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fenfations comparées. Il y a des jugemens dans les fimples fenfations, auffi bien que dans les fenfations complexes, que j'appelle idées fimples. Dans la fenfation, le jugement eft purement paffif, il affirme qu'on fent ce qu'on fent. Dans la perception ou idée, le jugement eft actif; il rapproche, il compare, il détermine des rapports que le fens ne détermine pas. Voilà toute la différence, mais elle eft grande. Jamais la nature ne nous trompe; c'eft toujours nous qui nous trompons,

ACCENT.

Se piquer de n'avoir point d'Accent,

c'eft fe piquer d'ôter aux phrafes leur grace & leur énergie. L'Accent eft l'ame du difcours; il lui donne le fentiment & la vérité. L'Accent ment moins que la parole. C'eft peut-être pour cela que les gens bien élevés le craignent tant. C'eft de l'ufage de tout dire fur le même ton qu'eft venu celui de perfiffler les gens fans qu'ils le fentent. A l'Accent profcrit fuccedent des manieres de prononcer ridicules, affectées, & fujettes à la mode, telles qu'on les remarque fur-tout dans les jeunes gens de la Cour. Cette affectation de parole & de maintien eft ce qui rend généralement l'abord du françois repouffant & défagréable aux autres na

tions. Au lieu de mettre de l'Accent

dans fon parler, il y met de l'air. Ce

n'eft pas

le.

moyen de prévenir en fa fa

veur.

LE

THEATRE.

E mal qu'on reproche au Théâtre n'eft pas précisément d'infpirer des paffions criminelles, mais de difpofer l'ame à des fentimens trop tendres qu'on fatisfait enfuite aux dépens de la vertu. Les douces émotions qu'on y reffent n'ont pas par elles-mêmes un objet déterminé; mais elles en font naître lé befoin; elles ne donnent pas précifément de l'amour, mais elles préparent à en fentir; elles ne choififfent pas la perfonne qu'on doit aimer, mais elles nous forcent à faire ce choix.

Si les héros de quelques piéces fou

mettent l'amour au devoir, en admirant leur force, le cœur fe prête à leur foibleffe; on apprend moins à fe donner leur courage qu'à fe mettre dans le cas d'en avoir befoin. C'eft plus d'exercice pour la vertu ; mais qui l'ofe exposer à ces combats, mérite d'y fuc comber. L'amour, l'amour même prend fon mafque pour la furprendre ; il fe pare de fon enthousiasme; il ufurpe fa force, il affecte fon langage, & quand on s'apperçoit de l'erreur, qu'il eft tard pour en revenir! que d'hommes bien nés, féduits par ces apparences, d'A mans tendres & généreux qu'ils étoient d'abord, font devenus par dégrés de vils corrupteurs, fans mœurs, fans refpect pour la foi conjugale, fans égards pour les droits de la confiance & de l'amitié! heureux qui fçait fe reconnoî tre au bord du précipice, & s'empê cher d'y tomber ! eft-ce au milieu d'une

course rapide qu'on doit espérer de s'arrêter? Eft-ce en s'attendriffant tous les jours qu'on apprend à furmonter la tendreffe? On triomphe aisément d'un foible penchant ; mais celui qui connut le véritable amour & l'a fçu vaincre, ah! pardonnons à ce mortel, s'il exifte, d'ofer prétendre à la vertu.

MUSIQUE.

TOUTE Mufique ne peut être com pofée que de ces trois chofes ; mélo die ou chant, harmonie ou accompa gnement, mouvement ou mesure.

L'harmonie n'eft qu'un acceffoir éloigné dans la Mufique imitative; il n'y a dans l'harmonie proprement dite aucun principe d'imitation. Elle affure, il est vrai, les intonations; elle porte témoi gnage de leur jufteffe, & rendant les

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