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Or, il n'est guère de livre, au jugement des esprits les plus compétents, qui puisse mieux favoriser cette étude si nécessaire, que le célèbre ouvrage du P. Thomassin L'Ancienne et nouvelle discipline de l'Eglise, qu'on a eu la bonne pensée de réimprimer. C'est tout un cours, des plus complets, puisé aux sources mêmes; un des commentaires les plus sûrs, les plus lumineux du Droit canonique, en même temps que l'histoire la plus savante de la hiérarchie catholique et de la discipline ecclésiastique, depuis ses origines et à toutes ses phases.

Nous n'avons pas, du reste, à nous étendre sur le mérite et la valeur en général de cet ouvrage si riche d'érudition et de science approfondie. Nous l'avons déjà fait ici même, (t. I, p. 135), en annonçant la nouvelle édition de l'œuvre magistrale du P. Thomassin, publiée par M. l'abbé André, docteur en Droit canonique, et il suffit aujourd'hui que nous constations l'achèvement de cette édition, en disant un mot du vir volume qui complète l'ouvrage.

Dans ce volume, comme dans les six précédents, M. l'abbé André, qui devait d'ailleurs, en éditeur intelligent, approprier cette nouvelle édition aux besoins du temps présent, à la situation nouvelle faite à l'Eglise, surtout en France, a ajouté, au travail de Thomassin, de nombreuses notes et des additions fort étendues. Nous en avons lu une grande partie et nous pouvons dire que, sauf dans la forme parfois trop cassante, elles nous ont généralement satisfait. Très-savantes, trèsnettes, appuyées de faits, instructives, les observations du docte auteur nous ont paru justes et conformes à la vraie doctrine sur la matière. Pouvait-il en être autrement? M. l'abbé André ne fait, en somme, qu'invoquer le droit canonique de la sainte Eglise romaine, celui des Décrétales, du Concile de Trente et des interprétations qui en sont données par le Vicaire de Jésus-Christ parlant par l'organe des Congrégations romaines. A de telles autorités que pourrait-on opposer? Et qui ne comprend la valeur qu'elles communiquent à la nouvelle édition de Thomassin?

Une bonne table générale alphabétique des matières, qui ne fait pas moins de 150 pages à deux colonnes, termine ce vii et dernier volume. C'est là une heureuse addition. Il n'y avait, dans l'édition de 1681, 3 volumes in-folio, qu'une table alphabétique pour chaque volume. Ici nous avons une table qui embrasse, dans leur ensemble, toutes les matières des sept volumes: elle facilite ainsi les recherches dans un ouvrage où il y a tant à puiser, non-seulement sous le rapport de la discipline ecclésiastique et monastique, mais encore sous celui de l'histoire dont la part est très-copieuse dans l'oeuvre de Thomassin et qu'il a puisée aux sources originales.

L. F. GUERIN.

SCIENCES ET ARTS

Institutiones philosophicæ, HYACINTHI SIGISMUNDI GERDILII presbyt. card. S. R. E. in usum Seminariorum nunc primum editæ studio Caroli VERCELLONE, sod. Barnabitæ. Romæ, typogr. S. Cong. de Prop. Fide, 1867, 2 vol. pet. in-8° de vi-379 et 328 p.- Opuscula IX ejusdem ad hierarchicam Ecclesiæ constitutionem spectantia. Ibid. 1867, pet. in-8° de vп-416 p. De necessitate virtutis politicæ ad optimum societatis statum, auctore eodem. Ibid. 1868, pet. in-8° de vш-232 p. Elementorum moralis prudentiæ juris specimen, eodem auctore. Ibid., 1868 pet. in-8° de 1x-107 pag. Prix (franco chez Hyac. Marietti, libr. à Turin) : 33 fr. 50 c.

On sait que le cardinal Gerdil, né en 1718, mourut en 1718, préfet de la congrégation de la Propagande. Plusieurs éditions de ses œuvres complètes ont paru en Italie; la dernière est de Naples, 1853-7, 7 vol. in-4°. C'est depuis seulement que le P. Vercellone a été assez heureux pour mettre la main sur un manuscrit des Institutions philosophiques professées par Gerdil à Casal de 1739 à 1749. Il provient du collège des Jésuites de Turin: une note finale porte qu'il a été écrit par un des principaux élèves de Gerdil, César Camille Brémond. Ces leçons sont divisées en deux volumes, dont le premier comprend la Logique et la Métaphysique; la Physique et l'Ethique occupent le second. L'éditeur n'a pas cru devoir reproduire la Physique, tout en attribuant une haute importance à ces œuvres inédites. Les doctrines qui y sont défendues rappellent l'auteur des Principes métaphysiques de la morale chrétienne et de l'Immortalité de l'âme démontrée contre Loke, ce qui nous dispensera de faire ici l'analyse de son système philosophique. Ses divisions n'offrent point, d'autre part, assez d'originalité pour être indiquées minutieusement. Malgré le nombre des philosophies du même genre à l'usage des séminaires, il y avait profit à mettre au jour les leçons du cardinal Gerdil.

