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dice, M. Chaignet étudie l'histoire et les doctrines des sophistes et justifie l'opinion sévère qu'il a cru devoir exprimer sur leur compte. M. Chaignet a connu tous les témoignages anciens; il a connu aussi la plupart des travaux modernes et même contemporains dont Socrate a été l'objet soit en France, soit en Allemagne, soit en Angleterre. L'ouvrage de M. Chaignet, quoique très-savant, est d'une facile et agréable lecture. L'auteur relève souvent les erreurs de ses devanciers, notamment de Léo Allazzi, de K. Fried. Hermann, de Fréret, de Grote, de Victor Cousin, de l'abbé de Canaye (qu'il a le tort d'appeler de la Canaye, p. 194), et l'on n'aura guère à en relever chez lui. Je lui reprocherai seulement d'avoir accepté, sans la discuter (p. 282), l'opinion, si fort contestée de nos jours par la science médicale, qui fait mourir Socrate empoisonné par la ciguë.

-Le tome premier de l'Histoire des Orientalistes de l'Europe est tout entier consacré à la série du XIXe siècle, et nous offre des notices très-bien faites sur les quinze orientalistes dont les noms suivent: Kosegarten (Jean Godefroi Louis), Kowalewski (Joseph Etienne), Amari (Michel), baron Guerrier de Dumast (Auguste Prosper François), Charmoy (François Bernard), Weil (Gustave), Des Vergers (Joseph Marin Adolphe Noël), Holmboe (Christophe André), Dorn (Bernard), Veth (Pierre Jean), Sédillot (Louis Pierre Eugène Amélie), Wilson (Horace Hayman), Tornberg (Charles Jean), Mirza Kazem-Beg (Alexandre), Reinaud (Joseph Toussaint). Il faut louer dans le livre de M. Dugat l'exactitude des appréciations, non moins que l'exactitude des renseignements. Une mention particulière est due aux indications bibliographiques, qui sont des plus complètes et même des plus minutieuses, puisque de simples articles de journaux y sont cités avec leur date. On ne saurait trop encourager M. Dugat à continuer résolûment un travail si bien commencé et que précède si utilement une esquisse historique des études orientales en Europe, retracée avec une grande netteté et une grande autorité.

-Sous le titre de Portraits de femmes françaises, M. Imbert de SaintAmand vient de réunir une série de notices déjà publiées, pour la plupart, soit dans la Revue des deux mondes, soit dans le Moniteur. Ces études ont été composées successivement à l'occasion de la publication de divers ouvrages. Ce ne sont donc pas des œuvres originales; ce sont encore moins des œuvres de critique. Le mot de portraits leur convient à merveille elles sont vraiment des esquisses littéraires tracées avec grâce et avec facilité. Quelques assertions de l'auteur sont très-contestables, et son éloge de l'Impératrice Joséphine est démesuré. Mais, ces réserves faites, je dois dire qu'on ne lira ni sans plaisir ni sans profit les pages purement écrites et animées des meilleurs sentiments dans lesquelles l'auteur nous entretient de Marie Leckzinska, de la marquise

de Pompadour, de Marie-Antoinette, de la marquise du Deffand, de Madame Élisabeth, de Charlotte Corday, de la marquise de La Rochejacquelein, de madame Tallien.

