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trouble, la lutte, le bouleversement, la dissolution, le cahos. Après cela il ne resterait plus qu'à demander pourquoi de l'ordre et de la sagesse, pourquoi des êtres intelligens et libres, pourquoi le monde et des lois, pourquoi Dieu...........? L'humanité est une, voilà, mon cher Eudore, la vraie clé du mystère. L'humanité est une unité générique dont chaque homme est une partie intégrante. Nous sommes tous frères issus d'un même père; nous avons tous été compris dans nos premiers parens. Comme eux nous portons le cachet divin, l'image de notre Auteur, la ressemblance avec Dieu; mais aussi nous avons péché en eux, nous sommes déchus avec eux. « « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché. Ainsi la mort est passée dans tous les hommes par un seul homme, en qui tous ont pé«ché....» (Rom. V, v. 12.) Voilà le fait et sa conséquence clairement énoncés.

Si après cela vous demandiez encore où sont les preuves de la miséricorde divine à l'égard de l'humanité, je répondrais: Dans le fait de son existence sur la terre, dans le fait de notre conservation, quoique nous naissions tous coupables et pécheurs, dans les prérogatives si précieuses qui nous ont été laissées malgré notre dégradation, dans tous les bienfaits dont nous jouissons malgré notre ingratitude, dans tous les soins providentiels dont nous sommes l'objet malgré notre infidélité, dans tous les moyens offerts à

l'homme pour son développement intellectuel et moral, et enfin par-dessus tout, dans la rédemption par Jésus-Christ, à qui l'humanité doit tout, la possibilité de sa conversion, de sa réhabilitation, de ses progrés vers la justice et le bien, la vie divine, le salut, la béatitude, Dieu même qui nous a été rendu par le Fils, comme le Fils nous a restitués au Père: car, encore une fois : «Tous les hommes sont tombés dans «la condamnation par le péché d'un seul.... Mais comme c'est par le péché d'un seul que tous les «hommes sont tombés dans la condamnation, que la mort est entrée dans le monde par le péché et y régné, c'est aussi par la justice d'un seul que tous «les hommes de foi reçoivent la justification, l'abon«dance de la grâce: car là où il y a eu abondance de «péché, Dieu a répandu une surabondance de grâce, afin que, comme le péché avait régné en donnant «la mort, la grâce de même règne par la justice, en «donnant la vie éternelle par Jésus-Christ notre Sei"gneur.» (Rom. V.) Voilà l'histoire de l'humanité et de la religion exposée à grands traits par l'Apôtre philosophe. Puissiez-vous, mon cher Eudore, sinon comprendre, du moins pressentir toute la profondeur de ces paroles et tous les trésors de miséricorde qu'elles renferment!

Je crois vous avoir prouvé rationnellement que la croyance au dogme du péché originel, loin d'être une absurdité, est au contraire la condition nécessaire

pour acquérir la science de l'homme, comme j'ai cherché à montrer à vos amis que la foi en la Trinité sacrée est la condition absolue pour nous élever à la science de Dieu et à l'origine de l'univers. La philosophie païenne, ancienne ou moderne, fait l'homme égal à Dieu, si elle ne le fait Dieu; ou bien elle n'y voit qu'une masse organisée pour vivre et se mouvoir, tout au plus un animal raisonnant et pensant. La philosophie chrétienne voit dans l'homme une créature sublime, image de son divin Auteur, bien que ternie et défigurée. Elle lui prouve sa dignité originelle par sa misère présente, et sa dégradation par les caractères de grandeur qui brillent encore dans sa personne. Elle lui dit : Tu ne chercherais point constamment, comme tu le fais, la gloire et l'élévation, si tu ne te sentais déchu et misérable; et tu ne sentirais point ta misère, si jamais tu n'avais été riche et puissant. Oui, tu as été à ton origine puissant et noble, tu l'es encore dans ton fond, dans ta vraie nature, et tu n'es placé dans ce monde que pour y reconquérir tes droits et ta dignité. Tu n'es pas de ce monde, ton corps seulement lui appartient. Ton âme est fille du Ciel et de l'éternité; elle communique par son intelligence avec la région de la lumière où règnent le bien, la vérité, la beauté. Tu peux élever ton regard vers ta vraie patrie, tu peux diriger vers elle ton désir et ta vie; tu peux aussi te dégrader davantage, tomber plus bas, te précipiter dans l'abîme; car tu es

libre, rien ne peut faire violence à ta volonté. Ton sort futur dépend de toi, de la voie que tu suivras en cette vie, du maître que tu choisiras, de la loi que tu accompliras: car toujours tu seras sous la loi, bien que tu sois libre, parce que tu es créature et non Dieu. Le bien et le mal sont devant toi, la vie et la mort te sollicitent: obligé de choisir, tu es le maître du choix. Tu seras esclave du mal, victime de la mort, si tu te livres à la mort et au mal; tu triompheras de l'un et de l'autre, si, reconnaissant ta misère et l'avouant, tu acceptes la grâce avec humilité et amour.

Puissiez-vous, ô mes amis! entrer dans le sens profond de ces vérités qui se présentent à la fois avec toute la rigueur de la doctrine et toute l'autorité des faits! Puissiez-vous accepter le secours qui vous est offert par Celui qui a accepté la mort afin de vous soustraire à l'empire de la mort! C'est alors que I'’Évangile, qui vous présente le remède en même temps qu'il vous fait connaître la maladie, sera vraiment Évangile, bonne nouvelle pour vous comme il l'a été pour moi, comme il l'est pour tout croyant, comme il devrait l'être pour l'humanité entière.

TRENTE-DEUXIÈME LETTRE.

EUDORE AU MAITRE.

Oui, mon cher maître, l'Évangile me sera une bonne nouvelle, j'en ai l'espoir et comme un heureux pressentiment. Votre lettre, à la fois si douce et si sérieuse, a calmé mes agitations. Comme l'arc céleste après l'orage, elle m'a réconcilié avec le Ciel; elle a dissipé les nuages qui obscurcissaient mon esprit; et de même qu'au fracas des élémens qui se combattent et à l'agitation de l'atmosphère bouleversée, succède, après la tempête, le travail sourd et fécond de la vie dans le sein de la terre, ainsi à la confusion de mes pensées, au choc des argumens dans ma tête, a succédé le silence de la raison; et le sentiment de la vérité a été réveillé de nouveau dans mon âme par l'influence vivifiante de votre parole.

Pour la première fois peut-être depuis que j'existe et me connais, je suis rentré sérieusement en moi-même; et là, dans mon for intérieur, par le témoignage irrécusable de ma conscience, j'ai trouvé la confir

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