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naitre lui-même, faire connaitre ses disciples et leurs relations avec puissances ecclésiastiques ou séculières. Il donne, sur les ouvrages de Pierre, ainsi qu il l'avait fait dans les deux premiers volumes à propos de ses prédécesseurs, des appréciations et des analyses plus complètes. qu'on n'en trouve dans l'Histoire littéraire des Bénédictins.

C'est, en effet, par la multitude des points de vue qu'il embrasse que cet ouvrage nous semble, avant tout, se recommander. L'auteur s'est efforcé de faire revivre, pour ainsi dire, dans son entier, cet ordre célèbre, et de ne rien omettre sur l'époque que l'on peut appeler à juste titre son époque héroïque. Ajoutons qu'il a constamment puisé aux sources originales imprimées ou manuscrites; son langage en est, en quelque sorte, imprégné, et son style, pour être sévère et sobre, comme il convient à un si grave sujet, ne manque ni de couleur ni d'énergie. HAROLD DE FONTENAY.

Histoire de Saint-Louis, par Jean, sire de JOINVILLE, suivie du Credo et de la Lettre à Louis X, texte ramené à l'orthographe des chartes du sire de JOINVILLE, et publié pour la Société de l'histoire de France, par M. NATALIS DF WAILLY, membre de l'Institut. Paris, Vve Jules Renouard, 1868. Gr. in-8 de xxxvI-440 p. Prix : 9 fr.

Nous avons déjà parlé (T. III, p. 141), des travaux de M. de Wailly sur Joinville. Dans son édition de 1867, le savant académicien s'était occupé uniquement de donner un texte exact, quant au sens, et conforme aux meilleurs manuscrits qui sont, comme on sait, l'un, de la seconde moitié du XIVe siècle, les autres du xvr". Dans l'édition de 1868, le but qu'il se propose est de se rapprocher plus encore de l'œuvre du fameux sénéchal, et de nous mettre sous les yeux, pour chaque mot, l'orthographe probable du scribe auquel le compagnon de Louis IX a dicté la vie du saint roi. Je dis l'orthographe probable, sauf bien entendu, les signes de ponctuation et d'accentuation, que notre système graphique possède plus complétement que celui du temps de Joinville. C'est un avantage dont nous ne devons pas nous priver au détriment de la clarté, et pour mettre les lecteurs dans l'embarras, sous prétexte d'une stérile imitation. Sur ce point, Daunou appartenait à une école. toute différente de la nôtre.

Voici un passage de son édition. Je donne, entre parenthèses, après chaque mot, les corrections de M. de Wailly:

« Le jour que le (li) roy (roys) se parti de Yeres (Yères), il descendi a (¿) pié du (dou) chastel pource (pour ce) que la coste estoit trop roite et ala tant a (4) pié que pource (pour ce) que il ne pot avoir son palefroi, que il li convint monter sur le mien. Et quant ses palefrois furent

(fut) venus, il courut sus moult (mout) aigrement a (a) Poince lescuier (l'escuier); et quant il lot (lot) bien mesamé (mesamei), je li dis: Sire, vous devez moult (mout) soufrir à Poince lescuier (l'escuier); car il a servi votre aieul (aioul) et vostre pere (père) et vous. « Seneschal (Seneschaus), fist-il, il ne nous a pas servi, mès (mais) nous lavons (l'avons) servi quant nous lavons (l'avons) soufert entour nous, aus mauveses (mauvaises) taches que il a (Rec. des Hist. de France, t. XX, p. 289; Cf. éd. de M. de Wailly, 1868, p. 237). »

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Uncertain nombre de ces changements ne consistent que dans l'addition d'apostrophes et d'accents. D'autres sont plus importants : Li roys pour le est le cas direct que le sens exige. roy Dou pour du est la leçon constante des chartes. Fut a été, avec raison, substitué à furent, contre-sens commis par les copistes qui, ne sachant pas la règle de l's, avaient pris pour un pluriel le cas direct masculin singulier. - Mout au lieu de moult, est autorisé par la charte X bis 7. (Mém. sur la langue de Joinville, p. 147, col. 1.) Mésamei a été écrit avec ei final au lieu d'é, car telle est l'orthographe dominante dans les chartes (Ibid. p. 30). Aioul au lieu de Aieul, parce que, dans les chartes, o accentué latin est plus souvent représenté par ou que par eu achetour pour acheteur, priour pour prieur, seignour pour seigneur, pescheour pour pescheur, religioux pour religieux. Seneschaus pour seneschal, parce que le vocatif est ordinairement assimilé au nominatif singulier. Exemple, dans le Credo: enemis, p. 272; enfers, p. 278; sires, p. 284; et dans la lettre à Louis Hutin chierd, p. 289. : Mais, qui se trouve dans les chartes de Joinville, a été avec raison substituée à mès qu'on y chercherait inutilement. Mauvaises, écrit au lieu de mauveses, manque dans les chartes de Joinville, mais on y trouve mauuvais (et non mauvès).