Les neuf opuscules contenus dans le volume suivant ne sont pas inédits: ils ont été reproduits, en vue des nécessités présentes, d'après l'édition de Naples. Ce sont: 1° Lettre sur les moyens d'établir un accord entre les catholiques et les hétérodoxes (p. 1.); 2o Commentaire contre Boehmer sur les transactions amicales qui devraient terminer les controverses de foi (p. 77); 3° Sur la plénitude du pouvoir épiscopal, examen des différences qui existent entre le pouvoir que confère l'ordre et celui que donne la juridiction (p. 105); 4° De quelques conséquences du principat apostolique qui réside dans l'église romaine (p. 189); 5° Conséquences touchant la constitution hiérarchique de l'Eglise, tirées des rapports de Bossuet avec Molanus et Leibnitz (p. 187); 6o Autorité de la primauté pontificale établie par Jésus-Christ dans la JUILLET 1869.

T. IV. 2.

chaire de Pierre et de ses successeurs, avec spécimen de la tradition à cet égard (p. 224); 7° Documents touchant le dogme catholique de l'autorité exclusive de l'Eglise touchant l'établissement des lois disciplinaires (p. 337); 8° Réponse à l'archevêque d'Embrun sur quelques erreurs relatives à la hiérarchie et à la juridiction ecclésiastiques (p.355); 9o Formule de soumission à la constitution dogmatique Auctorem fidei de Pie VI (p. 383).

L'opuscule sur la nécessité de la vertu politique pour le bon état de la société n'est pas non plus inédit. L'auteur y examine quinze questions et termine en montrant la nécessité d'unir la religion à la vertu politique. La réimpression, dédiée au cardinal Joseph Bérardi, est remarquable au point de vue typographique et offre un excellent spécimen de l'imprimerie de la Propagande.

La reproduction du dernier opuscule de Gerdil dont il nous reste à parler est également dédiée à un cardinal, Annibal Capalti. Ces éléments de droit naturel furent imprimés à Turin en 1774; ils sont divisés en trois parties: la première définit et divise le droit en général, donne les notions particulières au droit naturel et au droit des gens; la deuxième discute les príncipes du droit naturel; la troisième les applique aux différentes situations de l'individu.

La réputation du cardinal Gerdil recommande tout ce qui est sorti de cette plume infatigable pour la défense de l'Eglise.

C. U. J. CHEVALIER.

La philosophie scolastique exposée et défendue, par le Rév. Père KLEUTGEN, traduit de l'allemand par le Rév. Père SIERP. Paris, Gaume, 1868-69. T. I et II. 2 vol. in-8° de xvi—564 et 355 p. Prix: 6 fr. le vol.

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Le monde, livré à la dispute des hommes, n'a jamais fourni à ceux qui ont voulu l'étudier en philosophes que trois réponses entre lesquelles il leur a fallu opter, parce que l'une des trois exclut forcément les deux autres. La plus acharnée des trois, celle qui, par son acharnement même, mérite la première d'être éliminée de l'esprit d'un philosophe sérieux, est celle que l'Esprit-Saint a stigmatisée maintes fois, celle qui dit toujours et partout: « Non, nous ne saurons jamais rien de certain sur quoi que ce soit. » Epicure et Démocrite ont systématisé le plus honnêtement possible cette philosophie essentiellement négative. Une fois cette prétendue manière de résoudre les énigmes de ce monde mise hors de concours, deux réponses restent en présence, et chacune d'elles se prévaut d'un système philosophique qui la soutient et la propage avec honneur, très-probablement depuis les premiers jours du monde, au moins depuis que les penseurs, écrivant ou dictant leurs pensées, nous ont laissé des monuments de leur

genie. Ces systèmes ont tous les deux des tenants glorieux, Platon et Aristote; et le christianisme, qui a porté, qui porte encore sur les vérités de l'ordre naturél le reflet de ses lumières infaillibles, n'a pourtant jamais résolu définitivement le doute qui tient bien des esprits suspendus entre l'un et l'autre. Chacun de ces deux grands maîtres a donné, du monde naturel et du monde métaphysique, une explication avouable, et les disputes des hommes sérieux, une fois l'ennemi commun, c'est-àdire l'incrédule, mis dehors, se sont perpétuées sur les frontières du péripatétisme et du platonisme. L'Eglise, comme elle sait vivre sous tous les régimes politiques honnêtes, sait aussi s'accommoder d'une philosophie et de l'autre, suivant que les écoles humaines, muables comme tout ce qui est humain, croient à propos de substituer l'une à l'autre, après une évolution complète de celle que l'on quitte.

