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la faire pencher. De plus, le mari doit avoir inspection fur la conduite de fa femme; parce qu'il lui importe de s'affurer que les enfans, qu'il eft forcé de reconnoître & de nourrir, n'appartiennent pas à d'autres qu'à lui. La femme qui n'a rien de femblable à craindre, n'a pas le même droit fur le mari. 3°. Les enfans doivent obéir au pere, d'abord par néceffité, enfuite par reconnoiffance; après avoir reçu de lui leurs befoins durant la moitié de leur vie, ils doivent confacrer l'autre à pourvoir aux fiens. 4°. A l'égard des domeftiques, ils lui doivent auffi leurs fervices en échange de l'entretien qu'il donne ; fauf à rompre le marché dès qu'il ceffe de leur convenir.

DEVOIR DES MERES.

Le Devoir des femmes de nourrir leurs

E

enfans n'eft pas douteux mais on difpute fi, dans le mépris qu'elles en font, il est égal pour les enfans d'être nourris de leur lait ou d'un autre? Je tiens cette question, dont les Médecins font les Juges, pour décidée au fouhait des fem mes; & pour moi je penserois bien auffi qu'il vaut mieux que l'enfant fuce le lait d'une nourrice en fanté, que d'une mere gâtée, s'il avoit quelque nouveau mal à craindre du même fang dont il eft formé,

Mais la question doit-elle s'envifager feulement par le côté phyfique, & l'enfant a-t-il moins befoin des foins d'une mere que de fa mamelle? D'autres femmes, des bêtes mêmes pourront lui

donner le lait qu'elle lui refufe: la follicitude maternelle ne fe fupplée point. Celle qui nourrit l'enfant d'un autre aulieu du fien, eft une mauvaise mere ; comment fera-t-elle une bonne nourrice? Elle pourra le devenir, mais lentément, il faudra que l'habitude change la nature; & l'enfant mal foigné aura le tems de périr cent fois, avant que fa nourrice ait pour lui une tendreffe de

mere.

De cet avantage même réfulte un inconvénient, qui feul devroit ôter à toute femme fenfible le courage de faire nourrir fon enfant par un autre : c'eft celui de partager le droit de mere, ou plutôt de l'aliéner; de voir fon enfant aimer une autre femme, autant & plus qu'elle; de fentir que la tendreffe qu'il conserve pour sa propre mere, eft une gra; ce, & que celle qu'il a pour fa merè adoptive eft un devoir : car où j'ai trou:

vé les foins d'une mere, ne dois-je pas l'attachement d'un fils?

La maniere dont on remédie à cet inconvénient, eft d'inspirer aux enfans du mépris pour leur nourrice, en les traitant en véritables fervantes. Quand leur fervice eft achevé, on retire l'enfant, ou l'on congédie la nourrice; à force de la mal recevoir, on la rebute de venir voir fon nourriffon. Au bout de quelques années, il ne la voit plus, il ne la connoît plus. La mere qui croit se substituer à elle, & réparer fa négligence par la cruauté, fe trompe. Au lieu de faire un tendre fils d'un nourriffon dénaturé, elle l'exerce à l'ingratitude; elle lui apprend à méprifer un jour celle qui lui donna la vie, comme celle qui l'a nourri de fon lait.

Point de mere, point d'enfant. Entr'eux, les devoirs font réciproques, & s'ils font mal remplis d'un côté, ils fe

ront négligés de l'autre. L'enfant doit aimer fa mere avant de fçavoir qu'il le doit. Si la voix du fang n'eft fortifiée par l'habitude & les foins, elle s'éteint dans les premieres années, & le cœur meurt, pour ainfi dire, avant que de naître. Nous voilà dès le premier pas hors de la nature.

On en fört encore par une route oppofée, lorfqu'au lieu de négliger les foins de mere, une femme les porte à l'excès; lorfqu'elle fait de fon enfant fon idole; qu'elle augmente & nourrit fa foibleffe pout l'empêcher de la fentir, & qu'efpérant le fouftraire aux loix de la nature, elle écarte de lui des atteintes pénibles, fans fonger combien, pour quelques incommodités dont elle le préferve un moment, elle accumule au loin d'accidens & de périls fur fa tête, & combien c'eft une précaution barbare de prolonger la foibleffe de l'enfance

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