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en les détachant de leur efpéce, en réduifant toutes leurs affections à un fecret égoïfme, auffi funefte à la population qu'à la vertu. L'indifférence philofophique reffemble à la tranquillité de l'Etat fous le defpotifme: c'eft la tranquillité de la mort, elle eft plus deftructive que la

guerre même.

RELIGION.

DE combien de douceurs n'est pas privé celui à qui la Religion manque ? Quel fentiment peut le confoler dans fes peines? quel fpectateur anime les bonnes actions qu'il fait en fecret? quelle voix peut parler au fond de fon ame? quel prix peut-il attendre de fa vertu ? Comment doit-il envifager la mort ?

Une derniere reffource à employer contre l'incrédule, c'eft de le tou

cher, c'eft de lui montrer un exemple qui l'entraîne, & de lui rendre la Religion fi aimable qu'il ne puiffe lui réfifter.

Quel argumenr contre l'incrédule que la vie du vrai Chrétien! Y a-t-il quelque ame à l'épreuve de celui-là? Quel tableau pour fon cœur quand fes amis, fes enfans, fa femme concourront tous à l'inftruire en l'édifiant! Quand fans lui prêcher Dieu dans leurs difcours, ils le lui montreront dans les actions qu'il infpire, dans les vertus dont il eft l'auteur, dans le charme qu'on trouve à lui plaire! Quand il verra briller l'image du Ciel dans fa maifon! Quand une fois le jour il fera forcé de fe dire : non, l'homme n'est pas ainfi par luimême, quelque chofe de plus qu'humain régne ici!

Un heureux inftinct me porte au bien, une violente paffion s'éléve; elle

a fa racine dans le même instinct, que ferai-je pour la détruire? De la confidération de l'ordre je tire la beauté de la vertu, & fa bonté de l'utilité commune; mais que fait tout cela contre mon intérêt particulier, & lequel au fond m'importe le plus, de mon bonheur aux dépens du refte des hommes, ou du bonheur des autres aux dépens du mien? Si la crainte de la honte ou du châtiment m'empêche de mal faire pour mon profit, je n'ai qu'à mal faire en fecret, la vertu n'a plus rien à me dire, & fi je fuis furpris en faute, on punira comme à Sparte, non le délit, mais la mal adreffe. Enfin, que le caractere & l'amour du beau foit empreint par la nature au fond de mon ame, j'aurai ma régle auffi long-tems qu'il ne fera point défiguré; mais comment m'affurer de conferver toujours dans fa pureté cette effigie intérieure

qui n'a point parmi les Êtres fenfibles de modéle auquel on puiffe la comparer? Ne fçait-on pas que les affections défordonnées corrompent le jugement ainfi que la volonté, & que la confcience s'altere & fe modifie infenfiblement dans chaque fiécle, dans chaque peuple, dans chaque individu felon l'inconftance & la variété des préjugés? Adorons l'Être éternel, d'un

fouffle nous détruirons ces fantômes deraifon qui n'ont qu'une vaine apparence & fuyent comme une ombre devant l'immuable Vérité.

L'oubli de toute Religion conduit à l'oubli des devoirs de l'homme.

Fuyez ceux qui, fous prétexte d'expliquer la nature, fément dans les

cœurs des hommes de défolantes doctrines, & dont le fcepticisme apparent eft une fois plus affirmatif & plus dogmatique que le ton décidé de leurs

adverfaires. Sous le hautain prétexte qu'eux feuls font éclairés, vrais, de bonne foi, ils nous foumettent impérieufement à leurs décifions tranchantes, & prétendent nous donner, pour les vrais principes des chofes, les inintelligibles fyftêmes qu'ils ont bâtis dans leur imagination, Du refte, renverfant, détruifant, foulant aux pieds tout ce que les hommes refpectent, ils ôtent aux affligés la dernière confolation de leur mifere, aux puiffans & aux riches le feul frein de leurs paffions; ils arrachent du fond des cœurs le remord du crime, l'espoir de la vertu, & fe vantent encore d'être les bienfaiteurs du genre humain. Jamais, difent-ils, la vérité n'est nuifible aux hommes ; je le crois comme eux, & c'est à mon avis une grande preuve que ce qu'ils enfeignent n'eft pas la vérité.

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