De ces vierges du ciel le maintien se rassure; Monte droit vers l'Olympe, et sur ses hauts sommets Léonidas paraît et le portique s'ouvre; Mais, lorsqu'à ses regards l'Olympe se découvre, Homme et Dieu tout ensemble, il songe malgré lui A Sparte, aux deux enfants qu'il laissa sans appui. Oh! s'il était permis à sa vue inquiète De revoir un moment les sommets du Taygète, L'Eurotas et ses fils, et sa chère Amyclé! Soudain, comme les Dieux à qui rien n'est voilé, Il perce d'un regard cette immense étendue Où, comme un faible point, notre terre est perdue, Distingue nos climats, nos montagnes, nos mers, Et jusqu'aux humbles bords qui lui furent si chers, Sparte et ses citoyens, et la table frugale Qui nourrit avec eux son enfance royale, Quel spectacle! ô douleur! près d'un tombeau récent, Telle qu'on peint la Nuit, une femme éplorée, C'est Amyclé, c'est elle; il lui tendait les bras: Les Dieux baissent leur front; tous les mondes frémissent; « Terre! console-toi ; Cieux! réjouissez-vous; << Et toi, cesse, Amyclé, de pleurer ton époux! « Qu'on invoque son nom, le Ciel est sa conquête, << Et que d'un nouveau Dieu Sparte ordonne la fête ! ». Ces accents ont de Sparte adouci les chagrins; Léonidas les voit, il veille sur leurs jours, Et son rang chez les Dieux est marqué pour toujours. Dans un cercle étoilé qui rayonne autour d'elle, Sa main, dans une langue à l'homme impénétrable, Du Dieu qui de son sein enfanta tous les Dieux; Il Est, Fut et Sera : c'est ainsi qu'il se nomme. Le jour, où dans sa gloire il admet un grand homme, Se grave en lettres d'or dans son livre éternel, Et des jours de l'Olympe est le plus solennel. Phébus chante, et sa voix doucement cadencée A de son père même enchanté la pensée ; Les Dieux sont réjouis par cet hymne divin, Que la voix d'un mortel voudrait redire en vain. Dans la coupe d'Hébé, jeune épouse d'Hercule, Bientôt de main en main l'allégresse circule. Sur un trône éclatant le nouveau demi-dieu Jouit de son triomphe, et d'un dernier adieu Saluant Thémistocle, en ces mots l'encourage: « Défenseur de la Grèce, achève ton ouvrage ; Dans l'Olympe avec nous mérite de monter; Mais par de longs malheurs il faudra l'acheter. Si ton pays ingrat oubliait tes services, Qu'Athène, en déplorant ses longues injustices, Dise un jour: Thémistocle, errant, persécuté, De ses concitoyens qui l'avaient rejeté Gardant au fond du cœur la mémoire chérie, Aima mieux s'immoler que trahir sa patrie. »> Le demi-dieu se tait : tout s'efface, tout fuit, La majesté des Dieux qu'il a vus de si près. FIN DU HUITIÈME CHANT. FRAGMENTS. LE PROSCRIT. Épisode'. Déjà nous approchions des remparts de Tégée; Depuis l'instant où Sparte a reçu nos adieux. 1 Cet épisode semble avoir dû faire partie d'abord du second chant et du récit d'Agénor: le poëte avait changé de dessein, et le voulait sans doute transporter ailleurs en le modifiant. |