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REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE

OUVRAGES RÉCENTS SUR LE CONCILE.

La Société devant le Concile, par l'abbé MARTINET. Paris, V. Palmé, 1869. In-18 j. de 425 p. Prix: 3 fr. Le Concile œcuménique et la situation actuelle, par l'abbé CHRISTOPHE, précédé d'une lettre de S. Em. le cardinal de BONALD. Lyon, Josserand, 1869. In-8 de 47 p. Prix: 1 fr. L'influence sociale des Conciles, par Albert Du Boys, ancien magistrat. Paris, Albanel, 1869. In-8 de 300 p. Prix : 4 fr. Lettre sur le futur Concile œcuménique, par Mgr DUPANLOUP, évêque d'Orléans. Paris, Douniol, 1869. In-8 de 64 p. Prix: 1 fr. Le Concile œcuménique, son importance dans le temps présent, par Mgr de KETTELER, évêque de Mayence, trad. par l'abbé P. BELET. Paris, Gaume, 1869. In-18 j. de 274 p. Prix: 2 fr. 50. L'infaillibilité et le Concile général, par Mgr DESCHAMPS, archevêque de Malines. Paris, Vve Magnin, 1869. In-8 de 186 p. Prix: 2 fr. Les Conciles généraux, instruction pastorale, par Mgr PLANTIER, évêque de Nimes. Paris, V. Palmé, 1869. In-12 de 237 p. Prix 2 fr. Le Concile, petit traité théologique à l'usage des gens du monde, par l'abbé JAUGEY, avec une introduction par H. de RIANCEY. Paris, V. Palmé, 1869. În-12 de xxx1-280 p. Prix: 2 fr.

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A l'occasion du concile qui va s'ouvrir, il fallait s'attendre à voir paraître un grand nombre d'écrits et de travaux de tout genre, inspirés par l'importance de ces solennelles assises qui tiennent une si large place dans l'histoire de l'Eglise, une sorte d'encyclopédie de circonstance, comprenant, sous des plumes différentes, les divers aspects de cet immense sujet.Cette encyclopédie touchant à la fois à l'histoire, au droit, à la politique, à la philosophie sociale, à la théologie et à la liturgie, appellerait une bibliographie générale, laquelle, pour être complète, devrait comprendre les travaux produits aussi bien par une pensée de contradiction que ceux qui sont le résultat de convictions dévouées à la cause de l'Eglise. Toutefois, obligé de restreindre ce travail dans des bornes assez étroites, nous devons nous attacher aux ouvrages spécialement destinés à faire connaître et apprécier l'événement qui va influer d'une façon si considérable sur la pensée de ce siècle. Dans cette classification, nous nous proposons de laisser pour aujourd'hui dans l'ombre le côté doctrinal, historique, et plus spécialement théologique, pour nous attacher aux productions d'une nature plus militante, plus actuelle, et dont, par suite, l'intérêt est plus facilement saisissable pour un plus grand nombre de lecteurs. A cet ordre se rattachent certaines publications récentes dont les auteurs, pour la plupart, semblent avoir eu pour but de vulgariser sous ses divers aspects, la connaissance des principales questions se rattachant au Concile œcuménique.

SEPTEMBRE 1869.

T. IV.

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- La Société devant le Concile! Ce titre exprime la pensée qui a inspiré M. le chanoine Martinet, l'auteur éminent d'une Théologie moderne en huit volumes, et de plusieurs livres sur les questions actuelles. D'accord avec un des maîtres de la philosophie sociale dans ce siècle, M. Guizot, l'auteur des Solutions de grands problèmes constate dans l'Europe, telle que l'ont faite nos révolutions, « deux faits partout les mêmes, une grande complication et une grande incertitude dans les idées et dans les efforts; rien n'est simple, personne n'est décidé, tous les problèmes et tous les doutes pèsent à la fois sur la pensée et sur la volonté, l'ambition est immense et infiniment variée; l'hésitation est générale, on dirait des voyageurs déjà très-las, et qui cherchent à tâtons leur route dans un labyrinthe. » Où est la cause de cet état de fatigue et de langueur au sein d'inspirations immenses vers le progrès et le bonheur? La réponse nous apparaît dans ces lignes qui semblent la synthèse du livre destiné, dans la pensée de l'auteur, à démontrer la nécessité d'un retour général à une politique surnaturelle ; « l'ordre religieux fondé par Jésus-Christ est, chez les nations chrétiennes, la base irremplaçable de l'ordre social. Avec l'influence de l'Eglise, ses croyances, ses préceptes, ses pratiques, ses institutions, disparaissent tous les principes de la civilisation chrétienne, et de toute civilisation; la sécularisation complète des sociétés civiles, célébrée aujourd'hui comme le point culminant du progrès, ferait de ces sociétés un chaos; en un mot, les nations d'origine chrétienne n'ont de vie que par ce qui leur reste du catholicisme, vrai ou faux, et elles ne peuvent éviter la mort qu'en redevenant catholiques : » Quel gouvernement humain aurait aujourd'hui l'initiative, la volonté, l'autorité suffisantes pour une pareille réforme ? Quel autre centre que l'Eglise, même à la considérer humainement, possède une force d'impulsion capable d'exercer une action efficace et générale? L'Eglise, que les sociétés secrètes voudraient bien remplacer, serait-elle à son déclin comme l'annoncent ses ennemis? Devant cette société moderne qui l'ignore ou la redoute, elle va s'affirmer par ce qu'elle a de plus vital : un Concile œcuménique.

