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C'en est fait, il triomphe. Accourez dans ces lieux,

Où nos pères jadis ont aimé vos aïeux,

Disciples de Calvin, familles fugitives

Qu'une loi tyrannique éloigna de nos rives.
Sous la garde des Lois et sous l'ombre des Lis,
Vos filles sans effroi s'uniront à nos fils.
Vous naîtrez citoyens, et vos cendres vengées,
Par le Trône et l'Autel dormiront protégées.
Espérez plus encore: à vos yeux satisfaits,

Le temps, n'en doutez point, promet d'autres bienfaits
On guérit lentement des malheurs trop rapides.

lui?

Mais, quand on adoucit les ordres homicides, Qui de ce grand Louis dépeuplaient les États, Pardonnez à son ombre, et ne l'outragez pas. Son Siècle l'a trompé : qu'on le plaigne et l'honore. Dans ce Palais des Arts où son nom règne encore, Quelle jalouse main éteindrait aujourd'hui L'encens toujours nouveau qu'on y brûle pour Des Muses, soixante ans, il reçut les caresses, Et l'éclat de leur gloire a couvert ses faiblesses. Tout l'excuse en effet : quand ce roi trop flatté Vit la Mort près de lui guider la Vérité, Quand il se reprocha les cris de ses victimes, Des prêtres, condamnant ses remords légitimes, S'efforçaient d'endurcir, au nom d'un Dieu vengeur, La tendre humanité qui parlait à son cœur. Ah! s'il avait vécu dans des jours de lumière, S'il pouvait tout à coup, ranimant sa poussière, De sa présence auguste étonner les humains,

Et revoir ce Versaille embelli par ses mains!
Quel moment ! quel réveil ! Les voilà ces lieux même
Où les Arts, décorant son pompeux diadème,
Habitaient dans sa cour, et fiers de son appui,
Venaient avec honneur s'abaisser devant lui.
Un autre éclat succède à leur gloire passée.
L'auguste Liberté, si longtemps repoussée,
Prudente sans faiblesse, et ferme sans orgueil,
Du palais de nos rois ose franchir le seuil.
Elle élève son front sous les mêmes portiques,
Où Louvois a dicté ses ordres despotiques.
Je vois les courtisans fléchir à son aspect,
Accablés de terreur, et non pas de respect.
Puisse-t-elle, en brisant les fers de l'esclavage,
Donner à ma patrie un bonheur sans orage!
Qu'au lieu d'édits sanglants, elle porte en sa main
Ces paisibles écrits, espoir du genre humain ;
Qu'elle abjure le glaive et garde la balance,
Des peuples et des rois fixe enfin la puissance,
Gouverne sans désordre, et, sage en ses projets,
Affermisse le trône en vengeant les sujets!
Aimons la Liberté mais soyons dignes d'elle.
Déjà sa main nous rend ce ministre fidèle
Que les complots des cours ont trois fois exilé,
Et que le vœu public a trois fois rappelé.
L'Opinion, bravant une ligue perfide,

Le couvre tout entier de sa puissante égide.
De ces fameux bannis qu'a défendus ma voix,
Son nom, mieux que nos vers, doit protéger les droits.

La haine en ce moment n'ose plus le combattre ; Et ce nouveau Sully d'un nouvel Henri Quatre, Subjuguant comme lui ses rivaux abattus,

Né dans le même culte, a les mêmes vertus.

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VERS A L'AUTEUR

DES

VOYAGES DU JEUNE ANACHARSIS.

1790.

D'Athène et de Paris la bonne compagnie

A formé dès longtemps votre goût et vos mœurs;
Toute l'antiquité par vos soins rajeunie
Reparaît à nos yeux sous ses propres couleurs,
Et vous nous rendez son génie.

Au milieu de la Grèce, Anacharsis errant,

Sait plaire à tous les goûts dans ses doctes voyages,
Étonne l'érudit, et charme l'ignorant ;

Aux soupers d'Aspasie, au banquet des Sept Sages,
Vous auriez eu le premier rang.

C'est vous qu'on doit nommer l'abeille de l'Attique,
Vous, dont le style pur, ami de la clarté,
Joignit tous les trésors de la sagesse antique
A la moderne urbanité.

Que de tableaux divers! dans l'Elide emporté,
A travers la poudre olympique,

Je vole après le char de l'athlète indompté :
Sur la barrière assis, Pindare avec fierté

Entonne l'hymne poétique

Qui donne l'immortalité.

Tous les arts ont fleuri sous ce ciel enchanté;
Le goût à chaque pas y rencontre un modèle,
Sophocle, en ce lieu même, avec solennité,
Se couvrit à cent ans d'une palme nouvelle;
A sa tribune encor Démosthène m'appelle;
Phryné sort de la mer, et soudain sa beauté
Montre Vénus à Praxitèle.

Jupiter m'apparaît; oui, du Maître des Dieux
L'artiste a reproduit l'auguste caractère ;
Phidias l'a vu dans Homère,

Comme il existe dans les Cieux.

Mais des plus beaux des arts que sont les vains prodiges Auprès de ceux de la vertu ?

D'Aristide exilé je cherche les vestiges;

Le plus grand des Thébains ici meurt abattu.
Là, des lois de Lycurgue embrassant la défense,
Vous opposez son peuple à celui de Solon,
Et l'œil observateur, aux grâces de l'enfance,
Croit voir de l'âge mûr succéder la raison.
De Socrate plus loin l'éloquent interprète,
Xénophon, vient m'ouvrir sa modeste retraite :
Écrivain doux et pur, philosophe et soldat,
Il semble à Fénelon réunir Catinat.
Pythagore en secret m'explique son système;
De Cérès-Éleusis les temples sont ouverts,
La Vérité pour moi s'y montre sans emblème.
Platon assis aux bords des mers

Dans un style divin m'annonce un Dieu suprême.
Aristote m'invite aux jardins d'Acadème.

Des sciences, des arts qui s'y donnent la main,

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