Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

fous les fatigues des hommes faits. The tis, pour rendre fon fils invulnérable, le plongea, dit la fable, dans l'eau du Styx. Cette allégorie eft belle & claire. Les meres cruelles dont je parle font autrement: à force de plonger leurs enfans dans la moleffe, elles les préparent à la fouffrance, elles ouvrent leurs pores aux maux de toute efpéce, dont ils ne manqueront pas d'être la proie étant grands.

Du devoir des meres de nourrir les enfans dépend tout l'ordre moral. Voulez-vous rendre chacun à fes premiers devoirs; commencez par les meres; vous ferez étonnés des changemens que vous produirez. Tout vient fucceffivement de cette premiere dépravation: tout l'ordre moral s'altere; le naturel s'éteint dans tous les cœurs; l'intérieur des maifons prend un air moins vivant; le fpectacle touchant d'une famille naif

fante n'attache plus les maris, n'impofe plus d'égards aux étrangers; on refpecte moins la mere dont on ne voit pas les enfans; il n'y a point de résidence dans les familles ; l'habitude ne renforce plus les liens du fang; il n'y a plus ni peres, ni meres, ni enfans, ni freres, ni fœurs; tous fe connoiffent à peine, comment s'aimeroient-ils ? cha cun ne fonge plus qu'à foi. Quand la maifon n'eft plus qu'une trifte folitude, il faut bien aller s'égayer ailleurs.

Mais que les meres daignent nourrir leurs enfans, les mœurs vont fe réfor mer d'elles-mêmes, les fentimens de la nature se réveiller dans tous les cœurs; l'état va fe repeupler; ce premier point, ce point feul va tout réunir. L'attrait de la vie domeftique eft le meilleur contrepoifon des mauvaises mœurs. Le tracas des enfans qu'on croit importun devient agréable; il

rend le pere & la mere plus néceffaires, plus chers l'un à l'autre, il refferre entr'eux le lien conjugal. Quand la famille eft vivante & animée, les foins domeftiques font la plus chere occupation de la femme & le plus doux amúfement du mari. Ainfi, de ce feul abus corrigé, résulteroit bientôt une réforme générale; bientôt la nature auroit repris tous fes droits. Qu'une fois les femmes redeviennent meres, bientôt les hommes reviendront peres & maris.

DEVOIR DES PERES.

COMME la véritable nourrice de

l'enfant eft la mere, le véritable précepteur eft le pere. Qu'ils s'accordent dans l'ordre de leurs fonctions, ainfi que dans leur fyftême: que des mains de l'un l'enfant paffe dans celles de l'au tre. Il fera mieux élevé par un pere judicieux & borné, que par le plus habile maître du monde ; car le zèle fuppléra mieux au talent, que le talent au zèle.

Un pere quand il engendre & nourrit des enfans ne fait en cela que le tiers de fa tâche. Il doit des hommes à fon efpéce, il doit à la fociété des hommes fociables, il doit des citoyens à l'Etat. Tout homme qui peut payer cette triple dette, & ne le fait pas, eft coupa

ble & plus coupable, peut-être, quand il la paye à demi. Celui qui ne peut remplir les devoirs de pere, n'a point droit de le devenir. Il n'y a ni pauvreté, ni travaux, ni respect humain qui le dif penfent de nourrir fes enfans, & de les élever lui-même. Lecteurs, vous pouvez m'en croire. Je prédis à quiconque a des entrailles, & néglige de fi faints devoirs, qu'il verfera long-tems fur fa faute, des larmes ameres, & n'en fera jamais confolé.

Mais, que fait cet homme riche, ce pere de famille fi affairé, & forcé felon lui, de laiffer ses enfans à l'abandon ? Il paye un autre homme pour remplir fes foins qui lui font à charge. Ame vénale! crois-tu donner à ton fils un autre pere avec de l'argent? Ne t'y trompe point; ce n'eft pas même un maître que tu lui donnes, c'est un valet. Il en formera bientôt un fecond.

« ZurückWeiter »