Le Concile, aujourd'hui encore jugé impossible par un grand nombre, obtiendra de son impossibilité même son premier succès, l'attention du monde; mais est-ce tout? L'auteur, après avoir jeté un coup d'œil attristé sur l'état présent de la société, tourne ensuite un regard plein d'espérance vers l'Eglise catholique, et, saluant cette aurore prochaine qui va s'élever sur le monde, il dit ce que sa raison, sa philosophie et sa foi entrevoient de l'action de l'Eglise assemblée sur les destinées prochaines de l'humanité. « Le Concile fera, dit-il, tout ce qu'il faudra pour remettre en place et coordonner entre elles, sans en détruire aucune, toutes les idées dont l'éparpillement nous égare, dont l'opposition réelle ou apparente passionne, arme et pousse à s'entre détruire les

classes sociales et les nations. Il ne mettra pas seulement en lumière de grands principes, de grandes vérités, il montrera à tous les esprits droits la vérité catholique universelle qui, en éclairant et conciliant toutes les vérités, tous les principes, les empêche de dégénérer en grandes erreurs dans la théorie, en grandes iniquités dans l'application; avec le foyer des lumières qui ne trompent pas, il relèvera la source des forces vitales qui sauvent les individus, les familles, les nations. »

Pour tout résumer, ce livre est de ceux qui peuvent faire retrouver à nos générations contemporaines l'intelligence de la lutte, le sens des reconstructions sociales, le courage et l'espoir d'un meilleur avenir.

- La même idée se dégage avec plus de concision, peut-être, de l'écrit intitulé Le Concile œcuménique et la situation actuelle, qui a pour auteur M. l'abbé Christophe, chanoine de la primatiale de Lyon. Ce que l'auteur veut dans cet écrit, honoré de la haute approbation de S. E. le cardinal de Lyon, c'est surtout mettre en présence les deux forces qui se partagent, à l'heure présente, la scène du monde, la révolution et l'Eglise. Quelles sont, selon l'auteur, les entreprises de la révolution contre l'Eglise et la papauté? Elles se réduisent à trois visées principales: 1° annuler la papauté en la réduisant à la servitude; 2o ruiner peu à peu les vérités qui forment l'enseignement de l'Eglise ; 3o bouleverser la position sociale de l'Eglise par le développement de maximes comme celles-ci: liberté des cultes, séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'Eglise libre dans l'Etat libre. En face de ces attaques, quelle position devait prendre l'Eglise? Quel devait être son effort? on peut résumer sa tâche en trois chefs principaux: 1° dégager les dogmes chrétiens des ténèbres et de la confusion dans lesquels on s'est efforcé de les envelopper, rétablir le sens des mots, dissiper les malentendus, déchirer le masque hypocrite derrière lequel se cachent les doctrines révolutionnaires, pour les signaler sous leur véritable aspect; 2° fixer d'une manière solennelle et immuable, en face de l'univers catholique, l'indépendance du souverain Pontife, aussi bien dans l'ordre temporel que dans la sphère spirituelle; 3° fixer le modus vivendi de l'Eglise et de la société civile. Quelle représentation de l'Eglise peut pourvoir à ce triple besoin de la situation actuelle, plus efficacement qu'un Concile œcuménique? A ce triple fruit, est-il permis d'en joindre un quatrième: la réunion à l'Eglise romaine des sociétés chrétiennes qui s'en sont autrefois séparées? C'est là, au moins, un vœu qu'il est opportun de formuler.

-Dans cette grande question, le passé n'est-il pas là pour garantir l'avenir? M. Albert Du Boys, l'auteur bien connu de l'Histoire du droit criminel, l'a pensé, et voilà pourquoi il a entrepris un retour rétrospectif sur les siècles écoulés. Son livre sur l'Influence sociale des Conciles

est une véritable étude historique, dans laquelle il montre l'influence que les conciles précédents ont exercée sur le passé. Examinés à ce point de vue social, « les conciles ont-ils contribué à l'affranchissement et à l'amélioration de l'humanité? N'ont-ils pas combattu victorieusement les désordres matériels et moraux nés de la barbarie du moyen âge? Ne doit-on pas leur attribuer une grande part dans la fondation des hôpitaux et des institutions de charité? Ne les a-t-on pas vus toujours empressés de signaler les erreurs ou les superstitions qui pouvaient nuire à l'ordre public et au bien social? Enfin, quelle sagesse n'ont-ils pas montrée dans leur renonciation graduelle aux immunités et aux priviléges du clergé, quand ces priviléges et ces immunités ont paru devenir des anomalies dans un nouvel ordre social?»

