ORAISONS FUNÈBRES NOUVELLE ÉDITION REVUE SUR CELLE DE 1689 AVEC UNE INTRODUCTION DES NOTES PHILOLOGIQUES, HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES ET UN CHOIX DE DOCUMENTS HISTORIQUES PAR P. JACQUINET SUPÉRIEURE ANCIEN MAITRE DE CONFÉRENCES A L'ÉCOLE NORMALE INTRODUCTION L'oraison funèbre, au commencement du xvII° siècle, était arrivée au pire état où puisse tomber un genre d'éloquence. L'usage depuis longtemps établi d'en réserver exclusivement l'honneur aux personnes de haut rang ou de noble condition, et de le prodiguer, dans ces limites, sans discernement et sans choix, y avait en quelque sorte naturalisé la louange banale, adulatrice et mensongère. Un des articles de foi de la rhétorique du temps contribuait à en bannir toute simplicité de langage. Le panégyrique funèbre, même celui qui se prononce devant les autels, ayant été rangé par les doctes de la renaissance dans le domaine de l'éloquence démonstrative (šπideixTix), on se croyait libre, ou plutôt tenu d'y répandre à pleines mains tous les ornements de la diction, d'y faire étalage, selon le précepte du rhéteur ancien, de brillantes figures et de phrases retentissantes. On y visait à plaire, à éblouir, beaucoup plus qu'à instruire et à édifier. Nous pouvons apprendre de la bouche même d'un des plus renommés prédicateurs du règne de Louis XIII quelle idée les lettrés d'Église eux-mêmes se faisaient alors de l'oraison funèbre, comment ils en comprenaient les difficultés et les devoirs. Voyez en quels termes celui qu'on appelait l'éloquent Ogier s'explique à ce sujet dans la préface du recueil de ses œuvres : << Puisque l'usage des panégyriques est si fréquent parmi nous; » qu'ils sont introduits dans nos chaires de tout temps par la >> louange des Saints et les Oraisons funèbres; qu'ils sont reçus >> dans le barreau par la présentation des grands officiers de la >> couronne et dans les écoles de théologie et de médecine par |