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M. le président maintient la parole à M. Thédenat pour une seconde communication:

‹ Vers le milieu d'octobre de l'année 1878, des ouvriers travaillant dans une pièce de terre située aux Lilas-Romainville, près Paris, et appartenant à M. Rozière, découvrirent des restes de constructions; après les avoir déblayés, ils se trouvèrent au fond d'un caveau long de 2 mètres et large de 1m80, auquel on avait accès par six marches. Les murs, construits en pierres noyées dans un ciment très dur, avaient 150 de hauteur sur 0-40 d'épaisseur. Dans ce caveau on trouva les objets que j'ai l'honneur de vous communiquer:

« 1 Une petite amphore sans anses, en terre grossière, haute de 10 centimètres 6 millimètres, ayant à l'orifice un peu plus de 2 centimètres, et, dans la partie la plus ventrue, environ 6 centimètres de diamètre.

« 2° Un buste en bronze, haut de 12 centimètres et demi, y compris le piédestal qui mesure 2 centimètres; c'est un buste de Mercure; la tête du Dieu est nue et surmontée de deux ailes; les cheveux forment un triple rang de boucles, les yeux ont été incrustés d'argent; tout l'ensemble a une grâce féminine. La partie inférieure du buste est encadrée dans un ornement dont le motif semble avoir été emprunté à un feuillage aquatique. Ce buste ressemble à d'autres bustes qui surmontent des tiges de trépieds; Spon' et Montfaucon 2 en ont publié chacun un modèle; on en conserve au Musée du Louvre et au Musée Britannique; sans aucun doute, notre Mercure appartenait à un monument semblable; l'extrémité de la tige du trépied, encore engagée dans le piédestal, et l'amorce du support qui servait à soutenir le bassin ne permettent pas d'en douter.

3. Une petite ciste en bronze, fort maltraitée par le temps. Elle est de forme cylindrique, ayant 0m05 centi

1. Spon, Miscellanea eruditae antiquitatis, sectio III, dissertatio de tripodibus, planche et page 118; cf. la même planche, reproduite par Montfaucon l'Antiquité expliquée en figures, t. II, pl. Li, en regard de la page 138. 2. Montfaucon, ibid., pl. LII, 3.

3. Salle des bronzes.

mètres de hauteur sur 9 et demi de diamètre. Son ornementation se compose de quatre cercles symétriquement disposés et formant un bourrelet très peu saillant. La partie supérieure se termine par un rebord en saillie surmonté de boules inégalement espacées. »>

M. Quicherat dit que le véritable sens du mot vestiarius cité dans la première communication de M. Thédenat est costumier et non tailleur. On connaît plusieurs inscriptions où figure ce nom; une d'elles a été trouvée à Paris et commentée par M. de Longpérier.

M. Guillaume communique une lettre de M. Delattre, associé correspondant à Cambrai, demandant à la Compagnie de s'interposer pour empêcher la démolition de la célèbre porte Notre-Dame de cette ville, démolition qui est proposée par le génie militaire. Selon M. Delattre, la porte peut parfaitement être conservée sans nuire aux travaux de défense. M. Delattre annonce également que le propriétaire de l'Entrée du Palais de Fénelon va restaurer le magnifique portique renaissance, seul vestige des splendeurs architecturales de l'ancienne église de Cambrai.

Une discussion s'engage sur les moyens à employer pour satisfaire au vœu de M. Delattre. Il est décidé que M. le Président écrira au ministre de la guerre.

M. Nicard dit que divers journaux annoncent la découverte, faite auprès de Saint-Germain-des-Prés, des parements d'une salle capitulaire et de deux autres pièces de l'abbaye.

M. Quicherat annonce que sur la colline du Panthéon, rue des Sept-Voies, sur l'emplacement de l'ancien collège de Reims, primitivement l'hôtel des ducs de Bourgogne de la première dynastie, on a retrouvé, à une très grande profondeur, un chambranle gallo-romain, couvert de sculptures luxuriantes de l'époque des Antonins; ces sculptures sont faites au trépan: ce fragment devait faire partie de quelque édifice important.

M. Héron de Villefosse fait la communication suivante : « Le Musée du Louvre vient de recevoir, en don, du Conseil général de l'Ariège, deux sarcophages qui étaient conservés à Foix et qui méritent de fixer l'attention de tous ceux qui s'intéressent aux œuvres des premiers siècles du christianisme. C'est à l'obligeance et aux démarches actives de M. Pasquier, archiviste de l'Ariège, que le Musée est redevable de ces précieux monuments actuellement exposés au Louvre, dans la salle réservée aux marbres chrétiens.

« Le premier, dont il ne reste que la cuve, est très simplement décoré. La face principale est divisée en trois compartiments séparés par des piliers cannelés d'un relief très plat. Ces compartiments sont remplis chacun par deux zones de petits ornements strigillés; chaque zone est bordée par une torsade. Le compartiment central est orné d'un cadre rond, formé par une guirlande de lierre courant entre deux cercles concentriques; au milieu de ce cadre est placé un vase (amphore à deux anses et à panse godronnée) d'où s'élance une vigne. A la partie supérieure de la cuve court une rainure pour l'agencement du couvercle. Ce sarcophage était autrefois conservé à Cadarcet, canton de la Bastide de Sérou, dans le jardin du presbytère où il servait d'abreuvoir. Il est probable qu'il a été découvert dans ce village, mais on n'en a pas la certitude. Il avait été donné, en 1864, au département de l'Ariège par M. le marquis de Narbonne. Il est en marbre blanc; sa longueur est de 2 mètres; sa largeur est de 0m69 à l'ouverture de la cuve, et de 057 à sa base.