En d'autres termes, les conciles, loin d'arrêter l'essor de la civilisation, c'est-à-dire du perfectionnement moral et social de l'humanité, n'en ont-ils pas souvent favorisé les progrès? S'il est vrai que les conciles du moyen-âge se sont attachés à faire l'éducation de toutes les classes de la société, et en particulier celle des classes pauvres et opprimées; s'ils les ont initiées par la pratique de la charité à la liberté des enfants de Dieu, ils ont travaillé par là-même aux progrès de la civilisation; par eux, les institutions libérales qui nous régissent ont été rendues possibles.

Sa thèse ainsi posée, l'auteur n'a pas de peine à la développer et à en justifier la conclusion affirmative, il n'a qu'à parcourir rapidement les institutions, les mœurs, les faits, dans l'ancienne organisation sociale. De cet ensemble confus du passé, il dégage avec netteté et fermeté les points saillants: le mariage et la famille, la puissance maritale et paternelle, l'esclavage, le servage, les hôpitaux et institutions de charité, la paix et la trêve de Dieu, les investitures ecclésiastiques, les procédures et juridictions, soit civiles soit religieuses, etc,; et sur chacune de ces matières, il démontre facilement que presque tous les progrès qui les ont amenés au point où nous les trouvons, sont dus directement ou indirectement à l'influence de la papauté, des évêques, soit individuels, soit assemblés en synodes ou conciles.

Des citations et textes justificatifs sont brièvement et clairement donnés à l'appui de chacune de ces allégations. Nous appellons spécialement l'attention du lecteur sur les deux chapitres qui ont pour titre : De l'influence des Conciles sur l'esprit de délibération, et De la séparation des deux pouvoirs. La conclusion se pressent d'elle-même un nouveau concile sera-t-il moins bien inspiré par l'esprit de l'Evangile que les conciles qui l'ont précédé? L'Eglise voudra-t-elle éteindre ou diminuer les lumières qu'elle-même a répandues si largement depuis tant de siècles au sein de l'humanité? C'en est assez pour faire voir l'opportunité d'un pareil écrit à la veille de cette réunion d'évêques

qui, comme le dit Mgr l'évêque d'Orléans dans sa lettre de félicitation à l'auteur, s'assemble pour le bien de la société civile, non moins que pour celui de la société religieuse.

Cette démonstration ressort avec un incomparable éclat de l'écrit de Mgr l'évêque d'Orléans, intitulé: Lettre sur le futur Concile œcuménique, et qui a déjà atteint sept éditions. L'intervalle qui nous sépare de la publication de ce remarquable écrit, le bref de félicitation que son auteur a reçu du Souverain Pontife, enfin l'immense notoriété qu'il a acquis dans le monde catholique, sont autant de motifs qui nous dispensent d'en parler ici autrement que pour lui assigner son rang primodial dans cette classe de travaux si remarquables dus à l'initiative des évêques. Aux yeux de tous les esprits non prévenus, aussi bien que de tous les croyants, cet ensemble de documents peut servir merveilleusement à nous préparer à la grande lumière qui va luire sur le monde. D'un mot qui demeurera, Mgr Dupanloup a assigné sa place au prochain concile dans le firmament de la vérité : « Ce sera, a-t-il dit, une aurore et non pas un couchant. » S'adressant à l'esprit humain séparé de l'Eglise, il ajoute : « Pendant que vous dispersez, nous unissons; pendant que vous perdez, nous maintenons. » Il aurait pu dire aussi : a Pendant que vous reculez en croyant avancer, nous marchons véritablement; et la parole de saint Augustin, appliquée au temps actuel par la grande voix du P. Lacordaire, n'est pas moins vraie qu'hier, en présence de l'Eglise bientôt assemblée : Incedit crux, dum solvitur orbis. Sans prétendre résumer ce qui doit être connu par une lecture intégrale, arrêtons-nous encore à cette pensée aussi large que vraie: « Il n'y a que l'Eglise et le soleil qui puissent affirmer que le lendemain sans faute on les verra se lever; et c'est ce que fait l'Eglise en osant, au milieu du tumulte actuel, annoncer un concile. >>

- Ce que le soleil est dans le monde physique, la vérité l'est dans le monde moral; mais cette vérité, que le siècle présent et que la raison humaine, livrés à leurs propres forces, cherchent et chercheront toujours, l'Eglise en possède la plénitude : sans la révélation, sans la grâce et sans l'autorité, la raison de l'homme n'a pas moins su garder dans leur intégrité les vérités naturelles que Dieu lui avait confiées. D'autre part, comment ne pas admettre que Dieu a parlé aux hommes de manière que les hommes puissent entendre sa voix? L'examen de l'Ecriture Sainte suffit, disent les protestants, pour amener chaque homme à la connaissance certaine des vérités de salut qui lui sont offertes par Jésus-Christ; mais si la lumière infaillible est là, pourquoi, dans le protestantisme autant d'interprétations? pourquoi presque autant de sectes que d'individus? L'expérience de trois siècles de luttes serait suffisante pour démontrer que, pour atteindre la plénitude de la vérité, il ne faut pas moins à l'homme que l'enseignement infaillible de l'Eglise et la

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