M. de Saint-Genis, connu par une excellente Histoire de Savoie d'après les documents originaux (3 vol. in-8°, 1868), entreprend de former, sous le titre de : Les Femmes d'autrefois, une galerie dans laquelle il fera successivement entrer Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne (1712), la comtesse de Sault (1590), la marquise de Prie (1725), Marguerite Avet (1793), Louise Gabrielle, régente d'Espagne (1714), etc. Sa première étude est consacrée à Jacqueline de Montbel, veuve de Coligny (1561-1599). M. de Saint-Genis ne pouvait, comme peintre des femmes d'autrefois, débuter d'une manière plus heureuse. Il a traité avec une compétence parfaite un sujet très-intéressant. Réfutant, à l'aide des textes originaux fournis par les archives de Bâle, Berne, Chambéry, Genève et Turin, reproduits à la fin du volume (p. 85-153), les erreurs commises par le comte Jules Delaborde dans sa notice sur la comtesse d'Entremont (Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français du 15 mai 1867), il a réhabilité le duc de Savoie, Emmanuel Philibert, tout en reconstituant en entier, dans de gracieuses pages, la biographie de la noble femme qui mit sa gloire à être « la nouvelle Marcie »de celui qu'elle appelait «le nouveau Caton,» de celle qui, dans une correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau, est surnommée « la perle des dames de ce monde. » Même en cherchant bien, je ne trouve qu'une petite inadvertance à relever dans le travail de M. de Saint-Genis: D'Ossat n'écrivit pas au pape (p. 71), le 16 janvier 1597, une lettre véhémente en faveur de la veuve de Coligny ce fut de vive voix qu'il recommanda au Saint-Père la cause de l'amirale, et ce fut dans une lettre à Villeroy qu'il rendit compte, le 16 janvier 1597, de son entretien sur ce point avec Clément VIII.

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-L'auteur qui s'est caché sous le nom de H. Le Vosgien reproche tout d'abord (p.8) à M. Bouillet, de n'avoir pas dit, dans son Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, un seul mot du général Humbert et de plusieurs autres célébrités, notamment du B. P. Fourier, « le saint de la Lorraine et l'homme de progrès du XVIe siècle. » Il ajoute qu'il croit accomplir « un acte de justice en publiant la vie du général républicain dont, par un dédain étrange, les historiens font à peine mention. >> Amable Humbert, d'après l'extrait de naissance retrouvé par H. Le Vosgien, vint au monde, non à Remiremont, le 25 novembre 1755, mais à la Couare, dans la commune de Saint-Nabord, le 22 août 1767. C'était, d'après le même acte (p. 38), non le fils de parents pauvres, comme le prétendent les biographes, mais le fils d'un négociant. H. Le Vosgien rappelle un peu plus loin (p. 91) que le général Humbert n'a jamais fait partie de la Convention, quoi qu'en ait dit M. Ponsard dans le Lion

amoureux, et que depuis 1792 jusqu'en 1819, il est toujours resté soldat, rien que soldat. Ce fut un autre Humbert (Stanislas), né à Bar-leDuc et non parent du général, qui siégea sur les bancs de la Convention. Diverses lettres d'Amable Humbert ont permis à son biographe de rectifier bien d'autres erreurs (p. 129, 128). Il est regrettable que les renseignements très-nouveaux fournis par H. Le Vosgien sur celui qu'il appelle « le Bayard de la démocratie » soient noyés dans un verbiage sans limites. Heureusement le biographe est moins prolixe quand il s'occupe de Jeanne d'Arc, du Bienheureux Pierre Fourier, du poëte Gilbert, de Claude Gelée dit le Lorrain, de Victor Claude Perrin, duc de Bellune, d'Alix Leclère, première supérieure de la Congrégation de Notre-Dame, du médecin Pierre Thouvenet, de François de Neufchâteau, de Jean François Pellet, du Comte Bresson, des fameux renoueurs Fleurot, de Boulay de la Meurthe, du baron Puton, de Claude Eusèbe Feys, curé de Portieux, de l'abbé Joseph Haustête et de plusieurs autres Vosgiens qui, vus à travers le prisme flatteur du patriotisme, lui paraissent à jamais dignes de mémoire. Je n'étonnerai personne en déclarant que cette partie du volume est à peu près partout des plus banales et des plus insignifiantes.

