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inftruire & faire inftruire à votre gré? Eft-ce notre faute fi elles nous plaisent quand elles font belles, fi leurs minauderies nous féduifent, fi l'art qu'elles apprennent de vous nous attire & nous flatte, fi nous aimons à les voir mises avec goût, fi nous leur laiffons affiler à loifir les armes dont elles nous fubjuguent? eh! prenez le parti de les élever comme des hommes ; ils y confentiront de bon cœur ! plus elles voudront leur reffembler, moins elles les gouverneront; & c'est alors qu'ils feront vraiment les maîtres.

A force d'interdire aux femmes le chant, la danfe & tous les amusemens du monde, on les rend mauffades, grondeufes, infupportables dans leurs maifons. Pour moi, je voudrois qu'une jeune Angloise cultivât avec autant de foin les talens agréables pour plaire au mari qu'elle aura, qu'une jeune Alba

noife les cultive pour le harem d'If pahan. Les maris, dira-t-on, ne se soucient point trop de tous ces talens: vraiment je le crois, quand ces talens, loin d'être employés à leur plaire, ne fervent que d'amorce pour attirer chez eux de jeunes impudens qui les deshonorent. Mais penfez-vous qu'une femme aimable & fage, ornée de pareils talens, & qui les confacreroit à l'amufement de fon mari, n'ajouteroit pas au bonheur de fa vie, & ne l'empêcheroit

pas, fortant de fon cabinet la tête épuifée, d'aller chercher des récréations hors de chez lui? Perfonne n'a-t-il vû d'heureufes familles ainfi réunies, où chacun fçait fournir du fien aux amufemens communs? Qu'il dife fila confiance & la familiarité qui s'y joint, fi l'innocence & la douceur des plaifirs qu'on y goûte, ne rachetent pas bien ce que les plaifirs publics ont de plus bruyant.

SOCIÉTÉ CONJUGALE.

LA relation fociale des Sexes eft ad

mirable. De cette Société réfulte une perfonne morale, dont la femme eft l'œil & l'homme le bras, mais avec une telle dépendance l'un de l'autre, que c'eft de l'homme que la femme apprend ce qu'il faut voir, & de la femme, que l'homme apprend ce qu'il faut faire. Si la femme pouvoit remonter auffi-bien que l'homme aux principes, & que l'homme eût auffi-bien qu'elle l'efprit des détails, toujours indépendans l'un de l'autre, ils vivroient dans une difcorde éternelle, & leur Société ne pourroit fubfifter. Mais dans l'harmonie qui régne entre eux, tout tend à la fin commune, on ne fçait lequel met le plus du fien; chacun suit l'im

pulfion de l'autre ; chacun obéit, & tous deux font les maîtres.

L'empire de la femme eft un empire de douceur, d'adreffe & de complaifance; fes ordres font des careffes, fes menaces font des pleurs. Elle doit régner dans la maison comme un Miniftre dans l'état, en se faifant commander ce qu'elle veut faire. En ce fens, il eft conftant que les meilleurs menages font ceux où la femme a le plus d'autorité. Mais quand elle méconnoît la voix du chef, qu'elle veut ufurper fes droits & commander elle-même, il ne résulte jamais de ce défordre que mifere, fcandale & deshonneur.

que

Je ne connois pour les deux Sexes deux claffes réellement diftinguées; l'une de gens qui pensent, l'autre de gens qui ne penfent point, & cette différence vient prefque uniquement de l'éducation. Un homme de la premiere

de ces deux claffes ne doit point s'allier dans l'autre ; car le plus grand charme de la Société manque à la fienne, lorfqu'ayant une femme, il eft réduit à penfer feul. Les gens qui paffent exactement la vie entiere à travailler pour vivre, n'ont d'autre idée que celle de leur travail ou de leur intérêt, & tout leur efprit femble être au bout de leurs bras. Cette ignorance ne nuit ni à la probité ni aux mœurs; fouvent même elle y fert; fouvent on compofe avec ses devoirs à force de réfléchir, & l'on finit par mettre un jargon à la place des. choses. La confcience eft le plus éclairé des philofophes: on n'a pas besoin de fçavoir les offices de Ciceron, pour être homme de bien; & la femme du monde la plus honnête fçait peut-être le moins ce que c'eft que l'honnêté. Mais il n'en eft pas moins vrai qu'un efprit cultivé rend feul le commerce agréa

ble

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