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AMAN S.

UNE femme hardie, effrontée, intrigante, qui ne fçait attirer fes Amans que par la coquetterie, ni les conferver que par les faveurs, les fait obéir comme des valets dans les chofes ferviles & communes; dans les chofes importantes & graves elle eft fans autorité fur eux, Mais la femme à la fois honnête, aimable & fage, celle qui force les fiens à la refpecter, celle qui a de la réserve & de la modeftie; celle, en un mot, qui foutient l'amour par l'éftime, les envoye d'un figne au bout du monde, au combat, à la gloire, à la mort, où il lui plaît; cet empire eft beau, ce me femble, & vaut bien la peine d'être

acheté.

Brantome dit que,

du tems de Fran

çois premier, une jeune perfonne ayant un Amant babillard, lui impofa un filence abfolu & illimité, qu'il garda fi fidélement deux ans entiers, qu'on le crut devenų muet par maladie. Un jour en pleine affemblée, sa Maîtreffe, qui, dans ces tems où l'amour fe faifoit avec myftere, n'étoit point connue pour telle, se vanta de le guérir fur le champ, & le fit avec ce feul mot: parlez. N'y a-t-il pas quelque chofe de grand & d'héroïque dans cet amour là? Qu'eût fait de plus la philofophie de Pythagore avec tout fon fafte? Quelle femme aujourd'hui pourroit compter fur un pareil filence un feul jour, dût-elle le payer de tout le prix qu'elle y peut mettre? Deux Amans s'aiment-ils l'un l'au tre? Non; vous & moi font des mots profcrits de leur langue; ils ne font plus deux : ils font un.

L'inconftance & l'amour font in

compatibles : l'Amant qui change, ne change pas; il commence ou finit d'aimer.

L'Amant qui loue dans l'objet aimẻ des perfections imaginaires, les voit en effet telles qu'il les repréfente; il nement point en difant des menfonges; il flatte fans s'avilir, & l'on peut au moins l'eftimer fans le croire.

A MI, AMIT I Ě. On n'achete ni fon Ami ni fa Maî◄

N

treffe.

On n'a pas tout perdu fur la terre quand on y retrouve un fidéle Ami.

Un honnête Homme n'aura jamais de meilleur Ami que fa Femme.

Un cœur plein d'un fentiment qui déborde aimé à s'épancher; du befoin d'une Maîtreffe naît bientôt celui d'un Ami.

L'attachement peut fe paffer de retour, jamais l'amitié. Elle est un échange, un contrat comme les autres, mais elle eft le plus faint de tous. Le mot d'Ami n'a point d'autre corrélatif que lui-même. Tout homme qui n'eft pas l'ami de fon ami eft très-fûrement un fourbe; car ce n'eft qu'en rendant ou feignant de rendre l'amitié, qu'on peut l'obtenir.

Rien n'a tant de poids fur le cœur humain que la voix de l'amitié bien reconnue; car on fçait qu'elle ne nous parle jamais que pour notre intérêt. On peut croire qu'un ami fe trompe; mais non qu'il veuille nous tromper. Quelquefois on réfifte à fes confeils, mais on ne les méprife.

On peut laiffer penfer aux indifférens

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ce qu'ils veulent mais c'eft un crime de fouffrir qu'un ami nous fasse un mé

rite de ce que nous n'avons pas fait pour lui.

Il n'eft pas bon que l'homme foit feul. Les ames humaines veulent être accouplées pour valoir tout leur prix, & la force unie des amis, comme celle. des lames d'un aimant artificiel, eft incomparablement plus grande que la fomme de leurs forces particulieres.. Divine amitié, c'eft là ton triomphe Les épanchemens de l'amitié fe retiennent devant un témoin quel qu'il foit. Il y a mille fecrets que trois amis. doivent favoir, & qu'ils ne peuvent se dire que deux à deux.

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Tout le charme de la fociété qui régne entre de vrais amis, eft dans-, cette ouverture de cœur qui met en commun tous les fentimens, toutes les penfées, & qui fait que chacun fe fentant tel qu'il doit être, fe montre à

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