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RAVISSEMENT

ET

PROFESSION DE FOI.

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Nous croyons devoir réunir, à la fin des Pensées diverses, deux écrits d'un caractère tout particulier qui marquent les deux extremités de la dernière période de la vie de Pascal.

Le premier de ces écrits, où Pascal a consigné le souvenir d'une veille de ravissement et d'extase, se trouve en tête du MS. autographe, et il est accompagné de l'attestation suivante de l'abbé Perier : « Je soussigné, prêtre, chanoine de l'église de Clermont certifie que le papier de l'autre part collé sur cette feuille est écrit de la main de M. Pascal, mon oncle, et fut trouvé après sa mort cousu dans son pourpoint sous la doublure, avec une bande de parchemin où étaient écrits les mêmes mots et en la même forme qu'ils sont ici copiés. Fait à Paris ce 25 septembre mil sept cent onze. PERIER..

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Le parchemin dont il est ici question n'a pas été conservé; la copie qu'en a faite l'abbé Perier se trouve dans le MS, à la suite de son attestation. C'est sur cette copie que Condorcet a publié pour la première fois l'écrit de Pascal, en l'appelant une amulette mystique.

On en trouve une autre copie dans le petit MS. in-8 et une troisième dans le IIIe Recueil MS. du P. Guerrier. Ces trois copies, qui sont identiques entre elles, ne le sont pas entièrement avec l'original écrit sur papier, dont nous publions le texte en indiquant par des notes les variantes que présentent les copies du parchemin La plus importante de ces variantes est l'addition de trois lignes qui se trouvent dans les copies et qui ne sont pas dans notre original autographe; mais l'authenticité de cette addition n'est pas parfaitement justifiée, comme on le verra dans une note intéressante du P. Guerrier, que nous extrayons de ses MSS.

Quant à la profession de foi, dont l'original également écrit de la main de Pascal se trouve dans le MS. autographe, parmi des réflexions sur l'Ancien Testament, Made Perier, dans la Vie de son frère, a publié pour la première fois ce fragment qu'elle appelle une peinture qu'il a faite de lui-même. Elle y a commis du reste d'assez graves inexactitudes qui ont passé dans l'édition de Bossut et dans les suivantes, et que nous avons rectifiées.

P. F.

ÉCRIT

TROUVÉ DANS L'HABIT DE PASCAL

APRÈS SA MORT.

+.

L'an de grâce 1634.

Lundi 23 novembre, jour de St. Clément, pape et martyr, et autres au martyrologe.

Veille de St. Chrysogone, martyr et autres.

Depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi,

Feu.

Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob,
Non des Philosophes et des savants.

Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix 1.
Dieu de Jésus-Christ

Deum meum et Deum vestrum.

Ton Dieu sera mon Dieu

Oubli du monde et de tout hormis Dieu.

Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l'Évangile.

Grandeur de l'âme humaine.

Dans la copie du parchemin : « Certitude, joie, certitude, sentiment, vue, joie. »

Père juste, le monde ne t'a point connu, mais je

t'ai connu.

Joie, joie, joie, pleurs de joie.

Je m'en suis séparé

Dereliquerunt me fontem aquæ vivæ.

Mon Dieu me quitterez-vous?.

Que je n'en sois pas séparé éternellement.

Cette est la vie éternelle qu'ils te connaissent seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé J.-C.

Jésus Christ

Jésus Christ

Je m'en suis séparé; je l'ai fui, renoncé, crucifié. Que je n'en sois jamais séparé.

Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l'Évangile.

Renonciation totale et douce

etc.

'La copie du parchemin ajoute les lignes suivantes :

« Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur.

« Éternellement en joie pour un jour d'exercice sur la terre (a). «Non obliviscar sermones tuos. Amen. »

(a) En marge la note suivante écrite par l'abbé Perier: « On n'a pu voir disa tinctement que certains mots de ces deux lignes. ››

NOTE

MISE PAR LE P. GUERRIER A LA SUITE DE LA COPIE QU'IL A DONNÉE DE L'ÉCRIT PRÉCÉDENT '.

Peu de jours après la mort de M. Pascal, un domestique de la maison s'aperçut par hasard que dans la doublure du pourpoint de cet illustre défunt il y avait quelque chose qui paraissait plus épais que le reste, et ayant décousu cet endroit pour voir ce que c'était, il y trouva un petit parchemin plié et écrit de la main de M. Pascal, et dans ce pårchemin un papier écrit de la même main : l'un était une copie fidèle de l'autre. Ces deux pièces furent aussitôt mises entre les mains de madame Perier qui les fit voir à plusieurs de ses amis particuliers. Tous convinrent qu'on ne pouvait pas douter que ce parchemin, écrit avec tant de soin et avec des caractères si remarquables, ne fût une espèce de mémorial qu'il gardait très-soigneusement pour conserver le souvenir d'une chose qu'il voulait avoir toujours présente à ses yeux et à son esprit, puisque depuis huit ans il prenait soin de le coudre et découdre à mesure qu'il changeait d'habits.

Quelque temps après la mort de madame Perier, messieurs et mesdemoiselles Perier communiquèrent cette pièce à un carme déchaussé qui était un de leurs plus intimes amis, homme trèséclairé. Ce bon religieux tira une copie de l'écrit de M. Pascal, et voulut en donner une explication par un commentaire de 21 pages in-folio qui est dans la bibliothèque des PP. de l'oratoire de Clermont. Je n'ai pas voulu transcrire le commentaire, parce qu'il ne contient que des conjectures qui se présentent d'abord à l'esprit de ceux qui lisent l'écrit de M. Pascal. Je me suis contenté de copier l'écrit de M. Pascal sur le MS du carme, n'ayant pu

IIIe Recueil MS du P. Guerrier, pag. 214.

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