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Dans le travail de M. de Wailly quelques détails d'exécution seront peut-être contestés,mais,ceux qui, après lui, éditeront des chroniques françaises du moyen-âge, seront obligés de suivre la voie qu'il a ouverte.

Quand se décidera-t-on à appliquer en France ce système aux éditions des classiques latins? Quand abandonnera-t-on une orthographe routinière pour imprimer Cicéron ou Virgile d'une manière conforme aux lois orthographiques établies par les inscriptions contemporaines de ces grands écrivains? Espérons qu'un temps viendra où, même en cette matière, la science triomphera d'habitudes que la paresse explique, mais que ne peut justifier une tradition dépourvue de fondeH. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE.

ments.

Mélanges politiques et historiques, par M. GUIZOT. Paris, Michel Lévy, 1869. In-8 de XLIV-498 p. Prix: 7 fr. 50.

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Les cinq ou six opuscules dont se compose le récent volume de

M. Guizot remontent à la Restauration. L'auteur les reproduit sans changements; il se contente de les faire précéder d'une longue préface. « Ce n'est point, dit-il, par une complaisance paternelle et pour satisfaire à une fantaisie de vieillard que je réimprime aujourd'hui des écrits politiques publiés il y a quarante et cinquante ans, au milieu d'événements et sous des régimes très-différents de l'état actuel de notre patrie. » Les prétentions de M. Guizot sont plus hautes : c'est pour lui une occasion de donner son opinion sur la crise que traverse la France et qui n'est autre évidemment « qu'un effort pour sortir du régime de la dictature et pour rentrer dans le régime de la liberté active et de l'influence efficace du pays dans son gouvernement, car c'est là le vrai nom de ce qu'on appelle aujourd'hui le gouvernement personnel. >> Nous ne suivrons pas l'illustre auteur sur ce terrain. Mais nous pourrons dire que les quarante pages de sa préface sont consacrées à la revue rapide de tout ce qu'a été le « gouvernement personnel » sous nos différents régimes depuis la Révolution. Il y a profit à étudier ces graves problèmes politiques avec un homme d'Etat comme M. Guizot. Son infaillibilité n'est peut-être pas absolue; mais son expérience est grande; et il est certain que les pages qu'il nous fait relire aujourd'hui n'ont point vieilli. Le dernier morceau du volume en serait une preuve manifeste; il est intitulé: De la Session de 1828, et l'on pourrait y prendre pour l'heure présente les plus utiles et plus directes leçons.

Les autres opuscules ont pour titre Du gouvernement représentatif en France, en 1816; De la situation politique et de l'état des esprits en France, en 1817; Des conspirations et de la justice politique, 1821; De la peine de mort en matière politique, 1822; Des élections et de la Société Aidetoi le ciel t'aidera en 1827-1828. Les dates seules disent plus que ne pourrait le faire une courte et sèche analyse. Ces écrits, du reste, sont vraiment le complément des Mémoires de M. Guizot; et, comme l'avoue complaisamment l'auteur, « ils mettent en lumière la fidélité à la même pensée dans la même cause, et l'unité morale et politique d'une longue vie pleine de travail et maintenant bien près du repos éternel. >> Combien de publicistes seraient embarrassés de se rendre cette justice! Et combien hésiteraient à réimprimer leurs brochures d'il y a vingt ans ! GUSTAVE BAGUENAULT DE PUCHESSE.

The Irish in America, by JOHN FRANCIS MAGUIRE. M. P. London, Longman, and Green, 1868. In-8° de xvn-653 p. Prix: 15 fr.

M. Maguire, dont la voix éloquente s'est si souvent élevée dans le parlement du Royaume l'ni pour la défense des droits de son pays, a voulu juger par une enquête personnelle de la situation matérielle et

morale de ses compatriotes dans l'Amérique du Nord: le volume que nous annonçons est destiné à en faire connaître le résultat. Plusieurs questions de premier ordre : les progrès du catholicisme dans le nouveau monde, le sort futur de l'Irlande, l'avenir de l'Angleterre et celui de la grande République américaine, sont intéressées à la solution du problême que l'éminent écrivain est allé étudier de l'autre côté de l'Atlantique. Il était fort important aussi, en présence des assertions les plus contradictoires, de connaître avec certitude ce que deviennent, au point de vue économique, ces milliers d'émigrants débarqués en guenilles, avec quelques shellings pour tout capital, et obéissant presque fatalement, au dire de leurs ennemis, à la propension de leur race à la paresse et à l'intempérance. M. Maguire a parcouru les possessions anglaises de l'Amérique du Nord, et une grande partie du Nord et du Sud des États-Unis; il nous conduit avec lui dans les nouveaux défrichements, aussi bien que dans les villes populeuses : il nous fait écouter tour-à-tour le grave enseignement de la statistique officielle, et la parole imagée et naïve de la femme du pauvre émigrant; le riche négociant à son comptoir, et le Settler dans sa log-cabin; l'évêque catholique et le natif-américain protestant.

