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quefois des vertus, qu'on peut observer avec fruit le spectacle de la vie mais c'est dans son pays que chacun devrait en paix achever

la sienne.

Il me semble, monsieur, que vous me censurez bien gravement sur une réflexion qui me para t très-juste, et qui, juste ou non, n'a point dans mon écrit le sens qu' vous plaît de lui donner par l'addition d'une seule lettre. Si la nature nous a destinés à être saints (*), me faites-vous dire, j'ose presque assurer que l'élat de réflexion est un état contre nature, et que l'homme qui médite est un animal dépravé. Je vous avoue que si j'avais ainsi confondu la santé avec la sainteté, et que la proposition fut vraie, je me croirais très-propre à devenir un grand saint moi-même dans l'autre monde, ou du moins à me porter toujours bien dans celui-ci (**).

Je finis, monsieur, en répondant à vos trois dernières questions. Je n'abuserai pas du temps que vous me donnez pour y réfléchir; c'est un soin que j'avais pris d'avance.

Un homme, ou tout autre étre sensible, qui n'aurait jamais connu la douleur, aurait-il la pitié, et serait-il ému à la vue d'un enfant qu'on égorgei ait? Je réponds que non.

Pourquoi la populace, à qui M. Rousseau accorde une si grande dose de pitié, se repait-elle avec tant d'avidité du spectacle d'un malheu

(*) Dans le volume du Mercure où la lettre de Ch. Bonnet fut d'abord imprimée, et qui donna lieu à la réponse de Rousseau, on avait effectivement mis saints au lieu de sains; mais c'était une faute d'impression, les éditeurs de Genève l'attestent, et il y a à s'étonner que Rousseau ne l'ait pas au moins soupçonnée. (Note de Petitain, édit. citée, p. 218.)

(**) L'alinéa ci-dessus est omis dans l'édition in-18 Didot. Il nous a paru nécessaire de le rétabiir. (Note des éditeurs.)

reua expirant sur id que? Par mone rulson que vous allez pieurer au théâtre, et voir Séide égorger son père, ou Thyeste boire le sang de son fils. La pitié est un sentiment si délicieux, qu'il n'est pas étonnant qu'on cherche à l'éprouver. D'ailleurs chacun a une curiosité secrète d'étudier les mouvements de la nature aux spproches de ce moment redoutable que nu ne peut éviter. Ajoutez à cela le plaisir d'ere pendant deux mois l'orateur du quartier, et de raconter pathétiquement aux voisins la belle mort du dernier roué.

L'affection que les femelles des animaux témoignent pour leurs petits a-t-elle ces petits pour objet, ou la mère ? D'abord la mère pour son besoin, puis les petits par habitude. Je l'avais dit dans le discours. Si par hasard c'était celle-ci, le bien-être des petits n'en serait que plus assuré. Je le croirais ainsi. Cependant cette maxime demande moins à être étendue que resserrée; car, dès que les poussins sont éclos, on ne voit pas que la poule ait aucun besoin d'eux, et så tendresse maternelle ne le cède pourtant à nulle autre.

Voilà, monsieur, mes réponses. Remarquez au resté que, dans cette affaire comme dans celle du premier discours, je suis toujours le monstre qui soutient que l'homme est naturellement bon, et que mes adversaires sont toujours les honnêtes gens qui, à l'édification publique, s'efforcent de prouver que la nature n'a fait que des scélérats. Je suis, autant qu'on peut l'être de quelqu'un qu'on ne t, monsieur, etc.

at point,

BIBLI

DE LA

VILLE DE
NYON

Paris. Imprimerie de Dubuisson et C, rue Coq-Héron, 5.

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