« Le second sarcophage n'est pas complet; il ne reste également que la cuve, encore n'existe-t-elle qu'à l'état de débris. Les fragments ont été rapprochés, et on a pu en reconstituer l'ensemble. La face principale était divisée en cinq compartiments séparés par des colonnes torses, à chapiteaux corinthiens. Le cadre qui entoure le compartiment du milieu est carré; les quatre autres cadres sont terminés, à leur partie supérieure, comme un toit en bâtière, à deux pentes.

Voici ce qui reste des différentes scènes qui décoraient la face antérieure, en commençant par la gauche :

1. Deux figures; il reste le pied droit de l'une et le corps de l'autre en entier, moins les jambes.

2. Deux figures (apôtres ?) drapées, regardant à droite; les jambes manquent.

3o Scène centrale, la résurrection de Lazare le Christ touche de la main droite la momie de Lazare qui sort d'un petit sarcophage strigillé dont le couvercle est levé; deux rideaux relevés se voient au-dessus de la scène. Il est intéressant de remarquer la position occupée par cette scène au centre d'un sarcophage; ordinairement elle est toujours placée à l'une des extrémités en regard de Moïse frappant le rocher, par exemple. Il y a cependant à Aix, je crois, un monument où elle ne se trouve ni au bout ni au centre. La décoration strigillée du petit sarcophage de Lazare est aussi à signaler; la même décoration se voit sur le sarcophage de Cadarcet et sur plusieurs tombeaux contemporains trouvés dans la région de Toulouse.

4. Il ne reste rien du sujet qui remplissait le quatrième compartiment; il n'existe plus qu'une partie du cadre.

5. Deux figures drapées, tournées l'une vers l'autre ; le bas des jambes manque.

Les faces latérales sont moins endommagées. Sur celle de gauche est représentée une scène pastorale divisée en deux registres. Dans le registre supérieur on voit un berger couché et endormi près d'un arbre derrière lequel est un chien; deux autres bergers debout, appuyés sur leurs bâtons, regardent un agneau placé à leurs pieds. Dans le registre inférieur, dont un morceau manque, au milieu on aperçoit un arbre, à gauche duquel trois brebis sont occupées à paître ; à droite, une chèvre couchée sur un rocher, une seconde chèvre allaitant son chevreau et deux chèvres luttant l'une contre l'autre en se frappant le front. La face latérale droite représente Daniel, nu, debout, les mains ouvertes, entre deux lions; deux rideaux relevés encadrent la scène. Ce sarcophage a été découvert, sous la Restauration, au Mas SaintAntonin', près de Pamiers. Il est en marbre blanc; sa

1. Cette localité est située sur l'emplacement primitif de l'abbaye de Saint-Antoine

longueur est de 2m16; sa largeur est de 0m74 à l'orifice de la cuve, et de 067 au fond; l'épaisseur des parois est de 0m08.

« L'envoi du Conseil général de l'Ariège comprend également les débris d'un couvercle en bâtière, complètement uni, provenant d'Unjat, commune de la Bastide de Sérou ; il est en pierre du pays. Le paysan qui le découvrit commença par le briser, et ce n'est que par l'intervention du curé de Montels que la destruction complète fut arrêtée. M. le marquis de Narbonne s'en rendit acquéreur et le fit transporter avec celui de Cadarcet à la préfecture de l'Ariège.

Le sarcophage du Mas Saint-Antonin avait été vu dans la bibliothèque de Foix et décrit par Cénac-Moncaut, avant 1860'. A cette époque le monument était sans doute plus complet, car cet auteur, dans sa description, indique un sujet, d'ailleurs insolite, Madeleine présentant le vase des parfums qui ne se retrouve plus aujourd'hui.

« L'histoire de ce sarcophage, pendant son séjour à Foix, est assez singulière. L'inventaire de la bibliothèque de Foix constate qu'il arriva en morceaux dans cet établissement. On l'inscrivit sur le catalogue des objets curieux et, afin de le faire valoir, on rajusta les fragments; on prit même soin de remplacer en plâtre ce qui manquait 2. C'est dans cet état que Cénac-Moncaut le vit avant 1860. En 1864, un nouveau préfet fut nommé à Foix : désireux de former un Musée, il adressa un appel pressant aux amateurs et aux archéologues du département. On n'y répondit guère; il n'y eut que le marquis de Narbonne qui prit la chose à cœur et envoya à Foix les deux sarcophages

qui, par suite de différentes circonstances, fut établie à l'intérieur de la ville. Le sarcophage pourrait donc provenir de la première abbaye.

1. Histoire des peuples et des États pyrénéens, France et Espagne, 2o édition, 1860, additions et notes du III volume. Archéologie pyrénéenne, P. 500.

2. M. Pasquier l'affirme. On se demande alors si le sujet de Madeleine indiqué par Cénac-Moncaut n'était pas une restauration en plâtre un peu trop hardie? à moins que Cénac n'ait décrit, à sa manière, le panneau no 4, alors en place et qui manque aujourd'hui complètement.

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