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fois, tandis qu'ils la portent chaque jour dans ton imagination troublée, & que leur Art menfonger, au lieu de prolonger tes jours, t'en ôte la jouiffance. Je demanderai toujours quel vrai bien cet Art a fait aux hommes? Quelquesuns de ceux qu'il guérit mourroient, il eft vrai; mais des millions qu'il tue resteroient en vie. Homme fenfé, ne mets point à cette loterie où trop de chances font contre toi. Souffre, mœurs ou guéris; mais fur-tout vis jufqu'à ta derniere heure.

MORT.

MORT.

Si nous étions immortels, nous fe

rions des êtres très-miférables. Il est dur de mourir; mais il eft doux d'efpérer qu'on ne vivra pas toujours, & qu'une meilleure vie finira les peines

de celle-ci.

Si l'on nous offroit l'immortalité fur

la terre, qui eft-ce qui voudroit voudroit accep ter ce trifte préfent? Quelle reffource, quel efpoir, quelle confolation nous refteroit-il contre les rigueurs du fort & contre les injuftices des hommes ? L'ignorant, qui ne prévoit rien, fent peu le prix de la vie & craint peu de la perdre; l'homme éclairé voit des biens d'un plus grand prix qu'il préfere à celui-là. Il n'y a que le demi-favoir & la fauffe fageffe qui prolongeant nos

vues jufqu'à la mort, & pas au-delă,, en font pour nous le pire des maux.. La néceffité de mourir n'eft à l'homme fage qu'une raison pour fupporter les peines de la vie.. Si l'on n'étoit pas de la perdre une fois, elle couteroit: trop à conferver.

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fûr

On croit que l'homme a un vif amour pour fa confervation, & cela eft vrai ; mais on ne voit pas que cet amour, tel que nous le fentons, eft en grande partie l'ouvrage des hommes. Natu rellement. l'homme ne s'inquiete pour fe conferver qu'autant que les moyens: font en fon pouvoir; fi-tôt que ces. moyens lui échappent, il fe tranquillife & meurt fans fe tourmenter inutile

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ment. La premiere loi de la réfignation nous vient de la nature. Les Sauvages,. ainfi que les Bêtes, fe débattent fort peu contre la mort, & l'endurent pref-que fans fe plaindre. Cette loi détruite

il s'enforme une autre qui vient de la raifon; mais peu fçavent l'en tirer, & cette résignation factice n'eft jamais auffi pleine & entiere que la premiere.

Vivre libre & peu tenir aux choses humaines, eft le meilleur moyen d'ap→ prendre à mourir.

Quand on a gâté fa conftitution part une vie déréglée, on la veut rétablir par des remédes; au mal qu'on fent on ajoute celui qu'on craint; la prévoyance de la mort la rend horrible: & l'accélere; plus on la veut fuir, plus on la fent; & l'on meurt de frayeurs. durant toute fa vie, en murmurant contre la nature, des maux qu'on s'eft faits en l'offenfant.

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QUAND

ÉTUDE.

UAND on a une fois l'entendement ouvert par l'habitude de réfléchir, ik vaut toujours mieux trouver de foimême les chofes qu'on trouveroit dans les livres c'eft le vrai fecret de les bien mouler à fa tête & de se les approprier.

La grande erreur de ceux qui étudient eft de se fier trop à leurs livres & de ne pas tirer affez de leur fond; fans fonger que de tous les Sophiftes, notre propre raison eft prefque toujours celui qui nous abufe le moins. Si-tôt qu'on veut rentrer en foi-même, chacun fent ce qui eft bien, chacun difcerne ce qui eft beau; nous n'avons pas be-foin qu'on nous apprenne à connoître i l'un ni l'autre, & l'on ne s'en impofe

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