux qui, se mêlant aux plus graves leçons,
Reviennent d'âge en âge après quatre moissons.
On s'empresse, on accourt, on s'assemble en Élide
Des vallons de Tempé, des cités d'Argolide
Qu'épouvantaient jadis de crimes trop fameux
Les enfants de Pélops, fondateur de ces jeux;
On s'y rend de Corinthe et des monts de Sicile,
Et de la rive Égée, et du fond de cette île
Où naquit Jupiter, où les lois de Minos
Ont appris à Lycurgue à former des héros ;

Et de Sparte, et d'Athène, en tout temps sa rivale ;

Du haut du Cythéron, du Pinde et du Ménale,

Et d'Ephèse, et de Delphe où court l'homme incertain
D'un trépied prophétique apprendre son destin;
Des champs de Marathon aux Persans si funestes,
Qui de leurs os blanchis montrent encor les restes,
Et de ceux de Platée où la mort les attend.

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