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la-deffus qu'autant qu'on s'en veut ime pofer. Mais les exemples du très-bon & du très-beau font plus rares & moins connus, il les faut aller chercher loin de nous. La vanité, mefurant les forces de la nature fur notre foibleffe, nous fait regarder comme chimériques les qualités que nous ne fentons pas en nous-mêmes ; la pareffe & le vice s'appuyent fur cette prétendue impoffibilité, & ce qu'on ne voit pas tous les jours l'homme foible prétend qu'on ne le voit jamais. C'eft cette erreur qu'il faut détruire. Ce font ces grands objets qu'il faut s'accoutumer à fentir & à voir, afin de s'ôter tout prétexte de ne

les pas imiter. L'ame s'éleve, le cœur s'enflamme à la contemplation de ces divins modéles; à force de les confidérer, on cherche à leur devenir fem-blable, & l'on ne fouffre plus rien de médiocre fans un dégoût mortel.

ÉTUDE DU MONDE.

L'ETUDE du monde eft remplie de difficultés, & il eft difficile de fçavoir quelle place il faut occuper pour le bien connoître. Le Philofophe en eft trop loin, l'Homme du monde en eft trop près. L'un voit trop pour pouvoir réfléchir, l'autre trop peu pour juger du tableau total. Chaque objet qui frappe le Philofophe, il le confidere

part, & n'en pouvant difcerner ni les liaisons ni les rapports avec d'autres objets qui font hors de fa portée, il ne le voit jamais à fa place & n'en fent ni la raifon ni les vrais effets. L'homme du monde voit tout, & n'a le tems de penfer à rien. La mobilité. des objets ne lui permet que de les appercevoir & non de les obferver;

ils s'effacent mutuellement avec rapi-dité, & il ne lui refte du tout que des impreffions confufes qui reffemblent au cahos.

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On ne peut pas, non plus, voir & méditer alternativement, parce que fpectacle exige une continuité d'atten tion, qui interrompt la réflexion. Un homme qui voudroit divifér fon tems par intervalles entre le monde & la folitude, toujours agité dans fa retraite & toujours étranger dans le monde ne feroit bien nulle part. Il n'y auroit d'autre moyen que de partager fa vie entiere en deux grandes espaces, l'une pour voir, l'autre pour réfléchir : mais cela même eft prefque impoffible; car la raison n'eft pas un meuble qu'on pofe & qu'on reprenne à fon gré, &. quiconque a pu vivre dix ans fans penfer,.. ne penfera de fa vie.

C'est encore une folie de vouloir

étudier le monde en fimple fpectateur Celui qui ne prétend qu'observer n'obferve rien, parce qu'étant inutile dans les affaires & importun dans les plaifirs, il n'eft admis nulle part. On ne voit agir les autres qu'autant qu'on agit foi-même ; dans l'école du monde comme dans celle de l'amour, il faut commencer par pratiquer ce qu'on veut apprendre.

ETUDE

ÉTUDE DES SCIENCES PARMI tant d'admirables méthodes pour abréger l'étude des Sciences, nous aurions grand befoin que quelqu'un nous en donnât une pour les apprendre avec effort.

Plus nos outils font ingénieux, plus nos organes deviennent groffiers & malà-droits: à force de raffembler des machines autour de nous, nous n'en trouvons plus en nous mêmes.

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