De cet ensemble de témoignages divers résulte un tableau trèsintéressant de la vie des fils d'Erin dans leur patrie d'adoption. D'émouvants récits, des traits de mœurs ou de caractère fort piquants y viennent jeter une heureuse variété, et mettre en même temps en lumière la physionomie morale de la race irlandaise. L'espace dont nous pouvons disposer ici ne nous permet pas d'indiquer tous les points qui méritent d'attirer l'attention; contentons-nous de signaler sommairement les résultats les plus importants. M. Maguire montre comment, dans les conditions nouvelles où ils se trouvent placés, les Irlandais débarqués sans capital, prospèrent le plus souvent, grâce au travail et à la sobriété. Il insiste avec raison sur ce fait, que la plupart d'entre eux ont bien plus de chances de succès, en se livrant à l'agriculture qu'en s'établissant dans les grandes villes. L'importance de l'élément irlandais aux États-Unis s'accroît chaque jour, et cela, non-seulement à cause du mouvement considérable d'emigration, mais aussi à cause de la diminution progressive des naissances dans les familles de vieille souche américaine. Grâce à la foi persévérante, aux généreux sacrifices des pauvres émigrés, le catholicisme fait dans. la grande République, de constants et rapides progrès. Elle renfermait, en 1861, 2,519 églises desservies par 2,317 prêtres; en 1867 on y comptait 3,500 églises et 3,252 prêtres. Il est plus difficile de savoir exactement le nombre des fidèles; selon l'auteur, on ne peut pas l'évaluer à moins de neuf millions: c'est plus du quart de la population totale des États-Unis. Un très-intéressant chapitre nous fait

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connaitre la fidélité, la bravoure, l'humanité montrées des deux côtés par les Irlandais pendant la grande guerre civile, et combien aussi de préjugés contre le catholicisme sont tombés devant l'admirable rôle du clergé et des Sœurs au milieu de ces luttes sanglantes. Le dernier chapitre nous fait voir les causes et les résultats possibles des sentiments d'hostilité entretenus contre l'Angleterre par ces émigrés et les fils de ces émigrés, partis pour chercher du pain « et une vengeance. Bien qu'adversaire du fénianisme, il y défend les fénians. contre les calomnies dont la presse anglaise s'est souvent faite l'écho. Nous restons d'ordinaire en France trop étrangers à toutes ces questions; on aura, pour s'y initier, un excellent guide dans le livre de M. Maguire, qui est l'oeuvre d'un homme consciencieux, d'un chrétien et d'un patriote. CHARLES DE GAULLE.

Manuel d'épigraphie chrétienne, d'après les marbres de la Gaule, par EDMOND LE BLANT. Paris, Didier, 1869. In-12 de 267 p. Prix : 3 fr. Le sujet traité dans ce livre est tout nouveau. Pour tirer quelques lois des formules de l'épigraphie chrétienne, il a fallu un ensemble d'observations faites avec une une activité et un soin que l'on n'avait pas mis jusqu'à présent dans ces études. M. E. Le Blant, un des maîtres en cette science nouvelle, en a parfaitement résumé les principes. Pendant que le formulaire des inscriptions païennes est en quelque sorte demeuré immobile, il n'en a point été de même pour celui de l'épigraphie chrétienne. Les fidèles d'Occident tendirent de jour en jour à constituer plus nettement une forme qui leur fût propre ; les mentions admises dans les épitaphes des païens tombèrent pièce à pièce et M. Le Blant suit dans toutes ses phases ce travail d'une lente transformation. Les inscriptions chrétiennes sont aussi remarquables par ce qu'elles ne contiennent pas que par ce qu'elles contiennent. On n'y voit pas la condition du défunt, sa profession, sa patrie, la mention de sa postérité les chrétiens ne se glorifiaient que de leur foi, et une même loi semble avoir banni des actes des martyrs, comme des épitaphes chrétiennes, ces distinctions qui élèvent des barrières entre les enfants de Dieu. La plus grande simplicité, le laconisme règne dans ces inscriptions. A Rome, cela est frappant; et, si en Gaule les formules les plus anciennes sont déjà développées, c'est que ces textes sont relativement d'une époque secondaire. Si le silence gardé sur les vaines disinctions du monde est éloquent, ce qui est inscrit sur la tombe n'est, pas moins digne d'attention: c'est le nom de ceux qui ont fait faire les tombes, l'indication du jour de la mort, si rare sur les marbres païens, fréquente sur les marbres chrétiens, car ce jour est pour le fidèle un jour heureux.

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