L'ouvrage de M. de Rochambeau est le complément indispensable de la remarquable édition des OEuvres complètes de Ronsart publiée par M. Prosper Blanchemain dans la Bibliothèque elzévirienne. Cet ouvrage se divise en six parties: I. La généalogie de la famille de Ronsart; II. Propriétés seigneuriales possédées à diverses époques par la famille de Ronsart; III. Iconographie et souvenirs du poëte Ronsart; IV. Mélanges sur P. de Ronsart; V. Pierre de Ronsart, ses juges et ses imitateurs; VI. Pièces justificatives. Puis viennent les errata et appendices, une table analytique des noms de personnes et une table analytique des noms de lieux. Le travail de M. de Rochambeau est trèsconsciencieux et très-curieux. Ceux qui croyaient le mieux connaître Ronsart trouveront dans ce travail une foule de renseignements nouveaux très-clairement présentés. Il m'est impossible de les signaler tous, mais j'appellerai du moins l'attention du lecteur sur ce qui concerne le père du poëte, Louis de Ronsart, chevalier, maître d'hôtel de François Ier (p. 22-38), sur cette question: Ronsart a-t-il été prêtre ? (p. 132-142), sur divers morceaux peu connus et même entièrement inédits de P. de Ronsart parmi les premiers, un sonnet et quelques quatrains, parmi les seconds deux lettres-(p. 184-189), sur des extraits de plusieurs des Vies des poëtes français, par Guillaume Colletet (p. 192256). N'oublions pas de noter qu'à l'errata M. de Rochambeau nous apprend, d'après un titre récemment découvert, que Pierre de Ronsart, quoique non prêtre, a été véritablement curé-baron d'Evaillé, ayant en cette qualité succédé le 28 mars 1557, à son frère Charles, lequel avait

pris possession de la cure le 26 février 1555. Ainsi reprend définitivement sa place dans l'histoire le récit fait par Th. de Bèze et par le Président de Thou, et si énergiquement repoussé par plusieurs critiques (par moi-même, hélas !) récit qui nous montre le curé-poëte se mettant, en 1562, à la tête d'une troupe de jeunes gentilshommes et châtiant, les armes à la main, l'insolence de ceux qui jusqu'à ce jour allaient piller impunément les églises du Vendômois.

M. Athanase Coquerel fils a très-amèrement critiqué, dans le Bulletin de l'histoire du protestantisme français, le Bernard Palissy de M. Louis Audiat. M. Audiat défend son livre avec esprit, et, ce qui vaut mieux, avec justice. Si ses vives saillies sont très-amusantes, sa discussion est, au fond, très-sérieuse et très-instructive, et sa brochure est devenue un utile complément de son livre. Je recommande d'autant plus la lecture de l'heureuse réplique de M. Audiat, que M. Coquerel, abusant de quelques minutieuses objections particulières adressées par moi dans la Revue des questions historiques au biographe de Palissy, semble avoir voulu m'associer à ses injustes sévérités.

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Le discours prononcé à la séance de rentrée de la conférence Proudhon, le 18 décembre 1868, par M. Ant. Robert, constitue une notice des meilleures sur le président Bouhier, « ce magistrat que d'Aguesseau estimait un des plus éclairés du royaume, ce jurisconsulte qu'on a placé (M. Foisset) même au dessus de Pothier, cet historien que vantait Rollin, cet érudit qu'admirait Montfaucon, ce littérateur que l'Académie française disputa à Dijon, ce savant universel, enfin, dont d'Alembert a pu dire: Il embrassa tout, il remua tout. » M. A. Robert, se servant surtout de l'ample biographie écrite par un des meilleurs amis de Bouhier, le docte Père Oudin, des Mélanges du bourguignon Michault, du récent travail spécial de M. Charles des Guerrois, et y ajoutant le résultat de ses propres recherches parmi les papiers du Président que possède la Bibliothèque de Dijon, nous a donné, sous une forme élégante, une étude à la fois rapide et complète. Des notes et éclaircissements, rejetés à la fin de la brochure (p. 42-52) et relatifs 1° à la bibliothèque de Bouhier; 2° à la question de Bibracte et du Mont Beuvrai au temps de cet érudit; 3° à son talent poétique; 4o à son jugement sur Voltaire; 5o à sa longue et ardente polémique avec J.-B. Fromageot; 6° aux anciennes coutumes du duché de Bourgogne publiées par lui; 7° enfin à sa mort, ajoutent un nouvel intérêt au travail de M. Robert.

