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je fuccombe ou je fuis vainqueur, & je fens parfaitement en moi-même quand je fais ce que j'ai voulu faire, ou quand je ne fais que céder à mes paffions. J'ai toujours la puiffance de vouloir, non la force d'exécuter. Quand je me livre aux fenfations, j'agis felon l'impulfion des objets externes. Quand je me reproche cette foibleffe, je n'écoute que ma volonté; je fuis efclave par mes vices, & libre par mes remords; le fentiment de ma liberté ne s'efface en moi que quand je me déprave, & que j'empêche enfin la voix de l'ame de s'élever contre la loi du corps.

GRANDEUR DE L'HOMME.

L'HOMME eft le roi de la terre qu'il habite; car non-feulement il dompte tous les animaux, non-feulement il difpofe des élémens par fon induftrie; mais lui feul fur la terre en fçait difpo fer, & il s'approprie encore par la contemplation, les aftres mêmes dont il ne peut approcher. Qu'on me montre un autre animal fur la terre qui fçache faire ufage du feu, & qui fçache admirer le foleil. Quoi ! je puis observer, connoître les êtres & leurs rapports; je puis fentir ce que c'eft qu'ordre, beauté, vertu; je puis contempler l'univers, m'élever à la main qui le gouverne ; je puis aimer le bien, le faire, & je me comparerois aux bêtes? Ame abjecte, c'eft ta trifte philofophie qui te rend

femblable à elles ! ou plutôt tu veux en vain t'avilir; ton génie dépofe contre tes principes, ton cœur bienfaifant dément ta doctrine, & l'abus même de tes facultés prouve leur excellence en dépit de toi.

FOIBLESSE DE L'HOMME.

QUAND on dit que l'Homme eft foi

ble, que veut-on dire? Ce mot de foibleffe indique un rapport; un rapport de l'être auquel on l'applique. Celui dont la force paffe les befoins, fut-il un infecte, un ver, eft un être fort; celui dont les befoins paffent la force, fut-il un éléphant, un lion; fut-il un conquérant, un héros, fut-il un Dieu, c'eft un être foible. L'Ange rebelle qui méconnut fa nature, étoit plus foible que l'heureux mortel qui vit en paix felon la fienne L'Homme

eft très-fort quand il fe contente d'être. ce qu'il eft il eft très-foible quand il veut s'élever au - deffus de l'humanité. N'allez donc pas vous figurer qu'en étendant vos facultés vous étendez vos forces; vous les diminuez, au contraire, fi votre orgueil s'étend plus qu'elles. Mefurons le rayon de notre fphère, & reftons au centre, comme l'insecte au milieu de fa toile : nous nous fuffirons toujours à nous-mêmes, & nous n'aurons point à nous plaindre de notre foibleffe; car nous ne la fentirons jamais,

SAGESSE HUMAINE.

E grand défaut de la Sageffe Humaine, même de celle qui n'a que la vertu pour objet, eft un excès de confiance qui nous fait juger de l'avenir par le préfent, & par un moment de la vie entiere. On fe fent ferme un inftant & l'on compte n'être jamais ébranlé. Plein d'un orgueil que l'expérience confond tous les jours, on croit n'avoir plus à craindre un piége une fois évité. Le modefte langage de la vaillance eft, je fus brave un tel jour; mais celui qui dit, je fuis brave, ne fçait ce qu'il fera demain, & tenant pour fienne une valeur qu'il ne s'eft pas donnée, il mérite de la perdre au moment de s'en fervir.

Que tous nos projets doivent être ri

dicules,

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