Cependant, chaque philosophe chrétien croit que sa doctrine est, plus particulièrement qu'aucune autre, apte à soutenir les intérêts sacrés du christianisme. Ce n'est pas sans combat qu'au jour où l'Eglise a voulu systématiser l'a défense et l'exposition de la vérité catholique, on a accepté et adopté pour de longs siècles l'enseignement péripatéticien; ce n'est pas sans combat non plus qu'aux seizième et dix-septième siècles un grand nombre d'écrivains ecclésiastiques ont fait pénétrer, dans le camp ami de la vérité, des armes d'une trempe nouvelle, des données philosophiques inusitées, des accommodements avec les théories philosophiques mises en crédit par Descartes et par Leibniz. Platon semblait avoir pris pied, Aristote lui succéda, puis Platon revint.

Il faut bien le dire, les écrivains qui tiennent pour celui-ci, quelque largeur apparenté qu'ils prétendent donner à leurs doctrines, sont agressifs, et personne n'est sans avoir entendu, depuis deux cents ans, accuser les péripatéticiens de mille et mille péchés dogmatiques contre la nature, contre la science, contre la logique, et même contre Dieu. Beaucoup de gens croyaient même les doctrines péripatéticiennes tout à fait mortes, quand, se réveillant lentement de leur sommeil momentané, elles s'entendirent rappeler par l'esprit de l'homme, esprit militant qui ne veut pas se laisser maîtriser sans conteste par une doctrine, quelle qu'elle soit, tant que cette doctrine ne vient pas directement et absolument de Dieu. Voilà Aristote qui se relève contre Platon. Le mouvement, à peine sensible en France, s'accentue particulièrement en Italie et en Allemagne.

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C'est de cette dernière région que nous vient l'ouvrage du R. P. Kleutgen. Ce docte professeur défend la scolastique, c'est-à-dire le système philosophique adopté par saint Thomas, saint Bonaventure et tant de saints docteurs du moyen âge, des accusations portées contre elle par les amis exagérés du platonisme moderne. Son ouvrage serait intéressant, même pour ceux qui ne voudraient satisfaire' qu'une noble

curiosité celle de voir aux prises les deux principes philosophiques qui se sont, depuis que nous connaissons l'esprit humain, disputé l'empire des hautes intelligences. Il l'est encore particulièrement pour ceux qui, un peu fatigués de ne connaître la scolastique que par les objurgations et les triomphes faciles de ses adversaires, veulent voir exposées par un écrivain érudit et savant en ces matières les principales théories des grands philosophes du moyen âge. L'origine des idées, les querelles du réalisme et du nominalisme, la certitude métaphysique, les principes qui la fixent, la méthode pour y arriver, toutes ces questions sont traitées dans les deux volumes déjà parus,avec une science parfaite des données anciennes et une connaissance exacte des lumières que les discussions relativement modernes ont pu y ajouter. L'auteur nous promet pour le troisième et le quatrième volumes l'application de ces théories générales à quelques thèses essentielles de la théologie. Ainsi, sans contester le progrès que la scolastique doit faire en s'éclairant des recherches nouvelles, l'auteur la justifie des reproches d'insuffisance ou même d'erreur dont on voulait l'accabler. Ceux qui liront son livre, s'ils n'adoptent pas le système philosophique auquel ses sympathies appartiennent évidemment, lui devront rendre grâces des vérités qu'il a mises au jour; ils devront reconnaître que toutes les attaques contre ce système ne sont pas fondées, que toutes les théories appuyées sur la doctrine platonicienne ne sont pas admissibles sans contrôle, et que, dans les champs philosophiques comme dans tous les autres champs de bataille, il ne faut pas traiter avec trop de morgue le vaincu d'hier, parce qu'il pourrait bien être le vainqueur de demain. FR. THOMAS Bourard, des Frères prêcheurs.

Les choses de l'autre monde, journal d'un philosophe, recueilli et publié par l'abbé BAUTAIN. OEuvre posthume. Paris, Hachette, 1868. In-12 de vi et 449 p. Prix 3 fr. 50.

« Le livre que nous publions en ce moment, »— dit en un court avantpropos M. l'abbé de Régni, légataire des manuscrits du prêtre philosophe dont l'enseignement a laissé à ses auditeurs de la Sorbonne de si aimables souvenirs, - venait d'être complétement achevé par M. l'abbé Bautain quelques semaines avant sa mort, et il avait pu en remettre lui-même le manuscrit à son éditeur. M. Bautain 'éprouvait une consolation particulière à terminer sa carrière par cet ouvrage, qui nous semble résumer ses longs travaux philosophiques et religieux, et où l'on trouve ce caractère de maturité et de mansuétude ui appartient à une sainte vieillesse. Il aimait à s'en entretenir avec

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