-M. H. Bonhomme a voulu « retracer, à l'aide de documents entièrement inédits, les qualités d'un grand homme de bien qui, né sur les marches du trône, eut toutes les vertus bourgeoises et privées d'un simple citoyen. » Son livre complète les Mémoires pour servir à la vie et à l'histoire du duc de Penthièvre, par Fortaire, son valet de chambre,

(Paris, 1808, in-12). En faisant mieux connaître le duc de Penthièvre, M. Bonhomme le fait encore mieux aimer. On n'a jamais été ni plus bienfaisant ni plus modeste, ni meilleur, en un mot, à tous les points de vue, que ce petit-fils de Louis XIV. La lecture du récit des belles actions qui remplirent sa vie est des plus douces et des plus efficaces, et il faut savoir gré à M. Bonhomme de nous avoir donné, avec tant de fidélité, une si exemplaire biographie. Les documents inédits réunis à la fin du volume (p. 201-269) et les pièces justificatives qui les suivent (p. 270-342) ne nous laissent rien ignorer de tout ce qui regarde celui qui fut, en quelque sorte, la vertu même. Il est dommage que M. Bonhomme, qui a mis tant de soin à rassembler les matériaux de son livre, n'en ait pas mis autant à l'écrire. Je lui conseillerai de modifier, dans une prochaine édition, certaines phrases qui, tantôt sont un peu trop vulgaires, comme celle-ci (p. 86): « Cet avis fut adopté à l'unanimité des voix et des entrailles,» et qui tantôt sont un peu trop poétiques, comme la suivante (p.145): « Mais quittons la littérature et ses studieux loisirs; donnons congé aux muses, blanches et timides colombes qu'effarouchent les bruits du Forum, et qui de longtemps ne trouveront à poser leur aîle sur le sol brûlant de notre France. >>

La Vie de Franklin parut pour la première fois en 1848, quand l'Académie des sciences morales et politiques, sur l'invitation du général Cavaignac, rédigea divers petits traités destinés à combattre les mauvaises doctrines. Cette vie a obtenu un très-grand succès, succès doublement mérité, car elle a été composée avec autant de soin au point de vue historique qu'au point de vue littéraire. L'élégant biographe s'est servi des écrits, des mémoires et des lettres de Franklin publiés, en 6 vol. in-8°, par son petit-fils William-Temple Franklin; des deux grandes collections publiées par M. Jared Sparks, au nom du congrès des États-Unis, l'une renfermant, en 12 vol., toutes les correspondances des agents et du gouvernement des États-Unis relatives. à l'indépendance américaine (Boston, 1829), l'autre contenant, en 12 vol. aussi, la vie, les lettres et les écrits de Georges Washington (Boston, 1832); des Mémoires de l'abbé Morellet et de la Notice de Cabanis (t. V de ses OEuvres), des ouvrages sur les Etats-Unis de M. Georges Bancroft, de M. Botta, de M. de Tocqueville, enfin de la correspondance déposée aux archives des affaires étrangères. Il était impossible de puiser à de meilleures sources. Si M. Mignet n'avait négligé de rappeler que, pendant que Franklin inventait le paratonnerre en Amérique, Romas l'inventait en France, comme M. Louis Figuier l'a prouvé, et s'il n'avait négligé, ce qui est plus grave, de rappeler que, dans ses négociations avec la cour de France, Franklin, comme l'a autrefois établi M. Philarète Chasles dans la Revue des Deux Mondes, n'apporta pas toute la loyauté que l'on avait le droit d'attendre de lui,

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