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de bien le porte par-tout avec lui; au combat contre l'ennemi; dans un cercle en faveur des abfens & de la vérité ; dans fon lit contre les attaques de la douleur & de la mort. La force de l'ame qui l'infpire eft d'usage dans tous les tems; elle met toujours la vertu. au-deffus des événemens, & ne confifte pas à fe battre, mais à ne rien craindre..

EXCES DU VIN.

TOUTE OUTE intempérance est vicieuse, & fur-tout celle qui nous ôte la plus noble de nos facultés. L'excès du vin dégrade l'homme, aliéne au moins fa raifon pour un tems & l'abrutit à la longue. Mais enfin, le goût du vin n'est pas un crime, il en fait rarement commettre,il rend l'homme ftupide & non

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pas méchant. Pour une querelle paffagere qu'il caufe, il forme cent attachemens durables. Généralement parlant, les bûveurs ont de la cordialité, de la franchise; ils font prefque tous bons, droits, juftes, fidéles, braves & honnêtes gens, à leur défaut près.

Combien de vertus apparentes cachent fouvent des vices réels! Le fage eft fobre par tempérance, le fourbe l'eft par fauffeté. Dans le pays de mauvaifes mœurs, d'intrigues, de trahifons, d'adulteres, on redoute un état d'indifcrétion où le cœur fe montre fans qu'on y fonge. Par-tout les gens qui abhorrent le plus l'yvreffe font ceux qui ont le plus d'intérêt à s'en garantir. En Suiffe elle eft presque en eftime, à Naples elle eft en horreur; mais au fond laquelle eft le plus à craindre, de l'intempérance du Suiffe ou de la réserve de l'Italien.

Ne calomnions point le vice même, n'a-t-il pas affez de fa laideur ? Le vin ne donne pas de la méchanceté, il la décèle. Celui qui tua Clitus dans l'yvreffe fit mourir Philotas de fang froid. Si l'yvreffe à fes fureurs, quelle paffion n'a pas les fiennes ? La différence eft que les autres reftent au fond de l'ame & que celle-là s'allume & s'éteint à l'inftant. A cet emportement près, qui paffe & qu'on évite aifément, foyons fürs que quiconque fait dans le vin de méchantes actions, couve à jeun de méchans deffeins.

MALADIES.

L'EXTRÊME inégalité dans la maniere de vivre; l'excès d'oifiveté dans les uns, l'excès de travail dans les autres; la facilité d'irriter & de fatisfaire nos appétits & notre fenfualité; les alimens trop recherchés des riches, qui les nourriffent de fucs échauffans, & les accablent d'indigeftions; la mauvaise nourriture des pauvres, dont ils manquent même le plus fouvent, & dont le défaut les porte à furcharger avidemment leur eftomac dans l'occafion; les veilles, les excès de toute efpéce; les transports immodérés de toutes les paffions, les fatigues & l'épuisement d'efprit, les chagrins & les peines fans nombre qu'on éprouve dans tous les états, & dont les ames font

perpétuellement rongées; voilà les funeftes garans que la plupart de nos maux font notre propre ouvrage, & que nous les aurions prefque tous évités en confervant la maniere de vivre fimple, uniforme & folitaire, qui nous étoit prefcrite par la nature. Si elle nous a destiné à être fains, j'ofe prefque affurer que l'état de réflexion eft un état contre nature, & que l'homme qui médite est un animal dépravé,

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